Il est vrai que des musiciens de haut vol nous avaient prévenus : « toute musique aujourd’hui est une redite » (Christian Vander – Magma). Et ce depuis plusieurs décennies déjà. Mais une redite peut être de bonne facture, provoquer de belles émotions, parler à l’auditeur et surtout l’élever !
Mais aujourd’hui la descente est rude et la fin est proche. Quel drame donc que de devoir se réjouir de la médiocrité de la redite en musique pour tenter d’oublier la boue qui inonde nos oreilles à la télévision, la radio, ou pire – grâce à l’enrichissement que nous offre l’immigration – dans la rue par l’intermédiaire des enceintes portables bluetooth ou des autoradios (les citadins des grandes villes et des banlieues nous comprendront pour ces deux derniers points).
Quel cache-misère donc de se satisfaire même d’un Patrick Bruel ; mais au royaume des aveugles les borgnes sont rois !
Ecoutons à présent les deux artistes sacrés « artistes masculin et féminin de l’année 2023 » lors de la première édition des Flammes, trophées dédiés au rap et ses courants, autant dire à un flux sonore excrémentiel :
Le Figaro, qui fut pourtant parait-il un journal de droite bon teint, s’émeut presque de ce stercoraire palmarès :
C’est une belle revanche pour la Franco Malienne, chanteuse francophone la plus écoutée au monde, jamais récompensée par un prix majeur aux Victoires de la musique. Cette dernière cérémonie ne lui avait concédé qu’un trophée de l’artiste la plus streamée en 2022, distinction purement statistique n’émanant pas d’une décision d’un jury. Cette fois, ce prix des Flammes découle du choix de jurés, professionnels de l’industrie musicale dans la sphère rap/r’n’b/nouvelle pop.
Car l’on apprend que la « Franco-malienne » est la chanteuse francophone la plus écoutée au monde (plus de 900 millions de vues sur YouTube) ! Ha qu’elle est loin la douce époque où les Mireille Mathieu et les Nana Mouskouri faisaient rayonner l’image de la France dans le monde. Et, à l’époque, jeunes, nous nous moquions d’elles que l’on disait ringardes ! Notre honte est imprescriptible.
Pour revenir à notre belle gazelle charpentée, nous sommes pris de doutes quant à l’attribut « francophone » :
Oh Djadja Y a pas moyen Djadja J’suis pas ta catin Djadja, genre en catchana baby tu dead ça
De toute cette chienlit, la (double) question du sage qui montre la lune reste entière si l’on cesse de regarder son doigt : à qui profite cet abrutissement quasi-bestial de toute une génération et, deuxièmement, qui empoche l’argent ?
La réponse (incomplète) de Fary
« Derrière tout grand rappeur, il y a un homme blanc qui prend du cash et ça c'est bon à savoir"#LESFLAMMES2023
— Damien Rieu (@DamienRieu) May 11, 2023
Et l’inévitable intervention de l’amoureux de la jeunesse :
monsieur Sous-Culture !
Au @theatrechatelet pour @LesFlammes2023. La salle est vibrante, éclatante, heureuse. Je me bats depuis si longtemps pour les musiques populaires et urbaines, trop souvent rejetées, qui ENFIN triomphent. Ils sont la jeunesse en mouvement.
Ils sont la création vivante et joyeuse.— Jack Lang (@jack_lang) May 11, 2023
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L’article du Figaro
C’est une belle revanche pour la Franco Malienne, chanteuse francophone la plus écoutée au monde, jamais récompensée par un prix majeur aux Victoires de la musique.
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En janvier, la chanteuse de 28 ans a sorti « DNK », son 4e album. Sa vie a basculé avec la sortie de « Djadja », morceau de 2018 à l’écho planétaire. Ce hit cumule plus de 900 millions de vues sur YouTube et a même fait danser les enfants de Madonna, comme on l’a vu sur les réseaux sociaux.
Gazo a été sacré artiste masculin, aux dépens des favoris Dinos et Tiakola. « KMT », son dernier album, sorti en 2022, s’est classé 4e des meilleures ventes en France l’année écoulée.
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D’autres catégories mêlaient jury et vote du public. Les Flammes se veulent une alternative aux Victoires de la musique, qui sous-représentent le rap et ses courants dans les récompenses.