La direction de la chaîne culturelle franco-allemande passe à la trappe un documentaire sur l’antisémitisme en Europe. Motif : on y met trop en lumière la haine antijuive qui progresse dans la sphère arabo-musulmane et dans une certaine gauche obsédée par l’antisionisme.
L’intro claque comme un fouet cosaque sur un moujik récalcitrant. Qui parle ? Le très sioniste Luc Rosenzweig, et sur Causeur, la revue d’Élisabeth Lévy, la nouvelle droite sioniste. Jusque-là, on n’a rien déformé. La polémique porte sur la vision de l’antisémitisme portée par le film. Selon Causeur, la direction d’Arte en serait restée à un antisémitisme 1.0, celui des nazis ou des néonazis, alors que le doc montre l’antisémitisme 2.0, celui des arabo-musulmans ou « arabo-islamiques ». Le film terminé, la chaîne, qui avait émis des réserves dès le départ du projet, refuse de diffuser.
- Des néonazis arabes musulmans déguisés en rabbins pour faire monter l’antisémitisme !
La baston commence entre les deux réalisateurs, « conseillés » par un psychologue arabo... israélien, et la direction des programmes d’Arte. Les uns accusant les autres de « refuser le réel », de ne faire croire qu’à un antisémitisme 1.0 alors que le 2.0 serait beaucoup plus virulent. Une vraie brouille siono-sioniste entre deux tendances, disons la BHL et la Zemmour. BHL étant le sioniste 1.0 qui voit des nazis partout, Zemmour la tendance 2.0 qui voit de l’antisémitisme chez tous les Arabes ou les musulmans.
En prenant un peu de recul par rapport à cette affaire très interne à la « dominance » culturelle, la chaîne franco-allemande a eu peur de passer pour trop pro-israélienne, ce que semble être, au fond, le film en question. Rosenzweig a beau dénoncer « l’adoption sans réserve du narratif palestinien dans le traitement du conflit proche-oriental », on sent malgré tout que la micro-résistance de la « conférence des programmes » d’Arte sur le sujet de l’antisémitisme supposé des musulmans européens (leur antisionisme politique étant un autre débat) est déjà un pas de trop vers l’abîme des heures sombres. Le Diberder – directeur des programmes d’Arte – est obligé de se fendre d’une lettre publique, alors que des centaines de documentaires sont refusés chaque année sans que la presse ne s’en émeuve. Mais là, ça a l’air importantissime.
« ARTE, chaîne résolument engagée contre l’antisémitisme, comme 25 ans de programmation en font foi, a ainsi accepté la proposition de la chaîne allemande WDR d’un programme présentant un panorama de la montée récente de l’antisémitisme en Europe. Il devait s’intégrer aux nombreuses émissions qu’ARTE consacre à l’Europe, autre thème cher à la chaîne, en particulier en cette année 2017 aux enjeux particulièrement importants. Le programme qui a été livré porte essentiellement sur le Moyen-Orient. Nous ne pouvions donc pas l’accepter. »
Antisémitisme nazi, antisémitisme arabe, ras-le-bol de l’antisémitisme à toutes les sauces ! Heureusement qu’il reste l’humour pour sortir la tête de cette eau polluée par les propagandistes de tous poils. Justement, la comédienne Blanche était hier à la coprésentation de la 29e Nuit des Molières. Blanche, c’est la petite Blanche – comme son nom l’indique – de la bande du Jamel Comedy Club, mais dans sa première version, la vraiment rigolote.
Blanche apparaît dans cet épisode du Jamel Comedy Club Inside à partir de 1’44 :
Eh bien figurez-vous que Blanche a dérapé super gravement pendant la Nuit des Molières :
Visait-elle Roman P., le sodomisateur génial qui a fait des films sur le Diable ? Ou un autre réalisateur qui harcèle sexuellement son premier rôle féminin dès le premier tour de manivelle du premier jour de tournage, passant pour un satyre ou un faune en rut ? Nul ne le sait, et notre pariatude nous interdit d’appeler des agents de stars pour le savoir. Mais beaucoup de metteurs (ah ah) en scène ont dû se sentir visés par le micro-sketch de Blanche, qui est excellente dans la mise en abyme !
La mise en abyme, c’est ce qui étouffe Cannes, le festival de toutes les consanguinités. Artistique, sexuelle, confessionnelle... Cannes ne parle plus que de films qui parlent de films, de metteurs en scène qui se (la) racontent, d’acteurs qui se posent des questions sur la vie d’acteur, et franchement, on n’en a rien à branler. Heureusement, parfois, un film surgit, qui s’adresse un peu aux gens, au peuple, à la gueusaille. Cette année, pour sa 70e édition, Cannes a refilé un prix, celui de l’interprétation féminine, à un film boiteux, In The Fade. « Dans Le fade », d’après notre pôle traduction, qui s’y connaît. L’histoire d’une Allemande (Diane Kruger) mariée à un Kurde et malheureusement une bombe posée par des néonazis le tue et son fils aussi donc gross vengeance germanique contre les zalauds. Le pitch est tellement con qu’on dirait une rediff de soirée thématique Arte contre le nazisme.
La bande-annonce de Dans le fade qui fait économiser direct 10 euros plus les pop-corn et le coca :
Vous voyez, dès qu’on parle Culture, on ne s’en sort pas. Y a toujours un nazi qui surgit – marionnette agitée par on ne sait qui – de la boîte noire mystérieuse qui produit tous nos films et documentaires. À croire que c’est des nazis qui sont aux commandes, sa mère en slip dans le bureau d’Heydrich !