Quelque 25 000 personnes des quartiers rebelles d’Alep (nord) ont été évacuées de la deuxième ville du pays que le régime de Bachar al-Assad est en passe de reconquérir totalement à la suite d’une campagne de bombardements meurtriers et un siège hermétique.
Après les déplacés de Daraya, Mouadamiyat al-Cham et d’autres bastions insurgés en Syrie, les civils et les rebelles évacués d’Alep n’ont eu d’autre choix que de s’installer dans Idleb (nord-ouest), dernière province contrôlée totalement par les insurgés et leurs alliés jihadistes.
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Ces derniers mois déjà, des dizaines de milliers de personnes ont afflué vers cette province, notamment après avoir fui plusieurs localités rebelles des environs de Damas que le régime a reprises grâce à des accords dits de « réconciliation ». Selon les termes de ces accords, les insurgés et leurs partisans doivent choisir entre se rendre à l’armée ou prendre la route d’Idleb.
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« Au total dans la poche d’Idleb, il y aurait un million d’habitants sous contrôle rebelle », estime le géographe Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie. Cette province a accueilli plus de 700 000 déplacés internes selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).
« Le régime veut rassembler les révolutionnaires et les opposants pour pouvoir ensuite les frapper d’un seul coup », craint Nasser Aloush, 49 ans, un riche propriétaire du village de Binnich, qui assure avoir hébergé gratuitement des déplacés dans les immeubles qu’il possède.
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Ces derniers mois, le régime a multiplié les signes indiquant qu’Idleb, contrôlée depuis mars 2015 par une coalition dominée par les jihadistes du Front Fateh al-Cham, – ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda –, pourrait être sa prochaine cible.
Dès décembre 2015, une source de sécurité à Damas affirmait que l’armée syrienne et les forces russes, engagées aux côtés du régime, menaient des exercices militaires en vue de lancer une offensive sur Idleb.
Et en octobre, le président Bachar al-Assad déclarait qu’il utiliserait une victoire à Alep comme un « tremplin » pour capturer d’autres bastions rebelles, précisant qu’Idleb pourrait être sa prochaine cible.
L’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a récemment averti qu’Idleb risquait de devenir « la prochaine Alep (...) s’il n’y a pas d’accord politique et de cessez-le-feu » en Syrie.
Alors M. Al-Ahmad s’attend au pire. « Ce que fait le régime, c’est préparer une prison à ciel ouvert qui peut à tout moment être fermée », martèle l’épicier, avant de lâcher : « On sera alors comme la bande de Gaza et il va commencer à nous éliminer ».