Les bobos adorent les ragots, les fakes news et les scoops à propos des vedettes du showbizness. On croirait même que plus l’information est anecdotique et insignifiante, plus les bobos se délectent de cette primeur (Mélina Trump a-t-elle pleuré lors de l’investiture de son goujat de mari ?). C’est pour le bobo une façon de s’introduire dans l’intimité de celui ou celle qu’il ne pourra jamais être, mais dont ils convoitent le train de vie fastueux de personnage riche et célèbre. Ce type de comportement narcissique est totalement étranger aux ouvriers.
Si l’aliénation du prolo s’exprime via les stars du sport – dont le foot comme nous l’avons observé récemment – ce n’est jamais pour envier son héros, mais plutôt pour se pâmer et l’admirer. L’aliénation du bobo s’exprime à travers les stars des « arts », du spectacle, du sport, et des plateformes politiques et médiatiques. Exposer un saltimbanque à la télé et le bobo vous en fera un héros. Les petits-bourgeois se pâmeront, s’agiteront et vous diront que ce sont les prolos qui ont ce comportement déviant.
À Helsinki lundi dernier un show reality, spécialité de Donald Trump et de Vladimir Poutine, a été présenté à propos duquel les « politicologues » et les experts pédants ont devisé abondamment. Lequel a dit le plus de mensonges à propos de l’autre ? Quel est l’intérêt de le savoir pour nous prolétaire ? Comme nous le disions l’an dernier dans notre étude sur « La démocratie aux États-Unis. Les mascarades électorales » [1] Donald Trump n’est ni un self-made-man, ni un anti estabishment, ni un anticapitaliste, ni un imprévisible, ni un personnage instable puisque tout ce qu’il accomplit il l’avait annoncé en campagne électorale. Voici que la meute des « américanologues » patentés en convient enfin, et feint de l’avoir subodoré.
Ce qu’ignorent ces experts universitaires c’est pourquoi Trump a-t-il reçu mission de se rapprocher du capital russe plutôt que de le braquer et de l’agresser comme les yankees l’ont imposé à leurs alliés européens pendant des années ? Et pourquoi cette mission sème-t-elle l’effroi parmi l’intelligentsia, les bonzes des médias, et parmi les larbins politiciens américains – Démocrates et Républicains ? En effet, c’est tout un virage géostratégique qu’amorce le locataire de la Maison-Blanche, virage que nous avions annoncé l’an dernier et réaffirmer suite à la réunion catastrophique de l’OTAN. [2] Les papotages, les ragots et le babillage que rapportent les médias à la solde à propos des propos tenus par Trump sur Poutine et vice versa ne seront d’aucune utilité pour résoudre cette énigme économicopolitique complexe.
Sachez d’abord que la puissance économique américaine est en déclin accéléré depuis le dernier grand krach boursier de 2008. Ceci détermine tout le reste. Les bobos des médias ne le savent pas, ou ne le croient pas, et c’est ce qui les empêche de comprendre ce qui se passe. Sachez aussi que la Russie malgré ses immenses ressources naturelles n’est pas qualifiée industriellement et financièrement pour prétendre au sommet du podium. La Russie est un pays ressource et une anomalie militaire depuis la Seconde Guerre mondiale. Par définition la Russie est donc un allié convoité, mais pas un chef de cordée chargé de labéliser et de distribuer la plus-value entre les alliés affamés. Seule la Chine a présentement la stature pour prétendre au titre de calife à la place du calife. Mais la Chine manque de ressources naturelles et d’énergie pour faire tourner l’atelier de la planète. La Russie – son allié circonstanciel – possède ces atouts que l’immense Chine ne possède pas. Le grand capital américain sait tout cela. Les autres clans de capitalistes occidentaux n’ont pas l’envergure pour manager dans ces prés.
La faction du grand capital américain qui a propulsé Donald Trump au Bureau ovale a décidé de brasser les cartes et de redéfinir l’échiquier politique mondial en s’alliant à la Russie, la séparant ainsi de la Chine son véritable adversaire international. Sans les ressources naturelles de la Russie, la Chine est vulnérable, d’autant qu’elle ne contrôle pas les voies de communication et de transport pour son approvisionnement (d’où le projet surfait des Routes de la soie).
Cependant, une faction du grand capital américain craint que Donald Trump ne cède trop d’avantages aux capitalistes russes contre leur retournement d’alliance et ils sont très inquiets que Poutine ne rafle la mise tout en restant attaché à son allier chinois, ce en quoi ils ont raison. Le maitre du Kremlin sait que l’avenir est en Chine et non le long du Mississippi. De toute façon l’habile Xi Jinping a déjà prévu une parade. Depuis des années la Chine investit le continent africain – l’Eldorado des ressources naturelles mondiales. Maintenant vous comprenez pourquoi la semaine dernière nous annoncions que l’Afrique serait le continent de la misère victime de la guerre. Vite que l’on nous débarrasse de ce mode de production moribond.