Le ministère de l’Intérieur est en train de perdre la main sur ses propres troupes. Malgré le règlement qui leur interdit de manifester (mais qui n’interdit pas le syndicalisme), le pays a l’habitude des jacqueries de policiers, frustrés par leurs conditions de travail difficiles, voire impossibles, qui réclament régulièrement des moyens supplémentaires et une meilleure considération de la caste politique. Car la sécurité réclamée à droite, une fois qu’elle est appliquée, est aussitôt détricotée par la justice à gauche.
Les Français ont besoin de sécurité, pas de répression, nuance d’importance, et ils ont l’impression d’être les dindons d’une farce pas drôle : on plombe un dépassement de vitesse, et on relâche une racaille au casier long comme un jour sans absurdité socialiste. On criminalise de véritables intellectuels sur Internet, et on laisse passer des fauteurs de guerre déguisés en penseurs à la télévision. La police est devenue un outil de répression dans les mains de l’oligarchie, ce qui menace le soutien populaire dont elle a besoin.
La perte de contrôle hiérarchique de la police (qui veut tout simplement empêcher racailles et migrants de nuire et en finir avec cette impunité désolante accordée par la « justice ») est-elle volontaire ? Autrement dit, qui a intérêt à faire péter les plombs aux policiers ? Si ce n’est ce jeteur d’huile sur le feu de Taranis News, l’agence « démocratique » d’en bas qui représente des intérêts bien oligarchiques d’en haut :
Devant la réalité de la fronde, en réalité dirigée contre les donneurs d’ordre, c’est-à-dire le ministère de l’Intérieur et ses très influents lobbies, voire son unique lobby, les médias mainstream n’ont trouvé qu’une échappatoire : c’est le FN qui manipule les policiers pour menacer ce pilier de l’exécutif. Ah, il est bon le complotisme quand il sert le Système, moins bon quand il le dénonce !
On savait que les médias étaient corrompus, dans le sens où leur mission première, informer, était biaisée par la propagande du Système dont ils sont partie prenante, et qui servent l’oligarchie au détriment du peuple, c’est-à-dire une minorité régnante au détriment de l’immense majorité des Français. On sait maintenant, preuves fracassantes à l’appui, que des hommes politiques, l’autre partie du Système, sont encore plus corrompus.
Deux journalistes, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, sortent le brûlot de l’année. Balayées, les confidences de François Suicide Hollande aux deux employés conjoints de l’Élysée et du Monde, Lhomme & Davet, enterrés les livres programmatiques creux de droite et de gauche, voici le journalisme qui envoie du lourd, et qui montre la face cachée de la démocratie française, celle que vantait Giscard.
Pour résumer la chose, sous Sarkozy, la France avait un penchant pour le Qatar ; sous Hollande, c’est l’Arabie saoudite qui tient la corde. Il s’agit pour nos dirigeants – cela part d’une bonne intention pour la France, mais l’enfer est pavés de bonnes idées pour l’emploi – de faire tourner notre économie avec les pétrodollars. Manuel Valls avait assumé ces liaisons dangereuses avec les soutiens officiels du terrorisme en arguant qu’il fallait choisir entre ça et le chômage. Il avait eu l’honnêteté de montrer aux Français le contrat avec le Diable.
Pourquoi avec le Diable ? Il ne s’agit pas d’arabophobie, mais ce sont les pétromonarchies, terrorisées par la montée en puissance de l’Iran et son retour sur la scène éco-géopolitique mondiale, qui investissent lourdement dans l’armement des « rebelles » islamistes, que ce soit en Syrie ou au Yémen. Double avantage, on l’a déjà écrit ici, pour les Saoudiens : exporter leur merdier salafiste (qui leur avait fait si mal en 1979 lors du massacre de la grande mosquée de La Mecque) là où il peut servir leurs intérêts, c’est-à-dire contre les puissances laïques arabes, que ce soit en Irak, en Syrie ou autour de l’Iran. Un financement direct du terrorisme comme produit d’exportation et de déstabilisation. Mais un jeu auquel la France participe amplement, puisqu’elle est devenue un grand fournisseur des Saoud.
Dans Nos très chers émirs, on apprend par le menu le moyen par lequel nos élus utilisent la manne qatarie (en perte de vitesse par rapport à la manne saoudienne), pour les besoins du pays et aussi pour le leur. C’est écoeurant, à la limite de l’émeute populaire. Christian Chesnot est interviewé par Léa Salamé sur France Inter :
Christian Chesnot : « Pour certains hommes politiques, pour certains élus, pas tous, mais l’ambassade du Qatar à Paris c’était tout à la fois un distributeur de billets de 500 euros, une agence de voyages, et la boutique du Père Noël… Le Qatar reçoit des sollicitations, reçoit des lettres, des demandes de subventions… et puis il y a des hommes politiques qui sont vraiment à l’offensive qui vraiment demandent de l’argent ! »
Léa Salamé : « Et vous dites que Jean-Marie Le Guen fait une forme de chantage en disant si vous voulez qu’on dise du bien du Qatar, si vous voulez qu’on bloque les questions au gouvernement qui peuvent être gênantes, vous signez ce contrat avec l’agence de communication qui m’est proche, on va dire. »
De la droite à la gauche, tout le monde en prend pour son grade. La voracité de nos élus n’a d’égale que le désir des Qataris de contrôler la politique étrangère française. L’union dangereuse d’un pays puissant aux dirigeants en mal de liquidités et d’un régime féodal croulant sous l’argent mais menacé par des peuples arabes en mal de démocratie. L’histoire nous apprend qu’ils seront tous balayés. En attendant, ils feront encore du mal, les uns à la démocratie, qui n’est même plus malade, mais définitivement enterrée en France – avec la crise terroriste, la crise économique et la crise migratoire, toutes d’origine oligarchique – les autres à la paix du monde et à la libération des peuples.
Quant à la question de Salamé, « pourquoi les balancer », elle symbolise le triste décalage de la partie médiatique du Système à son public prisonnier. Une hiérarchie politique corrompue jusqu’au sommet ne peut pas rester à la tête du pays. Aller contre la volonté du peuple ne peut que produire une légitime résistance, et c’est bien contre cette « violence » que le pouvoir produit du terrorisme. Le peuple français est donc doublement puni.
Le dernier attentat en date, celui de Nice, le 14 juillet 2016, a vu 86 innocents perdre la vie. Dont Léana, une petite file de 2 ans. Sa maman, Margot, assistante maternelle, terrassée par la douleur, a renoncé à son travail, le temps de faire son deuil, qui ne finira peut-être jamais.
L’administration lui a supprimé son RSA, au motif qu’elle n’avait plus d’enfant à charge. Il ne s’agit pas d’argent, mais de symbole, un symbole très lourd. La mère a réagi dans un reportage de France 3 :
« Quand je vois qu’une personne fichée S, récemment sortie de prison, a pu bénéficier du RSA [et d’un retard de 15 000 euros, NDLR] et qu’on me le retire au profit de ce genre de personnes… »
C’est contre cette « justice » que les policiers manifestent, que les Français sont en colère, cette distance désormais trop grande, irréconciliable, entre le haut et le bas…