François Hollande a "gaspillé" la parole présidentielle dimanche midi sur Canal+ dans une émission de divertissement relevant de la "société du spectacle" et se résumant à des "blagounettes" et une "chansonnette", assènent lundi des éditorialistes.
"Le bilan de François Hollande ? Deux heures d’infotainment" devant un public "jeune, bobo, geek", alors que les Français "attendaient des réponses sur l’emploi, sur la croissance", s’indigne Rémi Godeau (L’Opinion). "Même recyclage en pseudo-annonces de mesures anciennes...Mêmes promesses floues ou vaines...Mêmes formules creuses et tics verbaux", énumère-t-il.
Pour Patrick Apel-Muller (L’Humanité), l’exercice présidentiel fut "accablant" de "vacuité" comme "un dépliant publicitaire ou une mauvaise émission de variété". "L’opération L’Élysée drague les jeunes, hier, sur Canal Plus, s’est résumée à des blagounettes, une chansonnette, un clip du Sirpa (le service com des armées), une interview guimauve et à un exercice laborieux du président face à des lycéens".
"Sur le seul sujet où les Français l’attendent vraiment, et qui pourrait lui assurer une réélection, la croissance et l’emploi, il a beau répéter qu’il ne lâchera rien, il donne l’impression d’attendre", renchérit Michel Urvoy (Ouest-France).
"Mais que diable est-il donc allé faire dans ce théâtre cathodique, à l’heure du brunch dominical, sur une chaîne pour jeunes bobos branchés ?", s’énerve Florence Chédotal (La Montagne), dénonçant une parole présidentielle "gaspillée" et décrédibilisée.
Selon Pascal Coquis (Les Dernières Nouvelles d’Alsace), avec "ces deux heures de complaisant direct dans une émission branchée", Hollande nage en pleine "société du spectacle". Il sert à l’envi un discours "recyclable" visant à "simplifier et simplifier encore, sans prendre le risque de se voir contredit". "Sans prendre de risque tout court d’ailleurs", ajoute-t-il.
Lors de sa prestation "maîtrisée mais largement anecdotique" (Dominique Garraud, La Charente Libre), François Hollande s’est aussi agacé, souligne Cécile Cornudet (Les Échos). "Le moment est fugace, mais le sujet essentiel. Un reportage vient de s’achever qui fait parler des électeurs PS passés au FN", raconte-t-elle. Or "leurs propos sont terribles". Mais, analyse l’éditorialiste du journal économique, "confronté à ceux qu’il a déçus, François Hollande reste sans voix".
Si le chef de l’État ne cesse de manier "l’art de l’esquive", rappelle Olivier Pirot (La Nouvelle République du Centre Ouest), "le mystère s’épaissit" sur ses objectifs et ses méthodes. Et "les électeurs qui ont souhaité porter à l’Élysée un président normal font surtout face désormais à un inconnu".