Le Monde , inquiet, invite deux penseurs pour analyser la montée du populisme : Dominique Reynié, qui représente l’élite (emballage LR), et Gilles Finchelstein, qui représente aussi l’élite (emballage PS).
Le débatteur du populisme, lui, a dû louper son métro, ou se faire dévorer par des migrants sur le chemin. Ah, les pauvres, après ils se demandent pourquoi ils restent pauvres... Tant pis, commençons sans lui.
Dominique Reynié, prof à Sciences Po devenu homme Po, pense que le populisme est la réponse du peuple à un changement subi, et non désiré, un changement provoqué par la mondialisation. Ce serait donc la faute aux « grandes mutations technologiques » qui « déstabilisent… les classes moyennes qui du coup deviennent une cible particulière pour des candidats populistes ». Rien à voir avec le ras-le-bol des gens pour une classe politique qui a quasiment échoué dans tout ce qu’elle a entrepris... sauf pour l’élite, et là c’est une autre histoire, nettement plus radieuse.
Finchelstein, le conseiller qui monte (c’est le remplaçant d’Attali), donne son point de vue sur « l’identité », à laquelle il préfère « une idée de la France », dont on imagine qu’il a dû la souffler à Hollande, puisqu’il en est le conseiller : « Ne pas la résumer à une nostalgie de la France telle qu’elle était ou telle qu’on pensait qu’elle était au début du XXe siècle, la projeter dans l’avenir, regarder la France telle qu’elle est, c’est-à-dire dans sa diversité, une France qui est engagée dans l’Europe qui est ouverte sur le monde, c’est à partir de ça qu’il faut penser notre identité ou l’idée de la France. Et il faut se méfier de la manière dont on utilise dans le débat public ce débat sur l’identité, parce que il peut être un risque pour la démocratie ».
Comprendre que la démocratie, c’est eux, l’élite. Et nous, le populisme. De cette façon les choses sont beaucoup plus claires. Tout le discours de ces gens-là prend un sens nouveau, cynique, réaliste, oligarchique. L’anti-France ne veut pas d’un retour de la France, tout simplement. Et quand l’arbitre du débat tronqué – il n’y a pas un « populiste » en plateau, c’est tout bonnement interdit – explique en gros que les Français n’accordent plus beaucoup d’estime à la « démocratie », il faut bien comprendre qu’il s’agit d’estime pour l’élite, qui a perdu son aura, sa crédibilité, et c’est ça qui l’inquiète. Nous non. Plus la France d’en haut flippe, mieux on se sent. Certes, on se prend de la hausse des prix, du chômage et du terrorisme en retour, mais on n’a rien sans rien. Tout se paye, surtout la victoire.
Écoutez Finchy :
« L’élément le plus inquiétant quand on regarde la France aujourd’hui, il y a quelques mois on avait interrogé les Français avec une question très simple, “est-ce que vous considérez que la démocratie est le meilleur des systèmes ou est-ce que un autre système pourrait s’y substituer ?”, presque le tiers des Français disait “un autre système peut s’y substituer”. »
- Le 11 juin 2012, Enrico chante à Marseille pour aider à soigner les blessés d’Israël
Or il n’y a qu’un système, le système démocratique, et il est biaisé, puisqu’il travaille objectivement pour l’élite plus que pour le peuple. Du coup, la déchirure étant actée, chacun reconnaîtra les siens. Justement, Enrico n’attendra pas : en cas de victoire des méchants en 2017, il déclare vouloir s’exiler pour « la Suisse, la Corse ou Israël ». Bonne idée ! Il prendra un jet privé avec Jamel et Noah, qui ont déjà averti les Français en substance que ce sera « elle ou nous ». Le dilemme... Quoi qu’il arrive, on ne lui conseille pas Israël, qui est une terre volée en guerre permanente contre le monde entier, et dirigée par une dictature militaire à moitié paranoïaque. Enrico est-il au courant ?
- Alain Juppé se pose en rempart contre Marine Le Pen qui elle se pose en rempart contre le PU (le parti unique LRPS)
Un qui refuse de fuir lâchement, c’est Alain. Alain Juppé se pose en rempart contre Marine Le Pen. Déjà, il a eu l’intelligence de ne pas dire qu’il offrait son corps à la République, et que le fascisme devrait lui passer dessus, et autres conneries antifas. Mais ça fait léger, comme programme. À ce propos, le programme de Ju-P, c’est quoi ? Le RPR et ses magouilles des années 90 ? Les grandes manifs anti-Juppé de 1995 ? On va où, là ? Dominique Reynié, moins impliqué ou moins mouillé dans le Système que Finchy, a raison de dire que l’élection 2017 est déjà foutue : au mieux, on évite Sarko et Hollande, ces deux repoussoirs, mais on se retrouve avec Ju-P, et puis... quoi ? Une grosse, une très grosse frustration, et rebelote en beaucoup plus rock and roll pour 2022. Si le Ju-P tient jusque-là...
En attendant que le couperet tombe sur la tête du peuple, parce que ça finira de cette façon, l’austère Juppé, qui est en quelque sorte la synthèse de Hollande et Sarkozy, un truc du centre mi-mou mi-dur, en a sorti une bonne, quand il a raillé les « effets de manche » de Sarkozy. Le manche, c’est Sarko ?