La Confédération paysanne ! Il y avait longtemps qu’on n’avait pas entendu parler d’elle. Elle faisait du foin médiatique au début des années 2000, José Bové était un héros – il avait déboulonné un Macdo et avait échappé aux bombardements de représailles de l’USAF –, on parlait de candidature à la présidentielle pour lui et pof, un jour, tout s’est effondré.
Jusque-là, Jo avait tout bon : gauche, écologie, moustache et roquefort. Le jour où tout s’est effondré ? Le 1er avril 2002, trois semaines avant le 1er tour des présidentielles anti-Jospin. Un mot malheureux sur Israël en revenant de Palestine, à l’aéroport. Aussitôt, tir de barrage médiatique, lance-missiles et compagnie, le Bové, réduit en charpie, en viande hachée antisioniste.
Aujourd’hui, tout va mieux pour José : il a fait son mea culpa casher, mais il n’est jamais plus réapparu dans les médias. Sa moustache gauloise et sa pipe ont été remplacées par d’autres colifichets symboliques, c’est Mélenchon avec sa blouse Staline et ses gros mots contre les journalistes qui tient la corde de l’opposition de théâtre. La Confédération, elle, existe toujours, mais le vent n’est plus en poupe. Hier, les paysans de l’assoce se sont opposés à un projet de ferme rassemblant 4 000 bovins en Saône-et-Loire qui serait synonyme, selon eux, de dérives liées à « l’industrialisation de l’agriculture ».
Les Américains et les Brésiliens ne se font pas chier, eux, avec leurs feed lots de 100 000 têtes...
D’un pur point de vue pureté, on peut leur donner raison. Mais il y a une chose qu’ils ignorent, ou veulent ignorer : la France, si elle exporte des bovins (sur pied), elle importe de la viande. Ça veut dire qu’on n’en fabrique pas assez. Les morceaux, les pièces découpées, on les importe, d’Allemagne et d’ailleurs, ces fameuses grandes fermes de l’Est qui ont repris le travail forcé pour le compte des Allemands. La France ne peut pas s’aligner sur ces prix. Quant à la qualité, ce qui vient d’Europe ou du Brésil laisse à désirer, question piquouse dans les culardes. La bête est camée, la viande l’est aussi.
La production française est trop fragmentée, et le plus gros producteur de viande en morceaux, le groupe Bigard, est obligé d’importer pour servir les cantines de nos enfants. Alors, la Confédération, on fait comment ? En passant, le fils Bigard (le viandard, pas l’humoriste) s’est fait allumer par Ruffin pendant une commission à l’Assemblée...
La bande à Bové s’était fait choper par la patrouille en arrachant des plants de maïs OGM. Un acte symbolique qui avait eu le mérite de déclencher le débat sur la pénétration de l’agro-business américain sur les terres européennes. Un débat toujours pas tranché puisque les instances européennes se font en douce lobbyiser par les multinationales de la bouffe. Les peuples et les cancers, ça passe après le profit !
C’est comme les TGV, devenus plus chers, plus sales, et plus lents. Si on ajoute les temps de retard sur les trajets longue distance en France, par exemple les Paris-Lyon, on peut dire que certains TGV roulent à 100 à l’heure au lieu de 300. C’est ça, le progrès. La qualité du service, aux oubliettes ! La SNCF doit faire de la marge – et non pas du chiffre, c’est très différent comme stratégie – et c’est le peuple voyageur qui morfle.
- Rame de Ouigo vue de haut
Heureusement, dans sa grande bonté, malgré toutes les galères accumulées depuis le début de son mandat (en même temps il n’est pas responsable de tout, mais s’il n’est pas responsable, alors qu’est-ce qu’il fout à ce poste ?), le père Pepy, ce contrôleur en chef du rail français, nous offre un Ouigo qui ira au cœur de Paris à partir du 10 décembre. Ouais, vive Pepy !
Par flemme, on vous balance un paragraphe de BFM Business :
En mars, Rachel Picard, la directrice générale de Voyages-SNCF avait déclaré qu’en 2016 les rames de TGV de Ouigo avaient transporté 5,1 millions de voyageurs. L’objectif de Voyages-SNCF est bien plus ambitieux. La société désire multiplier par 5 le nombre de passagers dans ses TGV Ouigo d’ici 2020.
Alors là, très malin ! D’abord, la direction de la SNCF a supprimé progressivement les bas tarifs pour engranger de la marge, beaucoup de Français ne pouvant pas se passer du TGV, puis elle a réintroduit ces tarifs mais dans des conditions de 3e classe. À l’arrivée, le Pauvre qui veut aller de Lyon à Paris pour 10 euros doit se taper un voyage en tram de Lyon à l’aéroport de Saint-Exupéry, 30 minutes pour 14 euros [1], puis le voyage en TGV jusqu’à Marne-la-Vallée (avec toutes les familles de blaireaux qui vont chez Disney), et là, prendre un billet de RER à 8 euros pour un superbe voyage en banlieue de 45 (sans les pannes et les attaques des Apaches) minutes pour arriver au cœur de la capitale, crade comme une after de SDF déchirés au picrate. Et on s’étonne que BlaBlaCar cartonne.
Ah, on oubliait, il faut faire la queue au moins 30 minutes avant le départ, départ qui a lieu vers 6h30 du matin... Conclusion, le temps de trajet Ouigo équivaut à celui du bus : 5 heures ! Autant se taper un Macron, un car Macron.
- Chez lui, le pirate met toujours une cagoule et une capuche
Dans le genre bonne nouvelle (pour la dominance), Hadopi refout son sale nez sur le Net pour punir les petits téléchargeurs de films et autres jeux. On croyait en avoir fini avec la répression pour le compte des multinationales du culturel, mais non, le Conseil d’État (à l’origine de la pitoyable décision anti-Dieudonné) est en train de plancher dessus. Pierre Lescure s’y était cassé les dents, le branché (oligarchie ?) Ariel Wizman de Canal+ était apparu dans une pub culpabilisatrice, et tout ça avait fini à la poubelle. Mais l’industrie du disque et du film ne veut pas lâcher les vilains pauvres qui n’obéissent pas ! Le profit, c’est sacré !
Achtung : on ne défend pas ici le vol, le piratage et tout le toutim, on rappelle juste les marges insolentes que le divertissement industriel s’est fait et se fait encore sur les dos des consommateurs, pas tous riches, loin de là. Sachant qu’un CD musical est fabriqué pour 1 euro, et revendu pour 12 ou 15, calculez tout ce que les amis du PDG d’Universal se sont foutu dans les poches en 40 ans de conso culturelle de masse. Ce sont eux ensuite qui forment les groupes de pression qui obtiennent des lois scélérates de la part de politiques qui trahissent l’intérêt général pour des intérêts privés. Un fonctionnement qui semble récurrent en France...
Moralité
Ouigo c’est le piratage du service public.