Si nous ne cautionnons pas la violence des questions du reporter du Petit Journal de Canal+, il faut reconnaître que le ministre du Logement Emmanuelle Cosse n’aurait pas dû s’enfoncer dans son petit mensonge. C’est d’un très mauvais effet sur les Français, de droite (qui ne l’aiment pas) et de gauche (qui ne l’aiment plus trop).

On notera avec ravissement que même la gauche caviar gay-friendly – symbolisée par Yann Barthès et ses jeunes troupes – rentre dans le lard du ministre qui a été présidente d’Act Up-Paris de 1999 à 2001, qui vient de se faire renvoyer de EELV (les écolos, quoi) et qui visiblement met son ambition au-dessus de ses convictions.

Pour être honnêtes, nous admettrons qu’elle n’a pas encore appris à tenir sa langue de bois, c’est-à-dire mentir correctement, comme le font ses coreligionnaires du paysage politique français. Le plus drôle dans cet échange gauche-gauche, c’est quand la Cosse accuse Paul Larrouturou (le reporter, cousin de l’homme politique Pierre Larrouturou) de faire le jeu du Front national... Il a bon dos, le FN !

Dans cette histoire, le cocu, c’est le président de la République, qui comptait faire un coup politique avec son mercato d’hiver, et qui se retrouve avec des ministres incroyablement incompétents, qui plus est, vilipendés par tout le pays. Hollande a beau choisir des femmes venant de la diversité (sexuelle ou ethnique), histoire de parer les attaques à coups d’« antisexisme » et d’« antiracisme », son billard à trois bandes se retourne encore contre lui.

La Khomri et sa loi antisociale élaborée par Badinter (monsieur, pas madame) fait descendre travailleurs et syndicats dans la rue, tandis que la Cosse est plus connue pour sa capacité à s’accrocher à ses mandats (dont le cumul rapporte) de ministre et conseillère régionale d’Île-de-France, un point de chute en cas de chute, que pour sa politique du logement.

Dans une France socialement en voie de dévastation, le travail et le logement sont deux points cruciaux, traités à la légère par des chevaux très légers (sans jeu de mots). Cela montre en quelle estime notre élite tient la vie quotidienne des Français. Pour autant, nous n’allons pas nous attaquer à ces deux lampistes que sont Khomri et Cosse, sachant que l’oligarchie en place dispose d’un paquet d’autres cartouches pour faire le sale boulot.

L’ambition étant chez la plupart de nos hommes politiques puis puissante que les valeurs. On ne donnera pas de leçons, n’étant pas au pouvoir. Cela ne nous empêche pas de rire en douce aux contradictions manifestes que nous offre l’affligeant théâtre d’un pouvoir perdu, dérapant à chaque coup, sans imagination ni vision. C’est ça, le plus triste. Pas le pétage de plombs d’un ministre piégé par son appétit de pouvoir.

Dernière minute : la mise au point d’Emmanuelle Cosse sur les réseaux sociaux

Reportage du Petit Journal, mise au point

Un reportage tourné le 19 février dernier, et diffusé vendredi 12 mars, montre une altercation entre moi et un journaliste du Petit Journal de Canal +. S’il est légitime de la part d’une émission humoristique de mettre en scène des questionnements sur les élus, voire un peu d’emportement que j’assume comme élément de mon franc-parler, je tiens à apporter un certain nombre de précisions, dont je regrette qu’elles n’aient pas été prises en compte par mon interlocuteur.

Un mandat d’élu d’opposition n’est pas une fonction exécutive

Être élue d’opposition, ce n’est pas être membre d’un exécutif local ; c’est extrêmement différent en termes de pouvoir de décision comme de temps nécessaire à l’exercice du mandat, tout élu en conviendra. Je le sais d’autant plus que j’ai exercé les fonctions de Vice-Présidente de cette Région, la plus importante de France.

En conséquence, ma situation n’est en rien en contradiction avec la loi sur le cumul qui entrera en vigueur en 2017 ; je respecte la charte du gouvernement et l’engagement du Président de la République, qui veut que les ministres ne cumulent pas leur fonction avec un mandat dans un exécutif local (maire, maire-adjoint, président ou vice-président de Conseil départemental ou de Conseil régional).

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