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La veuve de Georges Wolinski se pose beaucoup de questions sur l’attentat contre Charlie Hebdo

Quatre mois et demi après les attentats et la mort de votre mari, comment allez-vous ?

Je vais mal. Après 47 ans de vie commune avec un homme comme Georges, on peut difficilement se remettre d’une fin si brutale. Il était généreux, amoureux : je ne sais pas comment continuer à vivre sans son regard. Nous avions une vie facile, agréable, légère et aujourd’hui, tout me semble sombre et compliqué. Au quotidien, je fais comme s’il était parti en vacances… même si je sais qu’il ne reviendra plus. Je n’ai rien touché à l’appartement mais je ne vais pas pouvoir y rester. De toute façon, je n’en ai pas les moyens, je gagne beaucoup moins d’argent que Georges.[...]

 

Le sentiez-vous en danger avant les attentats ?

Pas tellement. Il n’avait jamais dessiné Mahomet. Mais nous avions été mis sous protection au moment de « l’affaire des caricatures » en 2006 et puis ensuite, rien. Il ne m’avait même pas dit que Charb était visé par une fatwa. Il me protégeait. Si je l’avais su, je lui aurais demandé de quitter Charlie Hebdo.

 

Mais vous saviez tout de même que Charlie Hebdo était dans le collimateur des intrégristes ?

Oui. Mais ce sont des failles dans le système de sécurité à Charlie Hebdo qui ont conduit à ce drame du 7 janvier. D’ailleurs, je mène ma petite enquête de mon côté car j’estime qu’il y a des zones d’ombre dans le déroulé des faits. L’attentat a été commis un jour où tout le monde ou presque était réuni à la rédaction : ça n’arrive jamais mais là, ils avaient prévu de partager une galette des rois et comme par hasard l’attentat a eu lieu ce mercredi et ça n’est pas anodin. Aussi, j’ai noté beaucoup d’incohérences, de différences entre les mesures de protection réelles à Charlie Hebdo et les préconisations de la préfecture de police. Je voudrais aussi savoir pourquoi l’acte de décès de mon mari a été signé à 11 h 30 alors que les frères Kouachi sont arrivés à Charlie Hebdo à 11 h 33. J’ai plein de questions à poser au juge d’instruction dans le cadre de ma contre-enquête.

 

Quel regard portez-vous sur les tensions actuelles au sein de Charlie Hebdo ?

À Charlie Hebdo, il y a trois problèmes : l’insécurité, les tensions au sein de la rédaction et l’utilisation de l’argent. Car on ne sait pas comment vont être utilisés les 30 millions d’euros récoltés depuis les attentats ni comment vont être répartis les 4,3 millions d’euros destinés aux familles des victimes. Tout cela m’exaspère et me met en colère. Sans cet attentat, sans ces morts, ce journal n’existerait plus et certains l’oublient.

Lire l’intégralité de l’entretien sur ledauphine.com

 






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