Suite au vote par l’Assemblée générale de l’ONU d’une résolution sur les droits de l’homme en Corée du Nord, s’appuyant essentiellement sur les conclusions controversées du rapport d’une « commission d’enquête sur les droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée », le bureau national de l’Association d’amitié franco-coréenne, réuni le 19 décembre 2014, a adopté la déclaration suivante.
La défense des droits de l’homme ne doit pas servir de prétexte à une guerre destructrice en Asie
À l’heure où le monde applaudit à la normalisation des relations entre les États-Unis et Cuba, la guerre froide se poursuit en Corée. Washington et ses alliés resserrent même chaque jour davantage l’étau sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), suivant une politique aussi contradictoire que dangereuse dans une des régions les plus militarisées du monde.
Le 18 décembre 2014, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies a adopté une résolution appelant le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale de crimes contre l’humanité qui seraient commis par la Corée du Nord. Le vote de cette résolution coparrainée par 62 pays, dont la France, se fonde sur le rapport d’une commission d’enquête, rendu public en février, accusant la Corée du Nord de commettre des atrocités « sans égal dans le monde contemporain ».
Il est établi que ce rapport – sans réelle valeur scientifique d’après plusieurs spécialistes – est d’abord le fruit du travail des milieux néo-conservateurs les plus hostiles à la RPDC aux États-Unis, notamment un certain « Comité pour les droits de l’homme en Corée du Nord » (Committee for Human Rights in North Korea, HRNK).
Ce n’est pas la défense des droits de l’homme en Corée du Nord qui motive les promoteurs du rapport sur lequel s’appuie la résolution adoptée le 18 décembre. En ravivant ainsi les tensions en Asie du Nord-Est, il s’agit surtout d’y justifier une présence militaire massive, conformément à la stratégie du « pivot asiatique » de l’administration américaine.
La défense des droits de l’homme mérite mieux que l’instrumentalisation de cette question et une Corée transformée en champ de bataille entre grandes puissances. L’Association d’amitié franco-coréenne regrette que la France, obéissant ainsi à des intérêts qui ne sont pas les siens, ait été en pointe pour faire adopter la résolution contre-productive du 18 décembre. C’est la paix, le dialogue et l’abandon de la politique des sanctions qui offrent les meilleures garanties de progrès pour les droits de l’homme. L’administration Obama semble l’avoir compris pour ce qui concerne Cuba. Elle doit agir de la même façon, et la France avec elle, en Asie, et singulièrement en Corée.
Le bureau national de l’Association d’amitié franco-coréenne
Paris, 19 décembre 2014