Nous sommes l’un des pays du monde où les élus, en particulier les parlementaires, sont le plus souvent reconduits. Et l’un des rares pays où un élu, une fois battu, ne change pas totalement et définitivement de métier, attendant les scrutins suivants pour tenter, de nouveau, sa chance.
Les conséquences en sont terribles : la classe politique vieillit sur pied ; la droite vire au conservatisme le plus rance ; la gauche en reste à une conception de la défense des plus faibles issue des siècles passés. Tous, pour se maintenir aux affaires, se contentent de satisfaire les groupes de pression les plus véhéments et les plus enracinés de leurs circonscriptions, sans se préoccuper de l’intérêt général du pays, et moins encore de celui des générations suivantes. Et lorsque ces élus finissent par se résigner à quitter la vie politique, après trois, quatre ou cinq mandats, les mieux placés pour leur succéder, au moins dans la candidature, sont leurs suppléants et leurs attachés parlementaires, qui commencent à peupler en nombre Assemblée et Sénat.
Autres conséquences tragiques de cette crispation : très peu de femmes siègent au Parlement, malgré les règles des quotas, qui ne portent que sur les candidatures ; faute de débouchés dans les partis installés au pouvoir, les jeunes qui veulent faire de la politique cèdent aux sirènes de l’extrême droite, qui seule leur offre des circonscriptions, non par choix idéologique, mais par disponibilité. Et si on n’y prend garde, c’est par là, et là seulement, que viendra le renouveau.
Pour y remédier, il faudrait simplement que l’on vote une loi limitant à deux dans le temps le nombre de mandats de tout parlementaire.
La vie politique en serait bouleversée : plus de la moitié des parlementaires actuels dégageraient. Et aucun des nouveaux venus ne pourrait être, non plus, un ancien ayant déjà accompli deux mandats avant d’être battu.
Il deviendrait clair que le statut de député ou de sénateur n’offre pas une carrière et n’est qu’un passage dans une vie. Et si, en plus, on garantit le retour dans leurs entreprises aux salariés du secteur privé qui en prendraient le risque, la composition et les décisions du Parlement seraient d’une tout autre nature qu’aujourd’hui ; la vie politique retrouverait du sens.