Mmouais. Je ne connais pas cette chanteuse, mais je viens d’écouter. Évidemment, c’est de l’argot, c’est à peine compréhensible, c’est plus rythmé que sensé, mais n’est-ce pas aussi ce qui caractérise un travail sur la langue ?
Beaucoup ici apprécient L-F. Céline, mais à son époque, la critique littéraire lui reprochait exactement les mêmes choses. Un exemple, tiré de Mort à crédit, à mettre en rapport avec la belle langue des écrivains de l’époque (Giono, André Maurois, Radiguet, Marcel Aymé, Cendrars, Gide, Bernanos, etc.) :
« C’est dans ce rayon-là que je vais me lancer désormais. Pour être plus sûr je trifouille le fond de mes papiers. Je ne retrouve rien. je téléphone à Delumelle mon placeur ; je veux m’en faire un mortel ennemi. Je veux qu’il râle sous les injures. Il en faut pour le cailler ! Il s’en fout ! Il a des millions. Il me répond de prendre des vacances. Elle arrive enfin, ma Vitruve. Je me méfie d’elle. J’ai des raisons fort sérieuses. Où que tu l’as mise ma belle œuvre ? que je l’attaque comme ça de but en blanc ».
Attention, je ne prétends pas que Nakamura est au niveau de Céline (!), bien sûr, je rappelle simplement que la langue est vivante et que les expérimentations stylistiques ont toujours suscité de la résistance et du scandale.