Pierre de Villiers est notre chef d’état-major des armées, et du point de vue de la décision militaire, il se situe juste en dessous du président de la République, qui a un peu disparu des radars. Profitant de l’émotion suscitée par l’attentat de « Daech » à Berlin (ça ne doit pas trop déranger les Israéliens, un marché de Noël en Allemagne), Pierre a décidé de mettre la pression sur le fantôme Hollande en exigeant 2% du PIB, contre 1,77 actuellement.
La Défense française absorbera en 2017 la coquette somme de 32,7 milliards (on arrête d’ajouter « euros », ça devient lassant). Si Hollande cède à de Villiers, ce qui n’est pas encore gagné, on attrape la calculette – sur mobile – et on fait le rapport… ça donne 43,6 milliards. Carrément 10 barres de plus ! Il est vrai que notre PIB avoisine les 2181 milliards, la France est riche, malgré ses 8 millions de pauvres.
On a déjà parlé de la modernisation de nos matériels, ainsi que du grand investissement prévisible dans le nucléaire défensif. Ça va bouffer du bâton, dans les 30 années qui viennent. Et on ne parle même pas du nucléaire civil, avec le parc de centrales qui commence à tousser, comme un vieux mineur… Au journal Les Échos, avec l’autorité qui marque la différence entre le chef militaire et le président « civil », Pierrot balance carrément :
« Le prix de la paix, c’est l’effort de guerre »
On sait pas trop comment on doit prendre ça. Mais puisqu’il le dit…
Avec Hollande, les militaires ont eu la vie belle, si l’on peut dire. Même si le président résiduel s’oppose à une nouvelle inflation de budget. Il aura voulu se donner la stature d’un grand chef d’État en multipliant les conflits qui saignent le pays, économiquement et humainement (on n’oublie pas ceux qui ont donné leur vie pour le pays pendant ces 5 années de conflits intérieurs et extérieurs), si l’on veut bien voir dans les attentats qui ont endeuillé la France un certain rapport avec nos bombardements au Proche-Orient. Pugat, l’ex-chef d’état-major, a fait passer à peu près tout ce qu’il a voulu, quand il était le patron de la Défense. Le Drian abondant dans son sens, et servant de super VRP à l’international.
- Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, Malcolm Turnbull, le Premier ministre australien, le 20 décembre à Adelaïde (Australie)
Dans ce contexte tendu, le complexe militaro-industriel se frotte les mains, limite au bord de l’orgasme. Jamais les carnets de commandes n’ont été aussi chargés. Hier, le giga-contrat du siècle a été signé avec l’Australie pour 12 sous-marins (13, ça devait probablement porter malheur), un deal à 34,5 milliards pour DCNS, la grosse société nationale. « Le plus gros contrat du monde », selon le ministre australien de la Défense.
Une collaboration technologique et militaire étalée sur 50 ans ! Les Français fournissent les submersibles, les Américains (de Lockheed) les systèmes de défense. Ça sent le plan anti-chinois... Car l’Australie, avec ses ressources minières, intéresse grandement le gourmand voisin chinois, qui dispose dans le premier pays de l’Océanie d’un bon paquet d’espions… Parallèlement, le rapprochement de l’Australie avec la Russie en matière de renseignement indique que l’Australie ne veut plus dépendre militairement des États-Unis et économiquement de la Chine.
D’après Les Échos, la France égale la Russie en termes d’exportation d’armes. Avant les sous-marins australiens, les Rafale indiens et les hélicos koweïtiens ont pesé lourd dans la balance (commerciale), même si les Polonais ont annulé en dernière minute la commande quasi-signée de 50 hélicos Caracal (au profit des Américains, qui ont bien manœuvré les responsables polonais contre leurs « frères » européens). Les guerres au Sahara et au Proche-Orient jouant le rôle de démonstration in vivo (ou « in mourro ») pour les produits « made in France »…
On est bien contents pour le lobby militaro-industriel, qui a eu son gros Noël en avance. Du côté de l’armée de terre, c’est moins la fête. Cette année, les soldats vont passer Noël et Nouvel An dans les rues, à déambuler contre un danger invisible, histoire de « sécuriser » les Français qui se rassembleront sur les places et dans les églises (240 offices à Paris les 24 et 25 au soir). Ironie de l’histoire : l’Église, après avoir été attaquée par tous les canaux du Système, est aujourd’hui protégée.
Les Français subissent malgré tout la terreur oligarchique distillée par le même système médiatico-politique : celle d’un Manuel Valls qui certifie que le sang va encore couler, ou de ces « experts » de l’antiterrorisme qui nous expliquent qu’il faut désormais vivre « à l’israélienne »…
Il y aurait une petite congruence entre les deux prédictions/prévisions que ça ne nous étonnerait pas. En tous les cas, le nombre de militaires affectés à la surveillance des lieux de culte chrétiens passe de 7 000 à 8 500. L’année passée, « 128 000 soldats, policiers et gendarmes avaient été mobilisés » lors des fêtes, précise Le Monde.
Nous pensons aux militaires français morts pour l’oligarchie sur les « théâtres » extérieurs, alors qu’il ne s’agit pas d’un jeu, surtout au niveau du sol. Dans les sphères, parfois, on donne l’impression de jouer avec nous, soldats et civils...
Mais assez parlé de la guerre, parlons maintenant de l’antidote à la guerre, l’amour. On profite de l’occasion pour rappeler que ce 21 décembre, jour du solstice d’hiver, a été déclaré – par un couple d’Américains plus que douteux – Journée mondiale de l’Orgasme. Aaahhhoohhahahhaaaahhhhmmmh.
« Un nombre élevé de pensées positives liées à un plaisir sexuel quasi simultané peut modifier le champ d’énergie de la Terre et réduire, en conséquence, les niveaux dangereux d’agression et de violence actuelle »
L’amour et l’orgasme, c’est pas exactement pareil. Make love not war, scandaient les hippies en 1967. Un demi-siècle plus tard, nous voilà dans une société à la fois hypersexualisée – c’est destiné à donner la sensation de libération aux prisonniers du Système – et guerrière. On a l’amour ET la guerre, disons plutôt le sexe et la guerre.
L’orgasme, lui, est ce truc qui a été programmé par la Nature ou par Dieu dans l’Homme et dans la Femme pour que l’humanité se survive à elle-même en donnant aux adultes envie de s’accoupler et de faire des bébés. C’est aussi bête que ça. Une sympathique carotte pour peupler la terre, croître et multiplier. Et ça marche. Le bâton, qui vient après la carotte, c’est malheureusement la famille de 14 enfants plus ou moins bien finis à gérer dans un pays pauvre à la politique de santé défaillante, sans chiottes ni eau potable, et des repas très aléatoires. L’orgasme, dans ce cas, rime avec misère.
Dans les pays riches, ça rime avec business. Un besoin artificiel a été créé pour réduire en une juteuse soumission ceux qui y croient, ou qui en sont frustrés.
- Du cul, du cul, du cul
La presse féminine (pléonasme) raffole de ce genre de thème, car ça permet de remonter un peu les ventes en parlant de cul sous couvert de santé, voire de science. On y classe les femmes en deux catégories, les hommes n’ayant pas trop de mal à atteindre l’orgasme : celles qui jouissent, et celles qui jouissent pas.
La seconde catégorie fait le bonheur des 1 000 sexologues officiels, des 10 000 psychothérapeutes et des 6 000 psychanalystes, sérieux ou pas. Les cabinets de conseil en orgasmologie ne désemplissent pas. Le problème de fond consiste à réveiller la bête qui est en chacun ou chacune de nous, la bête qui serait dénuée de morale, morale censée bloquer le plaisir. Sauf que la morale ne bloque pas le plaisir, c’est une arnaque parmi d’autres du libéralisme pornocratique. La politique de l’orgasme a donc servi de cheval de Troie pour asservir hommes et femmes en détruisant des siècles de construction morale, qui n’empêche pas du tout le plaisir. Au contraire. Même Gainsbourg le disait.
Une chose est sûre, dans un monde aussi normatif (sous un couvert de mœurs libérées), il est logique que les gens aient du mal à exprimer leurs désirs mais aussi leurs colères. Astucieusement, le Système a détourné le désir de libération sociale et politique en libération sexuelle. Plus contrôlable, plus profitable.
Rendez l’orgasme à César et l’amour à Dieu...