Michel Drac et Maurice Gendre seront à Lille le 12 septembre 2015 pour une conférence sur le Traité transtlantique. Nous avons sollicité nos deux prochains intervenants pour une courte entrevue qui donnera quelques clefs à nos lecteurs en perspective de la conférence à venir.
[...] Le C.N.C. : Sans livrer la substantifique moelle de votre venue du 12 septembre, pourquoi lutter contre le Traité transatlantique ? En quelques lignes ?
Michel Drac : Il faut informer la population. Nous n’empêcherons pas l’adoption de ce traité, s’il doit être adopté. En l’occurrence, la décision sera prise au plus haut niveau, et n’aura évidemment rien de démocratique. Mais en informant la population, nous nous préparons à rebondir politiquement et culturellement sur les conséquences d’une éventuelle adoption, et cela peut d’ailleurs peser indirectement sur le contexte général au sein duquel notre classe dirigeante devra définir ses choix.
Maurice Gendre : Le TAFTA c’est la Bête sauvage. Si on considère que le mondialisme est le stade suprême de l’impérialisme, il faut envisager le TAFTA comme le stade suprême d’un des segments du mondialisme, en l’occurrence l’occidentalisme. > Dimension parfaitement illustrée par le projet de Fédération transatlantique et de Parlement transatlantique. [...]
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la situation économique à prévoir pour la rentrée de septembre ?
M. D. : La conjoncture est en train de dessiner la configuration de base d’une tempête parfaite. On ne s’en rend pas forcément compte, parce que la classe dirigeante truque désormais tous les compteurs avec la complicité active des médias, mais pour qui prend le temps d’étudier sereinement les données objectives, c’est clair et net : avis de gros temps. La crise de l’euro est maintenant entrée en phase critique. L’agonie promet d’être longue et douloureuse. J’espère qu’elle sera suffisamment spectaculaire pour anéantir les derniers reliquats de légitimité qui restent à nos dirigeants déconsidérés. Je fonde cet espoir sur la nullité des dirigeants français, la psychorigidité des Allemands, la perfidie des Britanniques, le cynisme des Américains et l’irresponsabilité des Grecs. Un casting de rêve, n’est-ce pas ? De toute façon, au-delà de l’euro, c’est tout le système monétaire international qui est en train de sombrer, dans la foulée d’un système financier complètement déséquilibré. Tôt ou tard, nous allons traverser une convulsion globale monstrueuse. Nos dirigeants s’y préparent. Les Grecs leur servent de cobayes, à mon avis. Dans ce contexte, l’économie française est à l’arrêt. Elle sous-performe pratiquement dans tous les domaines. Nous allons vers un climat social très détérioré, qui pourrait dessiner une toile de fond intéressante pour les échéances politiques 2017.
M. G. : Pour ne rien vous cacher, je crains infiniment l’automne qui arrive. La dégringolade des bourses chinoises constitue peut-être un des prolégomènes de la Grande Catastrophe à venir. La question semble être désormais : d’où le chaos va-t-il partir ? L’étranglement de la Grèce se poursuit et reposera inéluctablement la question de la viabilité de l’euro, l’Ukraine est dans une situation calamiteuse (et je ne parle que de la dimension économique), les banques régionales allemandes sont toujours truffées d’actifs toxiques, des bulles immobilières restent menaçantes (au Royaume-Uni notamment), la valeur notionnelle des produits dérivés a très largement dépassé son niveau d’avant la crise des subprimes, on assiste à des choix totalement délirants qui sombrent dans l’irrationnel le plus complet (récemment le Mexique a emprunté à 100 ans !), mais le plus grave reste évidemment la politique « accommodante » des banques centrales qui finira inéluctablement par nous exploser à la figure et entraînera un effondrement incontrôlable des monnaies. Il faut ajouter à cela, un déferlement migratoire cataclysmique dont les conséquences prochaines seront ravageuses.
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