Anne Mansouret, conseillère générale de l’Eure et régionale de Haute-Normandie, candidate aux primaires socialistes pour l’élection présidentielle de 2012, confirme ce dimanche que sa fille aurait été victime d’une tentative d’agression sexuelle de la part de Dominique Strauss-kahn en 2002, comme elle l’a révélé en 2007 dans une émission de Thierry Ardisson. Aujourd’hui, la mère de Tristane Banon regrette d’avoir dissuadé sa fille à porter plainte.
Dominique Strauss-Kahn, directeur du Fond monétaire international, candidat possible à l’investiture socialiste pour l’élection présidentielle de 2012, a été arrêté et inculpé à New-York pour « agression sexuelle, tentative de viol et séquestration ». Une plainte a été déposée à son encontre samedi par une femme de chambre de 32 ans travaillant à l’hôtel Sofitel, situé dans la 44e Rue Ouest, au cœur de Manhattan. Des faits qu’il conteste. Son avocat a déjà prévenu qu’il allait plaider non-coupable.
Ce n’est pas la première fois que l’ancien ministre de l’Economie et des Finances de Lionel Jospin est accusé d’avoir commis une agression sexuelle sur une femme. Tristane Banon, journaliste et romancière, a affirmé en 2007 dans une émission de Thierry Ardisson que DSK a tenté de la violer. Sans toutefois le citer nommément. Dans « 93, faubourg Saint-Honoré », un programme télévisé disparu, elle évoque un « chimpanzé en rut ».
« J’ai dit le mot « viol » pour lui faire peur, ça ne lui a pas fait peur »
En 2002, pour l’écriture de son premier livre « Erreurs avouées… au masculin » (paru chez Anne Carrière), la jeune femme, aujourd’hui âgée de 31 ans, avait souhaité le rencontrer. Il l’avait invité dans « un appartement vide, avec un magnétoscope, une télé, un lit au fond, des poutres apparentes ». La victime présumée raconte : « Il a voulu que je lui tienne la main pour répondre, puis le bras… On a fini par se battre, on s’est battu au sol, j’ai donné des coups de pied, il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d’enlever mon jean. Quand on se battait, j’ai dit le mot « viol » pour lui faire peur, ça ne lui a pas fait peur ».
Tristane Banon n’a cependant pas porté plainte. « Je suis allée très loin, j’ai constitué le dossier, je suis allée voir un avocat, mais je ne suis pas allée jusqu’au bout », explique la jeune femme qui, par ailleurs, connaît bien Dominique Strauss-kahn puisqu’elle est l’une des meilleures amies de Camille, l’une des filles de l’homme politique. Elle est la filleule de la seconde épouse de DSK. « Je ne voulais pas être jusqu’à la fin de mes jours la fille qui a eu un problème avec un homme politique », poursuit-elle dans son interview accordée à Thierry Ardisson.
C’est sa mère, Anne Mansouret, conseillère générale de l’Eure et régionale de Haute-Normandie, candidate aux primaires socialistes pour l’élection présidentielle de 2012, qui l’aurait dissuadée d’intenter une action en justice contre, à l’époque, le futur directeur du FMI. Contactée ce dimanche, l’élue normande a des remords : « Aujourd’hui, je regrette d’avoir dissuadé ma fille de porter plainte contre DSK. je porte une lourde responsabilité. Après les faits, on a discuté, beaucoup parlé. Et finalement, elle a décidé, on a décidé, de ne pas lancer de procédure. Vous savez ma fille était très mal, mais Tristane est la filleule de la seconde femme de Dominique. C’était délicat pour des raisons familiales et amicales ». « Ce que je peux vous dire, précise encore l’élue normande, c’est que ma fille, malgré les années qui passent, est toujours bouleversée par ces faits. Cette nuit, je suis allée la voir à Paris pour la réconforter. C’est très dur pour elle ».
« Pour moi, Dominique Strauss-Kahn est malade »
Sur ces nouvelles accusations venues d’Outre-Atlantique qui valent au patron du FMI d’être inculpé ce dimanche, Anne Mansouret dit ne pas être surprise : « Pour moi, Dominique Strauss-Kahn est malade . Ce n’est pas une injure de dire cela , il a un vrai problème : une addiction au sexe , comme d’autres ont des soucis avec l’alcool, la drogue ou le jeu. Il est malade. Sur les faits eux-mêmes, je ne peux pas me prononcer, je n’y étais pas. Mais pour moi, c’est très plausible que cette femme a été agressée sexuellement. En revanche, je suis formelle, il a bien tenté d’abuser de Tristane ». Des accusations lourdes, mais « fondées » selon l’élue socialiste, qui refuse qu’un lien soit fait entre sa candidature aux primaires de son parti et ses propos. « Certes, je me présente, mais il faut être raisonnable. Je ne me fais guère d’illusion. Je veux simplement faire entendre mes opinions politiques, mes projets pour la France ».
Pour l’heure, Tristane Banon ne souhaiterait pas s’exprimer. Elle a contacté son avocat ce matin et devrait dans les prochains jours tenir une conférence de presse. Anne Mansouret confie que sa fille réaffirmera ses accusations contre Dominique Strauss-Kahn. Si ce témoignage est avéré, les choses pourraient encore se compliquer pour DSK, car la justice française, cette fois-ci, pourrait s’emparer de ce dossier. Les faits ne sont pas prescrits.