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Alain Soral : L’intégralité de l’entretien accordé à Technikart

Josselin Bordat, de Technikart, tenait absolument à interroger Alain Soral sur la « mouvance » transcourant dont il est à ses yeux l’un des leaders, à l’occasion d’un dossier publié dans le numéro d’octobre 2008 de la revue. Pour ce jeune journaliste conformiste, un rassemblement des méchants serait en cours, lequel préfigurerait le FN de demain, incarné par Marine Le Pen. Le voyant venir avec ses gros sabots, notre rusé président à imposé au jeune sciencepoteux un entretien écrit, comme d’habitude inattaquable, à tel point que le jeunot n’en a retenu que deux phrases ! Technikart sans la censure, c’est sur egaliteetreconciliation.fr ! E&R


Comment définiriez vous rapidement votre parcours perso depuis l’enfance/adolescence ?


Sur le plan social et culturel, je suis un déclassé de la moyenne bourgeoisie de province qui a vécu son enfance dans une cité dortoir ouvrière des années 60 en banlieue parisienne, qui a fait ensuite ses humanités au collège Stanislas pour finir par un double cursus universitaire inachevé, beaux-arts et sociologie… Inachevé parce que j’ai bien vite compris que si je voulais avoir une petite chance de devenir un artiste et un intellectuel, je devais quitter la fac et me coltiner le réel. D’où un long parcours de marginalité qui m’a mené du Brésil à l’école Esmod, de l’Afrique au RMI, en passant par le journalisme, le sport et le cinéma…
Sur le plan affectif, je suis l’enfant d’une famille nombreuse ruinée et malheureuse, ce qui ajoute encore, en plus du déclassement, à ma capacité d’empathie et de conscience…


Quel rapport voyez-vous entre ce que vous êtes socialement et ce que vous pensez ou avez pensé politiquement ?


Un rapport direct de cause à effet !
En bon marxiste, je crois à la culture de classe, à la logique de classe et à l’intérêt de classe… Tout mon malheur, et tout mon inconfort, venant de ce que je suis, en tant que déclassé, de deux classes à la fois. D’où une double sensibilité, d’opprimé et de dominant, qui me rend particulièrement sensible au mensonge, à l’exploitation - donc à l’injustice sous toutes ses formes -, mais aussi qui me pousse à l’action. Une idiosyncrasie qui me donne, je crois, un grand sens du réel concret en même temps qu’un goût prononcé pour le concept, ces deux qualités étant propices à la pensée politique…


En envisageant trois de vos engagements politiques (PC, Chevènement et FN), comment expliqueriez-vous le passage de l’un à l’autre ? Quelle cohérence voyez-vous dans cette évolution ?


La cohérence de ces trois engagements successifs c’est : la permanence de mon refus du ralliement au libéralisme, qu’il soit économique ou idéologique.
D’abord ne pas supporter de voir le PC renoncer, à la fin des années 80, à son projet d’alternative radicale à la société bourgeoise par le combat de classe, pour s’effondrer dans le droitsdel’hommisme et la « lulutte » pour le « pouvoir d’achat ».
Ensuite, ne pas supporter de voir Chevènement être incapable de se hisser par les actes au niveau de ses idées et de ses prétentions politiques, en ne rompant qu’à moitié avec le PS, ce qui l’a d’ailleurs tué politiquement.
Face à ces deux déceptions successives, je fus bien obligé d’admettre que le seul mouvement politique encore capable de défier ce Système droitdel’hommiste libéral, qui avait tout bouffé, était le FN de Jean-Marie Le Pen, quelles que soient ses imperfections. Le politique n’est pas le lieu de l’idéal. En matière d’offre électorale on choisit toujours le moins pire…
La preuve de ma grande constance politique se vérifie pleinement par le discours de Montigny-les-Cormeilles, puisque ce que dit Le Pen depuis vingt ans, c’est ce que disait Marchais en 1981 (et qui a sans doute provoqué la liquidation du PCF)… Au cas où cette authentique culture de gauche vous ferait défaut, petit rappel :
Le 20 février 1981 : Georges Marchais réclame l’arrêt de l’immigration et dénonce le risque de ghettos dans les communes ouvrières. Il demande aussi plus de sévérité contre la drogue et la délinquance. Violemment attaqué par le PS et l’extrême gauche, Marchais riposte :
« Quelle idée lamentable se font ces gens-là des travailleurs : bornés, incultes, racistes, alcooliques, brutaux, voilà comment seraient les ouvriers et les ouvrières ! (…)
Nous posons le problème de l’immigration, ce serait pour favoriser le racisme ? Nous menons la lutte contre la drogue, ce serait parce que nous ne voulons pas combattre l’alcoolisme de notre clientèle ? (…)
Pour la jeunesse, je choisis l’étude, le sport, la lutte et non la drogue...
Alors, comme l’autre jour un dirigeant socialiste, ils crient tous en choeur « petainisme ». Quelle honte ! Quelle idée lamentable ces gens-la se font des travailleurs… Après vous, je le dis avec toute la force de mon indignation, de telles attaques ne déshonorent que leurs auteurs et ils ne méritent que le mépris. »
Cette convergence PC-FN les médias sont là pour nous la faire oublier !


Plus précisément, comment commence-t-on par s’engager dans un parti de tradition internationaliste pour finir par défendre l’alternationalisme ? C’est la réalité ou vos outils théoriques qui ont changé ?

Je crois avoir déjà partiellement répondu à votre question.
Pour la compléter, j’ajouterai qu’il ne faut pas confondre l’internationalisme du PCF, qui était la conscience, éminemment politique, que la défense du travailleur français passait, face à l’impérialisme au sens de Lénine, par la solidarité internationale des travailleurs… Et la conception anti-nationale de la LCR pour qui l’internationalisme n’est pas un outil social, mais le projet culturel de destruction des nations, et des différences nationales, dans le but de réaliser le grand melting-pot mondialiste qui est aussi, et ceci explique sans doute beaucoup de convergences actuelles (Besancenot chez Drucker, Philippe Val au MEDEF…) le projet ultime du libéralisme…
L’alter-nationalisme est un concept, dû à Jean-Claude Martinez, qui permet d’échapper à l’ambiguïté de ces deux définitions parfaitement contradictoires…


Qui a dragué qui entre Le Pen et vous ? Comment êtes vous passé de la provocation ("faire la plus grosse connerie possible"), au soutien/conseil "sans être membre", puis à l’adhésion ?


D’abord, même si je ne votais pas pour lui, Le Pen m’a toujours plu pour son insoumission et sa culture classique, et ce depuis le milieu des années 80, période qui a vu le politiquement correct, d’essence américaine, déferler sur notre France de la libre pensée… La chose qui me gênait chez lui, à l’époque, ce n’était pas ses dérapages, c’était sa confusion entre amour de la liberté et choix du libéralisme économique. Le national-libéralisme est un oxymore ; une approximation qu’il a corrigée depuis ! Le vote Le Pen, comme vote protestataire, était donc en moi de longue date, comme potentialité…
Il y a eut ensuite une rencontre à un dîner, due à une double curiosité littéraire, curiosité littéraire de ma part, parce qu’il m’intéressait, en tant qu’écrivain, de rencontrer un tel personnage ; curiosité littéraire de sa part aussi, parce qu’il avait beaucoup aimé mon pamphlet « Jusqu’ou va-t-on descendre »…
C’est à ce dîner que son charme et sa gentillesse aidant, je suis passé de la curiosité à l’affection, comme d’ailleurs tout ceux qui l’ont côtoyé réellement, que ce soit Moati ou Askolovitch…
Je suis donc devenu à la fois lepeniste par goût de l’insoumission, lepeniste par cohérence politique et lepeniste par amitié.
Ce charme ayant visiblement opéré dans les deux sens, il m’a alors proposé de devenir son conseiller, puis m’a coopté plus tard au Comité central sans m’avoir prévenu ni que j’en ai fait la demande – c’est sont côté farceur, son côté Dieudonné… Ainsi me suis-je donc retrouvé membre du FN de fait.
Même si ce genre d’adhésion n’est pas dans ma nature, je n’aurais pas eu l’inélégance de refuser…


Ne vous sentez-vous pas un peu "vilain petit canard" ou "freak" au FN ? Comment recevez-vous les accusations internes contre vous ou Marine concernant votre gauchisation supposée du discours du candidat Le Pen en 2007 ?

Au Front, je ne suis mal vu que par les « atlanto-libéraux » – je veux parler de ces bourgeois du Front qui ne rêvent que collaboration avec l’UMP… Des libéraux plus quelques racialistes - souvent la main dans la main dans leur désir de soumission à un atlanto-sionisme justifié par la « solidarité du monde blanc face aux bougnoules »… Des libéraux-racistes quantitativement très minoritaires, même s’ils pèsent encore un peu sur l’appareil, souvent de l’extérieur d’ailleurs…
Je me sens, au contraire, tout à fait apprécié par les Frontistes authentiques, frontistes populaires et frontistes cultivés… Les premiers sentant bien que je suis de la gauche sociale, les seconds partageant avec moi un goût pour la culture et la tradition française ainsi qu’une insoumission radicale à la sous culture yankee… C’est pourquoi j’entretiens d’aussi bons rapports avec Marine, à la fibre très sociale, qu’avec monsieur Gollnisch, certes plus à droite - disons le digne représentant de cette ex-moyenne bourgeoisie française enracinée et cultivée, aujourd’hui en voie de disparition. Bref, un parfait honnête homme dont j’apprécie – comme notre ancien premier ministre, feu monsieur Raymond Barre, le déclarait lui-même - la grande culture, l’impeccable courtoisie et le sens de la fidélité…
Pour résumer, le FN étant constitué des déçus de la gauche sociale, trahis par la gauche bobo, et des déçus de cette droite des valeurs, trahie par la droite d’affaire bling-bling, il est après tout assez logique que j’y sois apprécié. Mes détracteurs se trouvant plutôt à l’extérieur, au sein de cette extrême droite anti-FN ralliée, comme Dantec, aux néo-conservateurs, et qui reproche à juste titre au Front national de n’être pas un vrai mouvement d’extrême droite, comme Lionel Jospin l’a récemment reconnu lui même, maintenant que, n’étant plus rien, il peut enfin dire la vérité…


Comment se fait-il que vous sachiez très bien voir derrière la rhétorique pseudo-révolutionnaire de l’extreme-gauche type LCR la récupération par ce que vous appelez le "système", et que vous n’aperceviez pas ou plus qu’un reproche identique est adressé avec raison au Front National depuis au moins 20 ans ?
Comment pouvez-vous être du côté de ceux qui s’arrêtent à la rhétorique anti-système de ce parti, alors qu’il occupe une fonction évidente et parfaitement inoffensive (2002 l’a démontré) de tampon/alibi entre les partis de gouvernement et les partis/groupuscules extra-parlementaires ?


Je suis absolument d’accord avec vous sur la première proposition : en tant que mouvement anti-Système, la LCR est parfaitement bidon !
La où je ne peux pas vous suivre, c’est qu’il n’y a absolument pas symétrie entre la façon dont la LCR - et d’une façon générale tout l’antifascisme gauchiste adolescent - collabore au Système, et la façon dont le Système est parvenu, jusqu’ici, à neutraliser ce mouvement d’essence anti-Système qu’est le FN…
Alors que, depuis 1969, le pouvoir n’a jamais rien fait contre le gauchisme, au contraire : sur le plan sociétal, le gauchisme règne à peu près partout et jusqu’à l’Elysée, via Carla Bruni-Sarkozy, ex-fan du groupe lycéen-baba Téléphone… Il aura fallu, pour endiguer la montée populaire du FN, multiplier les redécoupages électoraux et changer la loi électorale, recourir à la diabolisation médiatique systématique, aller jusqu’au vote d’une loi d’exception anticonstitutionnelle sans parler des montages d’opérations criminelles sous faux drapeaux…
Pour achever de vous démontrer sans conteste, cette dissymétrie : on ne verra jamais Jean-Marie Le Pen invité chez Michel Drucker, même pour s’y faire agonir et encore moins pour lui servir la soupe !


Sans forcément partager vos thèses, les gens intelligents et libres apprécient leur vigueur, mais ils peuvent être gênés par deux phénomènes qui me semblent récurrents dans votre discours :
1. une tentation sophistico-narcissique : jouer avec un brio rhétorique sur des liens causaux suggestifs mais indémontrés, et permettant d’effaroucher les esprits faibles ; en gros donner souvent la prime à votre plaisir iconoclaste par rapport à la vérité et à la logique. Préférez-vous amuser ou convaincre ?
2. la tendance à identifier les interdits manifestes sanctionnés par le droit et les tabous latent d’une société donnée. Sans minorer évidemment la dureté des attaques que vous subissez et la difficulté de faire face à la justice, pensez-vous que vos condamnations au regard du droit positif sont la preuve de votre dissidence ?


Il me semble que vous associez, comme si elles marchaient ensembles, deux choses qui ne sont pas sur le même plan. Que mon discours soit formellement narcissique, peu académique, parfois violent et parfois dit sur un ton, je le reconnais, détestable… ne disqualifie en rien le sérieux de mon argumentation et le réalisme de mes thèses. C’est d’ailleurs cette rigueur indiscutable, la cohérence de mes analyses et la justesse de mes prévisions qui font que, malgré mes dérapages et l’omerta, mes idées progressent… Pour vous le démontrer par un exemple bien concret et lui incontestable : je peux continuer aujourd’hui à dire que si l’on veut lutter contre la destruction des églises orthodoxes dans les Balkans, il faut être contre les Américains, tandis que Dantec, pour avoir affirmé l’inverse, est obligé aujourd’hui de fermer sa gueule et d’aller se cacher dans un trou, parce pour départager nos deux argumentations, il y a eut depuis, la vérité du Kosovo…
En fait, la raison profonde qui pousse certains à ne pas partager mes thèses, c’est leur intérêt bien senti : admettre que j’ai raison serait admettre à la fois leur malhonnêteté et leur illégitimité, ce qui ne manquerait pas d’avoir des conséquences funestes sur leurs privilèges… La logique n’est donc pas en cause - puisque tout ça est fort cohérent - et il s’agit bien, en réalité, d’un réflexe de classe ou de caste, qui peut être d’ailleurs en partie inconscient…
Quant à ce que vous appelez les « esprits faibles », il s’agit en réalité du peuple de France qui, à force de souffrance, finit par comprendre par le recours au simple bon sens, qui lui ment, qui joue pour et qui joue contre ses intérêts…
Pour répondre enfin à la dernière de cette première série de questions dans la question : je préfère convaincre en amusant, c’est pourquoi mes prestations télévisées m’ont permis de toucher, à l’époque où l’on m’invitait, un large public avec mes livres, et d’amener à la conscience et au sérieux du concept des gens qu’on avait voulu persuader, à force d’arrogance et de jargonnage, que ce plaisir d’élite était au-dessus de leurs moyens…

Pour répondre maintenant à votre deuxième série de questions dans la question : les interdits et les tabous d’une société donnée, en l’occurrence notre société française actuelle, ce qui n’est pas abstrait, révèlent négativement où est le pouvoir et quelles sont ses clefs de domination idéologiques. Quand l’élite sociale tirait sa domination de Dieu, la loi punissait la critique de son Eglise et la contestation de l’existence de Dieu. Dans l’union soviétique, c’était la contestation du sens de l’histoire et l’opposition au pouvoir du Parti qui vous valait condamnation.
La loi, changeante, et qui n’a rien à voir avec un quelconque droit positif abstrait, est en réalité la ratification, et l’habillage pseudo logico-formel, d’un rapport d’utilités et d’un rapport de forces très concrets. C’est pourquoi la loi évolue à leur suite et non l’inverse. Ce qui me fait condamner aujourd’hui était critiquable mais non condamnable il y a 30 ans, était considéré comme l’évidence il y a 60 ans, et était la loi même il y a deux siècles ! Qui sait ce que sera la loi dans 30 ans ?
Selon cette approche réaliste de la loi, la persécution légale pour des idées politiques déviantes - puisqu’il ne s’agit pas de délinquance de droit commun - qu’est en réalité la justice dans un Etat de droit, est non seulement la preuve de la dissidence, mais c’est même la seule. C’est parce que Spinoza le savait qu’il n’a rien publié de son vivant, et c’est parce qu’Olivier Besancenot ne subit aucune foudre de la loi, bien qu’il annonce vouloir renverser l’ordre social qui la fonde, qu’il ne peut pas être un dissident.
La dissidence a un prix : être dans le collimateur du pouvoir, donc condamné par la justice et vilipendé par les médias…


Comment avez-vous reçu l’épisode du parrainage de la fille de Dieudonné ?

Comment expliquez-vous que celui soit néanmoins toujours dans le déni et ne fasse pas son coming out plein et entier ?

Je l’ai reçu avec amusement.
Le Pen et Dieudonné sont deux insoumis bretons au fort caractère et au sens comique très développé, ils étaient faits pour s’apprécier ! Ce parrainage s’inscrit donc à la fois dans une tradition d’amitié, mais aussi dans le genre de farce qu’avaient pu faire, à l’époque, les regrettés Coluche et Le Luron… Mais comme aujourd’hui, à l’ère Delanoé, le mariage homo n’a plus rien de subversif, je ne vois pas ce qu’on pouvait trouver de mieux qu’un nègre et un facho réconciliés sur l’âme chrétienne d’une petite métisse, par un curé traditionaliste ?!
Maintenant, si je dois réfléchir au sens profond de cet acte hautement symbolique, je pense qu’il s’agit, dans l’esprit de Dieudonné, d’un geste de compassion doublé d’une geste de provocation. Geste de compassion envers ces autres persécutés de l’esprit que sont les catholiques anti Vatican II, cette droite des valeurs que Dieudonné a longtemps insultée, sans la connaître ni la comprendre, par manque de culture politique. Un geste d’amour et de paix donc, doublé d’un geste de provocation envers cette police de la bienpensance que sont désormais les médias… Magnifique geste au sens double : à la fois main tendue à d’autres forces de l’esprit et doigt donneur lancé à la face des cons !
Quant à la question du coming out, Dieudonné ne fait que se plier à la règle du jeu imposé par le Système. À cette violence de l’interdit qui oblige l’homme de vérité au flou artistique, au clin d’œil, au double langage, au non dit… sous peine de voir sa vie sociale brisée.
Est-ce qu’on demande à Finkielkraut de faire son coming out raciste anti-nègre, quand il se fait prendre à fustiger l’équipe de France black-black-black qui serait la risée de l’Europe, dans un journal israélien ? Les récentes péripéties médiatiques d’un Bigard nous démontrent que quand on veut faire passer un bout de vérité, on a plutôt intérêt à ruser !


Vous défendez notamment sous le nom de "droite des valeurs" une alliance entre les cathos intégristes et les islamistes radicaux.

C’est votre paranoïa qui vous fait réduire la droite des valeurs à cette réconciliation religieuse qui vous obsède, parce qu’elle va contre le projet guerrier de « conflit de civilisations » voulu par l’alliance atlantiste…
La droite des valeurs, c’est d’abord la bourgeoisie comme classe de la culture - en référence au XVIIIème siècle français - contre la nouvelle bourgeoise de la finance inculte, incarnée par l’entourage de Sarkozy.
Dans la droite des valeurs, je mets tous les spiritualistes attachés à la longue histoire, y compris Eric Zemmour et les juifs orthodoxes…


Mais on peut penser par ailleurs que cette alliance n’a strictement aucune chance de voir le jour, puisque les deux camps ont plutôt vocation à s’exterminer.

Vous voyez ! « Vocation » à s’exterminer ?!
N’est-ce pas plutôt de votre vocation dont vous parlez ? Un rêve qui n’est autre que le grand projet néo-conservateur : que les catholiques et les musulmans s’exterminent pour le plus grand profit de l’oligarchie occidentaliste ?! Pourquoi ne pas plutôt travailler à ce que les chrétiens et les musulmans vivent en bonne intelligence, comme ils le font d’ailleurs depuis des siècles autour du mare nostrum, la Méditerranée ?
Le destin de la France chrétienne c’est l’échange pacifique avec son Sud musulman et son Est orthodoxe. A l’Ouest prolifèrent surtout les rêves d’extermination : Indiens, Palestiniens, Serbes… et demain Iraniens…


Dans ce type de copules contre-intuitives, n’êtes vous pas condamné alors à choisir entre un compromis politique improbable et des provocations/actions ponctuelles possibles mais superficielles ou sans lendemains politiques (du type "Dieudonné chez Laguérie", "Dieudonné à la fête du bleu-blanc-rouge" ou "A. Moualek interviewe Le Pen") ?
En tant qu’intellectuel, comment recevez vous ce type d’événements médiatiques ?


Vous m’apprenez que ces évidences civilisationnelles : le Liban multiconfessionnel où le Hezbollah marche la main dans la main avec le général Aoun maronite, ces alliances géopolitiques bien concrètes : Chavez/Poutine, Russie/Iran et autre Club de Shanghai… ne sont que des copules contre-intuitives sans lendemain politique…
Plus sérieusement, la réconciliation que je prône entre noirs et blancs en France, entre chrétiens et musulmans dans le monde méditerranéen ne sont pas des provocations ponctuelles mais des tentatives pour sauver la fraternité française ici et la paix partout, face aux manipulations.
Les coups réussis dont vous parlez sont là pour démontrer que c’est possible.
Ce sont ces actions symboliques d’avant garde qui font bouger les lignes. Si Dieudonné et Le Pen peuvent se respecter, alors la France est sauvée, sinon ce sera l’éclatement communautaire et le Kosovo… Seul un salaud peut vouloir ça.
En tant qu’intellectuel, je reçois donc ces évènements médiatiques comme des signes d’espoir, et j’ajouterais qu’en tant qu’activiste politique, je suis fier d’y participer !


Acceptez vous d’appartenir à la catégorie (polémique et savante) de l’"extrême-droite" ?

Avec tout ce que je viens de vous exposer, il est clair, il me semble, que j’en suis aux antipodes. National républicain, oui, gaucho-lepeniste à la rigueur ; plus sérieusement un lecteur assidu de Marx et Sorel, admirateur de Lumumba et intrigué par Guénon…
Mais je crois que la réponse la plus crédible à cette question est donnée par l’extrême droite elle-même. Pour ceux qui s’en réclament, et ils le disent clairement, je ne fais pas partie de la famille. Certains ajoutent ensuite que bien que de culture marxiste et socialement à gauche, ils respectent chez moi un certain courage physique et un sens du panache. Qualités qui, depuis quelques décennies je dois l’admettre, se retrouvent surtout à droite. La clique des bobo-libéraux étant assurément la sous-classe socio-politique la plus abjecte et la plus répugnante du monde.


La une du numéro d’octobre 2008 de Technikart et le dossier consacré à Dieudonné, Alain Soral et Farid Smahi (pdf)
 
 

Livres de Alain Soral (116)