Le témoignage d’une policière, qui met en cause la Société Générale, relance l’affaire Jérôme Kerviel.
Les dirigeants de la Société Générale étaient au courant des agissements de Jérôme Kerviel, affirme selon Mediapart la policière chargée de l’enquête, qui s’appuie notamment sur le témoignage d’un ancien salarié.
Ces nouveaux éléments ont émergé dans le cadre de l’information judiciaire ouverte en juin 2014 pour "escroquerie au jugement", "faux" et "usage de faux", suite à une plainte de l’ancien trader.
Chargé de ce dossier, le juge Roger Le Loire a auditionné début avril, selon le site d’information en ligne, la commandante de police Nathalie Le Roy, qui avait dirigé l’enquête sur les conditions de la perte de 4,9 milliards d’euros déclarée en janvier 2008 par la Société Générale.
"À l’occasion des différentes auditions et des différents documents que j’ai pu avoir entre les mains, j’ai eu le sentiment puis la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier", a déclaré Mme Le Roy, selon Mediapart.
À l’appui de cette impression, elle a notamment évoqué le témoignage d’un ancien salarié de la banque. Opérant au sein de l’entité "risques opérationnels", il a assuré à l’enquêtrice que "l’activité de Jérôme Kerviel était connue" et affirmé avoir alerté, en avril 2007, Claire Dumas, adjointe au directeur des risques opérationnels, et d’autres par le biais d’un message électronique "avec une tête de mort pour attirer leur attention".
Carences de contrôle
Après avoir demandé l’extraction des messages électroniques du salarié et constaté que le fameux message ne s’y trouvait pas, Mme Le Roy a sollicité les échanges entre Mme Dumas et le salarié par messagerie électronique, par la voie d’une réquisition judiciaire qui serait restée lettre morte.
Plusieurs enquêtes menées en 2008 et rendues publiques ont révélé d’importantes carences de contrôle au sein de la banque. Elles ont, entre autres, souligné que les opérations de Jérôme Kerviel avaient fait l’objet de plusieurs dizaines d’alertes, notamment en 2007, sans que la banque ne prenne de mesure le concernant.
Pour autant, la cour d’appel a estimé, comme l’avait fait le tribunal correctionnel de Paris avant lui, que Jérôme Kerviel avait été "l’unique concepteur, initiateur et réalisateur" d’un "système de fraude" qui lui a permis d’exposer la banque pour des montants colossaux.
À ce sujet, la Société Générale a rappelé, dans un communiqué, que l’ancien opérateur de marché "avait lui-même déclaré aux policiers qui l’interrogeaient en janvier 2008 qu’il avait agi seul et à l’insu de sa hiérarchie".