Quand un jour, enfant, je disais à mon père que je voulais être comme le grand Monsieur qui lève ses deux mains en disant « je vous ai compris » il me répondit assez justement que pour cela, il fallait soit faire beaucoup d’études, soit gagner une guerre mondiale. Comme la probabilité que je fasse beaucoup d’étude était plus faible que celle que la connerie humaine nous concocte une petite guerre dont elle a le secret, je décidai, passivement, d’attendre l’envahisseur qui n’est finalement jamais venu. Mais je gardai toute ma vie une admiration sans borne pour ces hommes et ces femmes d’Etat qu’ils soient Présidents ou Ministres de la République.
Mais ça c’était avant Cécile Duflot.
Alors certes, j’ai déjà été déçu par des ministres, de droite comme de gauche. J’en ai connu des incompétents, des idéologues, des paresseux, des hésitants, des égocentriques, des lâches, des pervers etc. Mais ne comptez pas sur moi pour donner des noms, je ne veux pas froisser l’amour propre de Philippe Douste Blazy, Elisabeth Guigou, Dominique Strauss Kahn, Jack Lang ou Marie Georges Buffet. Je sais me tenir. Mais avec Cécile Duflot c’est différent. Ce n’est même plus de la déception, c’est une espèce de stupéfaction devant l’ampleur de sa bêtise. Un ahurissement proche de celui qu’on peut avoir devant une œuvre d’art. Parce que sa connerie est artistique, elle dépasse ce qu’on peut observer dans la vraie vie. Et pourtant elle est ministre. J’ai ressenti cela une autre fois, dans une moindre mesure, quand j’ai reçu un jour le bulletin de note de ma fille qui était en CM1 avec la mention de son instit : « la règle du participe passé n’est pas maîtriser »…
Je n’avais aucun préjugé sur Cécile Duflot avant qu’elle ne soit ministre sinon que je la savais idéologue, mesquine, hystérique, incompétente, calculatrice, ambitieuse plus pour elle que pour ses idées, démagogique, opportuniste, lâche et pas très maline. Rien de plus. J’ai donc observé sagement et de manière objective…
D’abord, pendant la campagne, je la suivais sur Twitter, je suis tombé sur des tweets comme celui-ci : « Traverser les étendues jaunes, sentir malgré soi l’odeur doucereuse du Colza en fleur d’une enfance dans la plaine de la Brie » Je me suis d’abord dit que la pauvre n’avait pas la lumière à tous les étages et puis j’ai compris la raison de ces élancements psychédéliques quand elle se prononça, très vite après sa nomination, pour la dépénalisation du Cannabis. J’ai ensuite placé l’épisode du jeans en conseil des ministres sur le compte de sa démagogie : cette reine des bobos qui n’a jamais vu une vache de sa vie autrement qu’au salon de l’agriculture doit penser que les gens du peuple s’habillent mal, donc qu’elle doit s’habiller mal pour faire croire qu’elle leur ressemble, un classique du populisme de gauche que manient très bien les écolos et que François Hollande a élevé au rang de pratique présidentielle en montrant ses augustes bourrelets sous un polo de la foire fouille à Brégançon cet été.
Et puis il y a eu l’épisode des remises généreuses et abondantes de légion d’honneur que Duflot a accrochées dès le début de sa prise de fonction à la poitrine de sa clientèle politique la plus fidèle après avoir poussé des cris pendant des mois sur les prétendues affaires de favoritisme dans l’affaire Woerth. Là, j’ai trouvé ça cocasse, celle qui avait tenu la main d’Eva Joly dans son désastre électoral qui ressemblait davantage à une croisade pathétique contre le principe de la présomption d’innocence allait, quelques mois après, distribuer des hochets non pour le mérite mais en vertu des idées politiques des récipiendaires
A ce moment là, commençait doucement à poindre dans mon esprit l’idée que cette ministre était en fait simplement stupide et que les autres défauts que je luis prêtais peu charitablement jusqu’alors n’étaient que les conséquences de cette bêtise plus structurelle que conjoncturelle. Et là, Cécile Duflot ( je vous rappelle qu’elle est ministre de la République au même titre qu’un Chevènement ou qu’un Michel Debré par exemple) pour désamorcer la polémique sur les légions d’honneur twittait cette photo avec le commentaire suivant : « manger les smarties de manière très stricte : un bleu, un rouge, un vert, un rose. »
C’était donc ça ! Elle est stupide ! mais pas stupide comme on peut l’être dans la vraie vie, une stupidité abyssale, un truc rare, un truc qui pourrait presque la rendre attachante si elle n’avait pas entre ses mains une parcelle de pouvoir qui lui donne la possibilité de dépenser mon pognon. Un genre de stupidité que l’on doit étudier dans les facultés de psychologie, avec chez elle, ce petit plus qui rend son personnage tout à fait unique : un goût immodéré pour le ridicule. C’est sans doute ça que Coluche appelait la « Poésie de la bêtise. »
Et ce savant mélange de stupidité et de goût du ridicule elle nous l’a encore démontré hier en posant encagoulée pour la libération des Pussy Riots aux universités d’été d’Europe Ecologie Les Verts. Stupide parce qu’un ministre de la République ne devrait pas commenter une décision de justice d’un pays étranger et néanmoins ami – c’est le rôle de la diplomatie – , stupide aussi parce que terriblement conformiste et ridicule parce que je ne suis pas certain que cette mascarade carnavalesque dont seuls les écolos ont le secret soit de nature à faire prendre au sérieux cette revendication que l’on peut par ailleurs trouver juste et opportune.
Alors voilà, nous avons donc dans notre gouvernement qui a déjà montré son incompétence, sa propension toute socialiste à la prodigalité, son ontologique démagogie et son authentique capacité à prendre les Français pour des demeurés, nous avons donc aussi, une ministre stupidement ridicule et ridiculement stupide. Une ministre qui va continuer à s’asseoir gentiment sur ces beaux principes pour pouvoir goûter encore et encore aux avantages procurés par sa fonction.
Si Ernest Renan avait connu Cécile Duflot il l’aurait montrée en exemple pour illustre son célèbre propos : « La bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l’infini. »