Ruffin n’a fait de mal à personne. Il a initié les Nuit debout, qui ont permis à de nombreux jeunes gauchistes et zonards de se rencontrer, d’échanger leurs cartes et de deviser sur la politique internationale. Il a réalisé Merci Patron !, le film aux 500 000 entrées qui a obtenu un César, car les gens de la Grande Famille du cinéma culpabilisent de gagner leur vie sur le dos des pauvres. Il s’est présenté dans la 2e circonscription de la Somme, du côté d’Amiens, et rien que pour cela, il a fait l’objet d’un portrait cinglant de Florence Aubenas dans Le Monde. Quand on défend les ouvriers, on a Le Monde contre soi.
On n’a pas relevé toutes les banderilles que la Florence lui a plantées dans le corps, mais on en a retiré quatre bien sanglantes :
François Ruffin a fait le deuil d’un journal lu dans les usines. « En fait, on s’adresse à la petite bourgeoisie, mais pas pour la conforter, pour l’interpeller sur (…) les classes populaires et leurs préoccupations. On est populistes, en un sens, à défaut d’être populaires », dit-il dans Fakir.
Depuis le succès de son film, il se sent une autre stature. Ilserait « légitime », pense-t-il, qu’une chaîne de télé ou une radio lui offre une grosse émission. Rien ne vient. A Ruffin, il faut de l’aventure, sinon la déprime le rattrape. Que faire ? « Rentrer dans l’ombre ? Avec une fausse humilité ? »
[…]
Contre le FN, Ruffin en est sûr, il faut utiliser les mêmes armes que lui, « mais de gauche ». Ainsi, il revendique un populisme, « mais de gauche », un protectionnisme, « mais de gauche », un Trump, « mais de gauche ».
[…]
Ses tracts revendiquent la sécu à 100 %, le smic à 1 500 euros. Dehors, on placarde encore de nouvelles affiches, toutes finissent par se chevaucher sur des murs gluants de colle. « Le peuple d’abord », « Non à l’islamisation de la France », proclame le FN. Juste à côté, le slogan de Ruffin : « Une Picardie debout pour leur botter le cul. » Mais le cul de qui ? « Celui des puissants », s’écrie une commerçante. Sa fille s’étonne. Elle, elle croit comprendre autre chose : « Pour moi, c’est le cul des étrangers. »
- Je vais vous chanter La Sociale, d’accord ? Non ? Du Claude François ?
La démonstration de Flo est claire : Ruffin est assimilé au FN, dont il reprend la trame, mais sans le (supposé) racisme : l’étranger est remplacé par le patron. Or sa région pâtit de 25% de chômage dans les anciens fiefs ouvriers, et ce sont les entreprises – et donc les méchants patrons – qui manquent. Un certain aveuglement social…
Le social, c’est les employés, mais aussi les employeurs. Et si les grands employeurs ne veulent plus des terres ouvrières, dont les habitants sont considérés comme mal formés aux techniques modernes (informatique, robotique, gestion), trop formés politiquement (communisme ou socialisme véritables, sinon syndicalisme), ce sont les TPE qui doivent reconstituer le réseau économique. Et là, le patron devient en quelque sorte le sauveur. Mais quel patron de startup va investir entre Flixecourt et Saint-Ouen ou L’Étoile, là où Ruffin chasse les « puissants » ?
C’est l’éternelle contradiction de la pure gauche, qui a oublié l’économique dans le social. Celle d’aujourd’hui a oublié le social dans l’économique, et ça ne vaut pas mieux. Il est temps d’équilibrer ces deux mains d’un même pays. L’économique sans le social est exploitation, le social sans l’économique est ruine. Les deux cas exclusifs menant à la paupérisation.
Ne jouons pas aux cons non plus : c’est pas Le Monde, organe de l’oligarchie ultralibérale dans le domaine économique comme dans celui des mœurs, qui va faire la promo d’un ouvriériste romantique. On lui souhaite malgré tout de réussir, en espérant que les stars du cinoche qui ont applaudi le discours anti-oligarchique le soir de la remise de son César vont s’engager pour lui... Mais quelque chose nous dit que ces gros lâches vont le lâcher en pleine campagne, devant les mitrailleuses ennemies !
- Euh, Najat, j’ai vu les sondages, on va arrêter là, OK ?
C’est l’infortune que vient de vivre ce jeudi 1er juin 2017 la pauvre Najat, celle qui racontait à qui voulait la croire qu’elle gardait les chèvres pieds nus petite au Maroc. Tony Parker, que le staff de campagne s’enorgueillissait de compter parmi les soutiens, vient de prendre ses jambes à son cou. Pourvu que ça ne soit pas à cause de nos articles sur l’Éducation nationale ! On n’aimerait pas peser négativement dans cette campagne, et contribuer à l’élimination au premier tour de l’ex-ministre de la sous-Éducation...
Comme toutes les stars, Tony a senti le vent et le vent n’est pas favorable à Najat. Les sondages la donnent battue, et on n’a encore jamais vu une star prendre un risque avant la décision des urnes. En général, la star s’engage après. C’est plus sûr. Pourtant, l’idylle avait bien commencé sur le site de la candidate :
« Najat, que je connais depuis longtemps, est ma candidate de cœur. Elle est la députée dont Villeurbanne a besoin pour aller plus haut et jouer collectif. Je suis #teamnvb »
Malheureusement, dans Le Progrès du jour, TP semble avoir réfléchi :
« Je pensais que c’était une sollicitation personnelle, en aucun cas politique. Je suis un professionnel du basket, du sport, mais pas de politique. Si j’avais eu connaissance de l’usage et de la diffusion du message de soutien, je m’y serais opposé. Je ne me suis jamais positionné politiquement, pourquoi je commencerais aujourd’hui ? »
Aussitôt, le directeur de campagne de Najat évoque des « pressions » de la part de Collomb, qui a encore la main sur Lyon et le Grand Lyon (1 354 476 habitants pour 59 communes), dont Villeurbanne (146 000 habitants) fait partie. Un ministre, même provisoire, même gaffeur, ne lâche jamais vraiment sa base électorale, et financière. On ne sait jamais, n’est-ce pas.
- « La France est un pays de merde, m’dame !
– C’est très bien, Kevin. »
Un qui a l’air de savoir ce qu’il veut, c’est Blanquer, le nouveau ministre de l’Éducation, qui a pas l’air d’un déconneur ou d’un amateur. Il détricote tranquillement les réformes laissées par sa prédécesseuse, ou prédécesstrice, enfin Najat quoi. Les communes pourront revenir à la semaine de 4 jours, c’est-à-dire sans mercredi. Tout de suite, un syndicat au nom imprononçable est monté au créneau pour réclamer une « concertation entre enseignants, parents et municipalités ». En France, on touche à un cheveu de l’école, et c’est la guerre mondiale. Ces 50 dernières années, on a été plutôt habitués à un arrachage de touffes voire de scalp sur la tête de notre grande école de la République, qui a mal vécu l’après-Mai 68. Car depuis, c’est le merdier. Il y a bien eu quelques parenthèses pas trop destructrices, à droite comme à gauche (Claude Allègre, Luc Ferry) mais la tendance a toujours été à la baisse du niveau. Pourquoi, au fait ?
Pour dé-nationaliser les petits Français, ce qui est le programme assumé des trotskistes complices des libéraux américanophiles au pouvoir. Il fallait détruire l’amour de la France, l’Histoire de la France, la noyer dans l’Europe et le mondialisme, sans parler de l’imigrationnisme et l’antiracisme. Ce sont des millions d’enfants qui ont été les objets de cette ingénierie sociale à grande échelle, qui a pour but de détruire l’âme d’un pays. Sauf qu’une âme, ça ne se bousille pas comme ça. Ça peut rester des années planqué dans un coin, dans un cachot, tel un noyau de haute densité, et resurgir un jour, avec une vigueur nouvelle. Tout ce qui a été comprimé finit par exploser.