TF1 a-t-il lâché Sarkozy ?
L’invitation de Fabrice Arfi, le fayot de Mediapart et fils préféré d’Edwy Plenel, celui qui fait semblant d’enquêter à partir de dossiers fournis gracieusement par l’Élysée, comme son mentor le lui a appris (bosse pas, relaye), sur la chaîne TMC du groupe TF1, n’est pas anodine. Cinq longues minutes à déboîter l’ex-président de la République, qui a touché, au minimum, six millions (!) d’euros (trois millions, plus deux fois un million et demi) de la part de dirigeants libyen avant que le chef de l’État libyen ne se fasse assassiner, probablement avec l’appui des services français. De plus, une information géopolitique financière n’a généralement pas sa place chez Yann Barthès, dont le rôle est plutôt divertissant qu’informatif, surtout à ce niveau. D’ailleurs, son million de jeunes fidèles (les 15-35 qui intéressent les annonceurs) n’a rien dû comprendre à cette affaire ombrageuse.
Barthès : Est-ce que vous avez vu ce carnet ? Il est où ce carnet ?
Arfi : Ce carnet il est aujourd’hui entre les mains de la police anticorruption et du juge Serge Tournaire qui enquête maintenant depuis 2013 sur les soupçons de corruption qui lient, on va dire, la Sarkozie aux vieux fantômes libyens.
Barthès : Et vous l’avez touché vous ce carnet ?
Arfi : Non je l’ai pas touché, on ne touche pas toujours les documents, mais depuis nos révélations aujourd’hui elles ont été confirmées par des sources judiciaires auprès du « Monde »…
Où l’on comprend bien que cette enquête est bien une enquête d’État, une coproduction du trio Élysée-Le Monde-Mediapart. Maintenant, on pourra y rajouter TF1. Qui ne roule pas forcément pour Hollande, mais qui vient peut-être d’indiquer sa préférence entre Sarkozy et Juppé. Le téléphone doit chauffer, entre les vieux amis Martin (Bouygues) et Nicolas (Sarkozy).
Les chemins de La Croix
Panique à La Croix, le grand quotidien catholique (le seul aussi) : la direction a décidé d’envoyer un 100 pages spécial à ses 74 000 abonnés pour les avertir du danger du vote Front national. C’est à n’y rien comprendre : La Croix, c’est une excroissance du Grand Orient, qui a pris officiellement fait et cause contre le FN, ou un canard d’inspiration chrétienne, un peu opposé à tout ce qui est loges, coteries et lobbies ?
Explication : en 5 ans, le FN est passé de 4% à 24% des intentions de vote chez les cathos. Les paroles, dans l’émission d’Yves Calvi sur RTL, du rédacteur en chef de la revue baptisée Projet, Jean Merckaert, sont savoureuses :
« On ne comprend pas nous-mêmes pourquoi le phénomène touche aujourd’hui autant de chrétiens. Alors, on a cherché à comprendre plutôt que de dénoncer. […] Reprenons aussi ce qui nous guide au moment d’aller voter, est-ce que nous avons encore une espérance ? J’ai du mal à sentir une espérance dans le vote d’extrême droite. Et l’espérance, c’est sans doute la pointe de la foi chrétienne. »
- Alain Escada lors de la manifestation anti-mariage gay le 13 janvier 2013 à Paris
Le chroniqueur de RTL cite le rapprochement en 2015 entre l’évêque de Fréjus et Marion Maréchal-Le Pen, ainsi que les tiraillements à l’intérieur de la hiérarchie de l’église. Il ne va pas jusqu’à évoquer le cas Escada, avec son nouveau parti politique, Civitas, signe que les temps changent. L’église ne semble plus aussi alignée sur le progressisme ambiant, issu des loges maçonniques socialo-sionistes, et cela donne du fil de fer à retordre aux tenants de l’église alignée. Qui désigne, depuis un siècle, à ses ouailles le vote de gauche (non communiste). La fracture, elle est apparue en 2013, lors des grandes manifs anti-mariage gay, qui ont vu des représentants de l’église se jeter dans l’arène politique, sans se faire dévorer, malgré l’offensive tous azimuts des lions médiatiques.
La Croix, qui avait pourtant tiré son épingle du jeu au milieu de l’effondrement d’une presse papier quotidienne par trop soumise aux injonctions oligarchiques, se trouve désormais à la croisée des chemins : faut-il suivre le lectorat, ou le remettre dans le droit chemin ? Les chemins du Seigneur n’étant pas toujours faciles à trouver…
Bernard Guetta ou la géopolitique pour les goys (la goyopolitique)
Un qui a trouvé la voie de son Seigneur et qui ne la quitte plus, c’est Bernard Guetta. On ne présente plus Bernard, le sioniste attitré de France Inter depuis un quart de siècle, qui déroule ses chroniques nétanyahouleuses sans aucune honte, avec une chutzpah atomique.
- Le regard bleu Israël de Bernard Guetta
Aujourd’hui, c’est dans Challenges, – l’hebdomadaire conservé par le milliardaire Perdriel, qui a cédé l’armée mexicaine de L’Obs à Niel et ses potes – que Bernard remet le monde à sa place. Sur la sellette du jour, la paire de méchants Assad & Poutine. Le titre à lui tout seul (suivi de l’intro) vaut son pesant de têtes nucléaires israéliennes planquées dans le Sinaï :
Syrie : pourquoi il ne faut pas se résigner à la victoire de Bachar al-Assad et de Vladimir Poutine à Alep
La victoire du dictateur sanguinaire de Damas serait-elle une solution à la poursuite du carnage syrien ? Rien n’est moins sûr
Déjà, ça veut dire que Poutine et Assad ont repris Alep. Première information. La suite est sans importance, mais on va quand même analyser le point de vue bernardo-israélien. Selon lui, la chute d’Alep (dans « chute » on sent déjà l’illégitimité de l’armée arabe syrienne, qui reprend pourtant la seconde ville du pays) – suivie implicitement de la reprise du pays – est synonyme d’internationalisation du conflit. Avec l’ogre iranien à l’affût, qui projette de se jeter sur une Syrie trop affaiblie pour y résister, et ainsi renforcer le Hezbollah libanais, etc. Seconde information, Poutine a menti à tout le monde puisque sa trêve a fini en bombardement massif d’Alep. Et là, on se permet de citer Bernard :
Le président russe croit ainsi pouvoir s’adjuger une victoire politique sur les États-Unis alors qu’il ne va qu’enflammer tout le Proche-Orient et y embourber son pays mais il a beaucoup à perdre à cette aventure, et la stabilité internationale avec lui.
S’ensuit une menace à peine voilée du penseur pro-israélien à l’encontre des Russes, qui paieront ce forfait (la victoire en Syrie) par une augmentation de la pression sur l’Ukraine et un étranglement économique renforcé. On sait pas trop si, dans sa colère, Bernard ne s’étrangle pas avec son propre désir de destruction de l’axe non aligné Russie-Iran-Syrie. Le plus étonnant, dans cet article rageur, c’est l’absence étonnante d’un acteur majeur du Proche-Orient : Israël. Mais tout est entre les lignes.