Jacques Attali était le 13 mai l’invité de la première édition du Club Paris première à l’occasion de la sortie de son livre France 2022. Lors d’un débat animé par David Abiker et Joseph Macé-Scaron au musée du Quai Branly à Paris, il a livré son opinion sur les grands enjeux de la France, la droite et… les ambitions du ministre de l’Économie et des Finances Emmanuel Macron. Extraits.
De quoi Emmanuel Macron est-il le nom ?
Du vide. Du vide de la politique française. Il n’incarne que le vide, que cette gauche qui veut à la fois être au pouvoir et ne pas y être parce qu’elle déteste la gauche de gouvernement. Il est le nom de ceux qui rêvent que la gauche ne soit pas au pouvoir. Emmanuel Macron a un talent fou. Je l’ai repéré tout de suite, présenté au candidat Hollande, je l’accompagne toujours, je lui ai d’ailleurs dit ce que je pensais. Si seulement, il se saisissait d’un programme…
N’incarne-t-il pas la volonté de renouveau qu’attendent les Français ?
Les Français rêvent d’être représentés par un inconnu : nous sommes le dernier pays dont la classe politique n’a pas explosé. Ça va sauter. [...] Les Français veulent être gouvernés par quelqu’un qui sait ce qu’il veut. Mais les hommes politiques ont en tête l’image du DRH d’Air France à la chemise déchirée : ils pensent que c’est ce qui leur arrivera s’ils entreprennent quelque chose.
[...]
Hollande est-il un bon président ?
C’est d’abord un homme et un président tout à fait honorable. Dans le domaine des affaires étrangères, il décide très bien, avec une grande lucidité. [...] Il n’avait pas beaucoup de programme mais il l’a fait. Cela dit, il ne peut être réélu que s’il lance des réformes maintenant, sans quoi on lui demandera durant toute la campagne pourquoi il n’a pas agi avant. Mais quoi qu’il en soit, il n’aura rien fait de déshonorant.