En virant Philippot, le FN vient de céder, même provisoirement, le leadership de l’opposition sociale à la France insoumise, qui n’en demandait pas tant. Cependant, les contradictions de la nouvelle gauche de contestation mélenchoniste – pas si nouvelle que ça – lui interdisent de mettre la main sur les troupes de la « gauche » nationale…
Un blocage imposé par les lieutenants de la France insoumise, qui sont sur la vieille ligne antifasciste de pacotille. Car Jospin lui-même disait tranquillement que la menace « fasciste » était un leurre en France. Ce constat n’empêche pas les gauchos de base d’y croire, ou de s’y tenir, parce que ça rapporte électoralement. Mais si ça rapporte, ça bloque aussi la croissance du mélenchonisme sur sa droite, c’est-à-dire la tendance de gauche nationale incarnée par Philippot.
Et quand on voit Garrido se couler avec aisance dans le dispositif libéral-sociétal de la télé, on peut avoir un doute sur la réalité de l’opposition de son mouvement. De son côté, le FN se repliant sur son identité aura du mal à croître comme il a crû depuis 10 ans. Même une alliance à droite ne lui fera pas obtenir le pouvoir, puisque la social-démocratie a déjà son vainqueur, Emmanuel Macron et son parti libéral-sociétal.
Le blocage national de la Fi et la désocialisation du FN laissent un boulevard aux troupes du général Macron, qui voit l’horizon de la contestation des « extrêmes » s’éclaircir. En vérité, les frontistes ont fait un beau cadeau à Macron et à Mélenchon, ce face-à-face stérile pour le peuple français. Une nouvelle fausse alternance prend place, nous voilà replongés dans le duel bidon droite/gauche des 30 dernières années.
Et puis, si Mélenchon tient la route, idéologiquement, car il tente d’aspirer les communistes passés au FN, on ne peut pas en dire autant de ses secondants. François Ruffin, tout auréolé de son titre de député, est en train de s’enfoncer dans un paléogauchisme de belle facture. En gros, pour lui, les patrons sont des salauds et les clandestins sont des anges :
Quand le député mélenchoniste @Francois_Ruffin incite à accueillir les clandestins et brûler les maisons des patrons...#FetedelHuma2017 pic.twitter.com/L9cDqfZqZz
— Franck Allisio (@franckallisio) 18 septembre 2017
Sa focalisation sur les riches a quelque chose de louche. La France n’est pas victime des riches, il y en aura toujours, mais préférer les migrants ou les immigrés aux entrepreneurs, ce n’est pas très constructif. Le MEDEF, lui, aime les entrepreneurs, et aussi les immigrés. Pour des raisons de coût social...
Je voulais vous donner des nouvelles des riches, je trouve que vous en avez insuffisamment. Ils vont bien. #500PlusGrossesFortunes pic.twitter.com/Wt6iAxcRiI
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) 13 septembre 2017
Dans le genre antiriches ou antipatrons, il y a plus fort que Ruffin : Filoche. Qui a tout pulvérisé ce jeudi 21 septembre 2017 :
Carlos Tavares et Carlos Ghosn c'est 600 Smic par an pour tricher et polluer, faire mourir 48 000 humains de plus par les particules fines
— Gerard Filoche (@gerardfiloche) 21 septembre 2017
Carrément un holocauste automobile sur le dos de Carlos Ghosn, l’homme qui a redressé la Régie (vieux terme), au prix, il est vrai, de sévères coupes dans les effectifs et les méthodes. Ghosn, c’est le mauvais patron. Mélenchon, c’est le bon patron, car il aime ses ouvriers et du coup, on lui pardonne tout :
Voyage à La Réunion : classe business pour Mélenchon, classe éco pour ses collègues députées pic.twitter.com/frQkIvUI1J
— Team Macron (@TeamMacronPR) 20 septembre 2017
Dans le genre contradiction, l’autre figure féminine du mouvement Fi, Raquel Garrido, fait sa descente de crédibilité dans les émissions du PAF. Après Salut Les Terriens, dans laquelle elle est récurrente, on a vu la Franco-Chilienne chez Morandini, l’homme qui à lui tout seul incarne la pureté déontologique de la profession.
La lente dissolution de Raquel Garrido https://t.co/Bl9xEhL5L4 via @arretsurimages
— Didier Porte (@DidierPorte) 19 septembre 2017
Au moins Garrido, à l’inverse de son collège Ruffin, n’a-t-elle rien contre les riches. Elle en profite pour s’enrichir chez Ardisson, mais rechigne à donner son salaire. Puisque ce n’est pas un... salaire ! Son collègue issu de la téléréalité Jeremstar a balancé à sa place : 1 800 euros par hebdo. C’est pas énorme pour de la télé, et ce n’est pas honteux d’améliorer son ordinaire, d’autant que les avocats ne sont pas tous riches, loin de là (80% d’entre eux végètent). Mais du point de vue du catéchisme antiriche de la France insoumise, il y a blasphème.
On sent bien le glissement idéologique du couple Corbière-Garrido, déjà célébré dans Paris Match en mars 2017 (« les amoureux de la France insoumise »), une association qui ne fait pas bien peur aux possédants... Ce sont les nouveaux Besancenot, du nom de ce porte-parole totalement décrédibilisé de la gauche trotskyste, qui a sombré avec son NPA antifasciste et antiraciste. Visiblement, le Système nous repasse le même plat !
Raquel Garrido et Alexis Corbière ont un message pour le gouvernement.
Le 23 ça va chier. Parce que bon. Trop c'est trop. Attention, hein. pic.twitter.com/wccMOXWeZM— LePetitCaporal (@_LePetitCaporal) 16 septembre 2017