« Aujourd’hui, je désire autre chose et c’est jouer la comédie, pour le plaisir de ne plus être moi pendant quelques heures »
Ainsi Nabilla va-t-elle tourner pour France 2. France Télévisions qui s’enorgueillissait, dans une époque pas très lointaine, de ne jamais diffuser de télé-réalité, ce rabaissement culturel réservé aux chaînes privées (de morale). En vérité, le groupe public n’a pas triché avec son cahier des charges, puisque la vedette aux gros seins va tourner dans une série, et pas dans une horreur du type NRJ12.
« Elle est pas censée être en taule ? », demande innocemment Pierre, dans l’open space (espace ouvert) ultramoderne de la rédac, situé au 33e étage d’une tour chic de la Défense. Apparemment non. Que celui qui n’a jamais eu envie de donner un coup de couteau à son conjoint lui jette la première pierre, à cette pauvre Nabilla. Qu’on la laisse un peu tranquille, merde quand même ! On sait tous que les crimes passionnels sont souvent pardonnés, en France. En revanche, un attentat n’est pas un crime passionnel, donc pas de pitié.
Nabilla va réaliser un de ses rêves d’enfant, cet enfant qu’elle est un peu restée, malgré les poumons déformés, une maladie déformante. La maladie des poumons enflés (MPE), dite aussi maladie des gros poumons (MGP), est relativement récente. Elle touche de plus en plus de jeunes filles, qu’elle empêche de conserver une silhouette naturelle : elle les alourdit, les gêne pour la course à pied par exemple (le 100 mètres haies c’est chute sur chute), le sport en général ou les tâches typiquement féministes comme le ménage (si la personne atteinte de MPE se penche trop en avant, elle peut basculer), et enfin l’exercice de la pensée. Des chercheurs ont noté qu’elle empêchait les hommes de penser, aussi. Car la maladie des gros poumons peut faire suffoquer les hommes. C’est un drame mixte.
Autre genre de drame, puisqu’on est dans les drames, la propreté de nos océans. Le pape François, du haut de sa très haute fonction, nous enjoint à conserver nos mers propres, car c’est le siège de la Vie et notre mère à tous. Et là, on se demande s’il n’outrepasse pas un peu sa fonction, en devenant quelque chose comme le ministre international de l’Écologie, dans un pseudo-gouvernement mondial cher à Jacques Attali, et présidé par Jacques Attali, ce qui ferait infiniment plaisir à ce dernier, avant de disparaître de la surface de la terre. On peut lui faire ça une fois, un jour, laisser Attali croire qu’il est devenu président d’un monde meilleur, dans un gouvernement mondial parfait, basé à Jérusalem (reprise aux Arabes et aux chrétiens). Nous, qu’est-ce que ça nous coûterait ? Rien. Lui, ça justifierait le combat de toute une vie, cerise énorme sur un petit gâteau sec.
Oui, le pape sort de ses rails. Sa mission – on ne donne pas de leçons, on recadre le débat – consiste à représenter et guider les chrétiens en leur rappelant la lettre du Christ, c’est une image, pas à sortir des trucs du genre « les fumées c’est pas bien, Monsanto ils craignent, les voitures électriques de Bolloré c’est super, l’esprit Canal est mort » et autres fadaises contemporaines. Tout ça, on le sait déjà. On n’a pas besoin d’un pape pour nous le seriner. Le pape, il doit dire des choses genre Jésus (on parle un peu le Nabilla) : les premiers seront les derniers, les pauvres seront heureux, les riches paieront, etc.
Les riches paieront ? Ben c’est pas pour demain. Le Canard enchaîné vient de sortir une bombe fiscale anti-Bercy (qui porte plainte direct) avec la liste des 50 très gros contribuables qui arrivent, via le nouveau bouclier fiscal, à ne lâcher qu’une partie de ce qu’ils devraient théoriquement à l’État, c’est-à-dire à nous, les pauvres. Ils réussissent à ne quasiment pas payer d’impôt de solidarité sur la fortune. La solidarité, c’est vraiment un truc de pauvres.
Voici ce que dit la loi : « L’impôt sur les revenus de 2015 ajouté à l’ISF 2016 ne doit pas dépasser 75% des revenus perçus en 2015. En cas de dépassement, la différence vient en déduction du montant de l’ISF. L’excédent en revanche n’est jamais restitué. »
Le principe de l’ISF nouvelle version, qui a remplacé le bouclier fiscal, est un peu tiré par les cheveux, mais en résumé, on peut dire que la réforme de Sarkozy, qui permettait aux riches de ne pas se faire ratisser au-delà de 50% de leurs revenus, a été revue et corrigée par les socialistes, qui se sont magistralement plantés. Le Figaro explique ça très bien.
Mais comment font les riches pour minorer leur impôt sur le revenu ? Eh bien les plus grandes fortunes de France s’acquittent d’un modeste impôt sur le revenu en utilisant toutes les méthodes de défiscalisation possibles et imaginables – pour ça ils disposent de fondés de pouvoir très habiles – et ensuite, ils payent que dalle sur l’ISF ou une pincée d’euros. Et la fortune, c’est ce qui ne bouge pas, et qui pourrait être monstrueusement taxé.
Conclusion : le système fiscal français protège les grandes fortunes, et taxe les autres. C’est pas juste, et c’est là-dessus qu’on attend le père François. Pas Hollande, qui bosse objectivement pour les grands possédants, mais l’occupant du Vatican, qui dégage en touche avec ses histoires d’océans. Dire « les pauvres, les pauvres », c’est bien, mais ça remplit pas la gamelle.
Conclusion : ne jamais faire de démagogie avec les pauvres.
Parce qu’ils y croient.