La Russie pourrait réviser les accords d’adoption avec les pays qui ont légalisé le mariage homosexuel, a annoncé vendredi le président Vladimir Poutine, trois jours après la décision de la France, évoquée lors d’une réunion avec des députés russes.
« La question est d’actualité. J’estime que nous sommes en droit d’introduire des changements », a déclaré M. Poutine lors de cette rencontre avec des parlementaires russes dans sa résidence de Novo-Ogarevo, dans la banlieue de Moscou.
« Nous devons réagir à ce qui se passe autour de nous. Nous respectons nos partenaires, mais nous demandons (qu’ils) respectent nos traditions culturelles, nos normes éthiques, législatives et morales », a-t-il ajouté, selon les agences russes.
M. Poutine répondait à la question de Marina Orgueeva, députée de la région de Kaliningrad (enclave russe entourée par des pays de l’Union européenne), qui évoquait précisément le cas de la France, selon Interfax.
L’élue a suggéré de réfléchir à des amendements dans l’accord franco-russe sur l’adoption d’enfants, afin d’éviter que des enfants russes ne soient adoptés par des couples homosexuels.
« Elle a raison », a répondu M. Poutine cité par Interfax, sans détailler les changements qu’il souhaitait.
De son côté, la présidente du Conseil de la Fédération (Sénat russe), Valentina Matvienko, qui participait à cette rencontre, a indiqué que des changements dans l’accord franco-russe sur l’adoption d’enfants étaient déjà en préparation, selon Itar-Tass.
Le Parlement français a ouvert mardi le mariage civil et l’adoption aux couples homosexuels, devenant le 14e pays au monde à légaliser le mariage gay.
Les autorités russes ont déjà affirmé à plusieurs reprises que la reconnaissance du mariage homosexuel réduisait les chances pour les ressortissants des pays en question de pouvoir adopter des enfants russes.
La vice-présidente de la commission de la famille, des femmes et enfants à la chambre basse du Parlement (Douma), Olga Batalina, a déclaré que les députés de la Douma étaient extrêmement préoccupés par les procédures en cours en France et estimaient que l’adoption d’enfants par des couples de même sexe était tout à fait inadmissible.
Compte tenu de la position ferme dans la société russe concernant les mariages de même sexe, il est indispensable que l’accord franco-russe interdise l’adoption d’enfants par des couples de même sexe, a-t-elle ajouté, selon Itar-Tass.
La députée a également estimé que l’adoption d’enfants russes par une famille monoparentale devait faire l’objet d’une attention particulière à cet égard.
« Nous pensons que la partie française va faire preuve de compréhension vis-à-vis de la position russe », a-t-elle dit.
Pour sa part, la présidente de cette commission de la famille à la Douma, Elena Mizoulina, a estimé que la Russie pourrait dénoncer l’accord avec la France sur l’adoption d’enfants.
Les militants homosexuels sont très mal vus en Russie. L’homosexualité y était considérée comme un crime jusqu’en 1993, et comme une maladie mentale jusqu’en 1999, bien après la chute en 1991 du régime soviétique.
A Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, une loi adoptée l’an passé punit les auteurs de tout acte public faisant la promotion de l’homosexualité et de la pédophilie. Le texte a été dénoncé par des défenseurs des libertés comme faisant un amalgame entre homosexualité et pédophilie.