Ce jeudi 8 septembre avait lieu le discours du président Hollande salle Wagram à Paris. Il y a parlé de « démocratie » et de « terrorisme », avançant que la démocratie gagnerait contre le terrorisme. Un sacré coup de fouet au moral national. Y a pas à chier, il sait réconforter la Nation, qui lui doit tout, et surtout ses impôts, qui vont servir à héberger nos amis les migrants et autres infiltrés qui viendront profiter de notre beau pays qu’on a mis tant de temps à construire.
Bon, on arrête la diatribe populiste, qu’on trouve désormais partout, il suffit de se baisser. Dire qu’il y a pas si longtemps, la moindre allusion populiste déclenchait une préparation d’artillerie médiatique du type orgues de Staline. Aujourd’hui, plus personne n’y fait attention.
« Je dois non seulement gagner pour changer le cours de l’Histoire, mais je dois aider de toutes mes forces à refonder le mouvement progressiste en France, qui est à l’agonie, éparpillé dans d’innombrables petites chapelles sous toutes les étiquettes. »
Dans les starting-blocks pour 2017, au milieu du marigot de crapauds-buffles LRPS, on trouve l’inoxydable Mélenchon, qui retente le coup de 2012, où il avait réuni près de 4 000 000 de voix, soit 11% des inscrits. Il avait promis qu’il battrait Marine Le Pen, mais cette dernière se placera en troisième position au premier tour, avec près de 6 500 000 voix. Mélenchon, à défaut de podium, se désistera tristement pour son cauchemar « social-dem » au second tour, sans rien gagner en retour. Hollande, ou le roi du calcul méprisant. C’est pour ça que dans son livre, à sortir demain, (Le Choix de l’insoumission, un entretien avec Marc Endeweld), Jean-Luc parle du président comme d’un « petit Blair ». C’est l’hebdo Marianne qui en publie les bonnes feuilles, une façon de se faire pardonner le traitement que le titre lui a fait subir en 2012, en démolissant sa campagne au profit de celle de Hollande. On y apprend en passant que Mélenchon était malentendant de naissance.
« Pour les socialistes français, l’expérience blairiste a été la démonstration du fait qu’un Parti socialiste droitisé pouvait retrouver une surface électorale et conserver le pouvoir, trois élections de suite. Mais, pour qu’ils y arrivent, il a fallu qu’ils augmentent, en dégoûtant tout le monde, l’abstention de la gauche traditionnelle. »
Le débat Mélenchon/Le Pen de 2012 :
Cependant, entre 2012 et 2017, il s’en est passé des choses, qui peuvent donner un coup de booster et à la gauche de la gauche, et à la droite nationale. Les scores des 3ème et 4ème de 2012 vont croître dans des proportions que les instituts de sondage, inféodés au parti unique de l’alternance, redoutent. À eux deux, Marine et Jean-Luc faisaient presque un tiers de l’électorat. Il se peut qu’ils montent à 40%, voire 45 (hypothèse haute), constituant une alternance inattendue entre pro et anti-Système. Car certains voient Mélenchon devant Hollande, si ce dernier persiste à se présenter.
« Jamais je n’aurais pu imaginer dire un jour qu’il était pire que Sarkozy. Ce qu’il a été. Sur tous les plans, le plan social, le plan de la répression, le plan de la criminalisation de l’action syndicale, tout ce qu’on reprochait à Sarkozy, il a tout fait en pire. Tout n’aura été que reculs et duperies : les retraites, l’atlantisme absolument honteux dans lequel il se vautre. »
Mélenchon n’est pas le seul à être en colère. Les éleveurs bovins le sont aussi, et depuis un bail.
Hier, des éleveurs de la FNB (fédération nationale bovine, affilée à la FNSEA) se sont attaqués à Carrefour un peu partout en France. Il est reproché à l’enseigne de grande distribution de ne pas payer décemment le producteur bovin national. En effet, la politique d’achat de ce groupe multinational tend à maintenir les prix au plus bas, pénalisant le petit producteur, dont le cheptel moyen ne dépasse pas 100 têtes. Des prix qui pour certains n’ont pas bougé depuis 20 ans, alors que les charges, elles, ne se sont pas gênées pour augmenter.
Aujourd’hui, après l’opération de boycott des viandes de Carrefour, sous le slogan « achetez votre viande ailleurs », les éleveurs ont réussi à obtenir en partie satisfaction, à l’image de Système U, qui n’avait pas attendu le bras de fer pour revaloriser la profession. Carrefour proposera donc dans ses rayons au moins 50% de viandes issues de races dites « à viande », et moins de vaches dites « de réforme » (qui passent de productrices de lait à viande en fin de vie), tout en augmentant le prix d’achat à ces producteurs français.
Comme quoi, le combat, ça paye.
Le sens du combat, c’était le titre d’un livre de Houellebecq, paru il y a 20 ans exactement. À l’époque, peu de Français le lisaient, car Michel faisait dans la poésie. Une poésie industrielle et lugubre, centrée autour de l’Homme perdu dans une ville moche et une société sans amour. C’était bien, et ça deviendra le terreau de ses romans à succès. Malheureusement, la qualité de ses ouvrages est allée en décroissant. Peut-être un dommage collatéral du vin blanc. Mais un bon roman, dans une vie, c’est déjà pas mal. Depuis Les Particules élémentaires, Houellebecq a du mal à cacher ses sympathies et ses antipathies, même s’il se cache souvent derrière ses personnages. Car Mimi, comme tous les craintifs, est admiratif des pouvoirs forts. Des hommes forts, qui ont la force de changer les choses, en se foutant de leur réputation. Ou des femmes fortes. C’est le cas de Marine Le Pen.
Le Figaro raconte l’histoire du traducteur de Houellebecq, un Écossais du nom de Gavin Bowd, qui balance dans un livre (Mémoire d’outre-France, paru ce jour aux éditions des Équateurs) une anecdote sur son ami, deux ans avant la sortie de Soumission. Extrait :
Il y décrit une soirée particulière, réunissant une étudiante de la Sorbonne, lui-même, et l’auteur français au sein de son appartement, dans une tour du 13e arrondissement. Se succèdent alors sur la table ragoût d’agneau, bouteille d’absinthe, plateau de fruits de mer et bouteilles de côtes-du-rhône.
Pour le chercheur écossais, marxiste assumé et admirateur de Houellebecq, l’ambiance était à traiter de la transition de « la lutte contre le capitalisme à la lutte contre l’islam ». Après avoir discouru sur la possibilité d’accrocher un prix Nobel de littérature, une de ses obsessions selon Gavin Bowd, l’hôte se serait exclamé : « Je vais donner une interview où j’appellerai à une guerre civile pour éliminer l’islam de France. Je vais appeler à voter pour Marine Le Pen ! »
Après les objections de la plus jeune invitée, soulignant qu’un tel geste - au milieu des amis « gauchos bobos » de l’écrivain - annihilerait tout espoir de Nobel, Houellebecq rétorquait : « Le Front national n’est pas un parti d’extrême droite. Ce n’est pas Drumont. Ce n’est pas Daudet… »
Faut-il relativiser l’anecdote ? Certains, quand ils boivent trop, disent n’importe quoi. D’autres livrent leur vérité profonde. Houellebecq a-t-il le vin vrai ?