Quand la gauche perd le monopole idéologique sur un média, elle hurle au fascisme, à l’atteinte aux libertés, aux menaces sur la démocratie. On le voit avec le basculement de Twitter-X, ou la montée de CNews face à BFM TV.
Quand la gauche dispose du monopole sur un média, on le voit sur Radio France ou Arte, elle y interdit la droite, et hurle à l’intrusion qui menacerait la démocratie si une parole déviante y surgit (mais c’est accidentel). Comprendre que la démocratie, c’est elle.
Ceci étant dit, passons à la reine du jour. Elle s’appelle Paola Puerari, personne ne la connaît, et elle est en charge du « Point com » dans l’émission de propagande 28 Minutes d’Arte, la chaîne qui ne peut pas se passer de BHL, pourtant hors d’âge. Sa chronique du 7 février 2025 consiste à démolir l’énorme rumeur qui enfle sur les réseaux sociaux, et propagée par la complotiste Candace Owens.
Choisie pour son minois plus que pour sa lucidité, Paola tente de faire une Moadab, une figure compliquée où l’on finit toujours par se faire mal. Beaucoup s’y sont essayés avant elle, et ont disparu dans les poubelles des médias. Mais laissons-la plaire à l’axe Dély-BHL-Macron.
Le commissaire politique Renaud Dély : Ce soir le Point com c’est une fake news qui continue hélas de cartonner sur les réseaux sociaux.
Paola : Oui, une rumeur de caniveau, peut-être que vous l’avez déjà entendue, vous en avez peut-être entendu parler. Alors Brigitte Macron serait un homme, serait née Jean-Michel Trogneux. Alors évidemment c’est faux et je précise que l’intox a déjà été condamnée par la justice en septembre dernier. […]
Cette conspiration […] a déferlé cette semaine grâce ou plutôt à cause d’une pseudo-enquête qui s’appelle Becoming Brigitte, devenir Brigitte, une enquête complotiste qui cartonne sur YouTube et qui est signée par une des Américaines les plus controversées qui s’appelle Candace Owens, qui est prête donc à faire trembler la République, d’ailleurs qui tremble elle-même vous allez voir.
Après le petit extrait où Candace ne tremble pas du tout, donc fake news de Paola, la chroniqueuse va oublier d’accoler « complotiste » à « enquête ». Le langage, ça vous joue des tours.
Paola : Voilà, alors l’enquête de Candace Owens, en une semaine apprenne, à peine, cumule trois millions de vues, elle est en tête des podcasts les plus téléchargés. Alors je m’attendais dans cette chronique à devoir débunker, c’est-à-dire factchecker des fake news, mais j’ai regardé les quarante minutes d’insanités et il y a absolument rien, mais alors rien, rien, rien, du vide. Face à ce gros flanc d’insanités ma réaction est comme celle de cet internaute, l’hilarité. […]
Mais surtout voilà, le problème c’est qu’en fait Brigitte Macron refuse de répondre à toute une liste de questions qu’a dressée Candace Owens. […] Voilà, alors peut-être que Brigitte Macron a autre chose à faire que de répondre à cette liste, à cette liste fournie par une complotiste.
Ensuite, Paola prend de la hauteur, et inflige l’estocade à Candace. Tout à l’heure, elle était dans « l’hilarité ». Là, elle est dans le « sourire », mais petit. On dirait qu’elle est en train de le perdre.
Paola : Alors tout ça fait un petit peu sourire mais en tout cas on y voit bien quand même un dessein politique. Pasque Candace Owens, c’est pas n’importe qui, c’est une influenceuse d’extrême droite qui soutient Donald Trump, son credo c’est le complot. Alors elle ne croit pas du tout au réchauffement climatique, sa dernière vidéo c’est quand même une histoire sur le fait que l’homme n’a jamais marché sur la Lune, et surtout elle pense qu’il y a un complot satanique mondial, c’est-à-dire que toutes les élites sont corrompues. Elle mène une lutte acharnée contre les LGBT, d’ailleurs à chaque vidéo eh bien vous voyez ce cricifix, ce crucifix savamment placé derrière elle, elle se bat contre l’État profond, contre les médias traditionnels, et elle est proche de Marion Maréchal qui l’avait invitée en 2019 à la convention de la droite avec Éric Zemmour.
Candace se relèvera-t-elle de cette chronique, qui sent l’enquête profonde ? On pense que non. La charge est trop puissante, Paola a fait en cinq minutes s’effondrer le château de cartes du BrigitteGate. Xavier Poussard sera obligé de s’exiler à jamais aux États-Unis, le pays fasciste de Donald Trump. Quant à Candace, on attend que nos services secrets l’enlèvent pour qu’elle soit jugée, condamnée et brûlée en place publique, comme Eichmann par le Mossad en 1961.
À 4’16, malgré sa démonstration percutante et définitive, la Einstein du journalisme se pose la question fondamentale. Il lui reste une lueur de doute. Elle s’adresse au spécialiste du complot en plateau, le stagiaire qui fait très L1 de socio à Rennes, et qui, au moins, n’est ni Mendès ni Reichstadt. Il utilise le mot « effrayant ».
Paola : Comment on explique aujourd’hui qu’il y ait tant d’internautes qui soient séduits par ces vérités alternatives ?
Tiens, on ne parle plus de « fake news » mais de « vérités alternatives ». Paola a définitivement perdu son sourire, on dirait qu’elle a perdu. En tout cas, elle semble perdue. Et ce n’est que le début, croyez-nous.
#BecomingBrigitte - Qui est Candace Owens, l’américaine qui propage des théories du complot sur Brigitte Macron ? https://t.co/uzerLGDpbe
— Paola Puerari (@PaolaPuerari) February 7, 2025
Nos lecteurs auront goûté avec un plaisir consommé les commentaires sous cette vidéo. Hélas, face à l’ironie mordante des X-men, Paola a supprimé son tweet vidéo. Mais l’émission est encore « regardable » ici (en cliquant sur l’image) :
Dans cet extrait, qu’il faudra conserver pour l’histoire, pour le jour où tout sera sur la table, tout est fake et grotesque. Jusqu’au dessinateur pas drôle de fin, qui se prend les pieds dans le tapis en croquant Brigitte avec une tête de mec, et qui fourche malgré lui, foutant le travail de Paola en l’air.
Éric Truant : « Alors non, elle n’est pas une, elle n’est pas un homme. »
Bonus : le courageux dessin antinazi de Truant
