Ça déborde de partout !
La France n’avait pas connu ça depuis 50 ans selon les uns, 100 ans selon les autres. La Seine déborde à Paris (la ville la plus importante de France), le Rhône monte à Lyon, mais le Loiret est sous l’eau. Ceux qui hurlent au loup du « réchauffement climatique » seront déçus : les pluies de 2016 ont rempli les nappes phréatiques, faisant déborder les rivières, mais c’est l’urbanisation qui provoque l’inondation des villes.
Les communes ont imperméabilisé les sols, pour leur développement économique, mais n’ont pas pensé à entretenir le réseau hydraulique qui drainait les plaines. L’eau des villes, des parkings, des autoroutes, sont autant de surfaces en béton qui font s’écouler les eaux ailleurs. Les crues rappellent que l’urbanisation a une limite : la réponse naturelle. Dans le documentaire La France se noie, diffusé sur France 5 le 8 mars 2016, les spécialistes reviennent sur le danger de ces centres commerciaux périphériques, construits à l’extérieur des villes. Aujourd’hui, cette nappe bétonnée recouvre l’équivalent d’un département français, soit 20 000 km². Et continue à croître. Alors que du côté des Pays-Bas, ce modèle de croissance a été définitivement abandonné. Il faut dire que les Néerlandais vivent en partie sous le niveau de la mer…
On crée de la richesse d’un côté, mais les dommages collatéraux sont comme toujours à la charge des Français, les pouvoirs publics ne bougeant généralement pas pour changer cette situation. Pour compenser l’imperméabilisation des terrains, il faut théoriquement créer des bassins de contention, des barrages écréteurs de crues sur les rivières attenantes. Des mesures compensatoires prescrites mais pas appliquées. L’État profite d’un côté en vendant des terrains à construire en zone inondable, que ce soit à des particuliers ou à des sociétés, mais il ne compense pas ce profit, qui comporte un risque. Et le risque est statistiquement probable.
Heureusement, Nanard (Cazeneuve), notre ministre de l’Intérieur, a promis « des moyens financiers dans les meilleurs délais », pur langage technocratique et promesse de Gascon. Les pompiers, qui ont assuré 8 000 interventions, n’ont pas attendu, eux. Vive le service public, et aux chiottes ceux qui veulent le déplumer !
La seconde rivière qui a débordé aujourd’hui, c’est la colère de Martinez, la star de la CGT. Pierre Gattaz, le patron des patrons, le numéro un du Médef, en a sorti une violente sur la centrale communiste. Lundi 30 mai, Le Monde ouvre ses cui, pardon, ses colonnes :
« Le pays n’a pas besoin de cela. Ces blocages, qui sont la plupart du temps illégaux, vont créer du chômage. C’est pourquoi nous demandons le retour de l’État de droit… Faire respecter l’État de droit, c’est faire en sorte que les minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes, ne bloquent pas tout le pays. […] Quand le syndicat du livre-CGT empêche la parution de quotidiens au motif que ceux-ci ont refusé de publier le tract de M. Martinez, il me semble que l’on est dans une dictature stalinienne. »
Crue de plaintes
Aiïe aïe aïe, qu’est-ce qu’il a pas dit là, le Pierrot ! Philippe, le Staline français, porte plainte pour « diffamation », et contre-attaque : « C’est un appel à l’insurrection contre la CGT, en tout cas à des violences contre la CGT. »
On assiste au retour de la vraie droite et de la vraie gauche. Pour le couple fausse gauche/fausse droite, on a Hidalgo-Baroin, qui se font des bisous sur le dos des Français en ouvrant leur cœur, qui est grand, aux migrants du monde entier. On espère que les Parisiennes ne vont pas subir ce que les Allemandes ont subi à Darmstadt hier soir, une espèce de revival de la soirée du Nouvel An. Les plaintes remontent par dizaines, déjà. Là aussi, c’est la crue.
« Karim Benzema n’aurait jamais dû entrer en équipe de France… Je pense que c’est quelqu’un qui, à de multiples reprises, a exprimé son mépris à l’égard de la France. Il a un comportement que les Français n’admettent plus de la part de gens qui gagnent des sommes faramineuses et qui se comportent comme des enfants gâtés. » (Marine Le Pen sur Europe 1, le 3 décembre 2015)
Le troisième qui a la moutarde qui lui monte au nez – ça doit être les astres, c’est pas possible autrement, cette généralisation de l’énervement – c’est Benzema, qu’on ne présente plus. Le néo-Lyonnais, devenu madrilène, vient à son tour de contre-attaquer en tirant sur la France, enfin, « la partie raciste » de notre patrie à tous. Cependant, le contentieux ne date pas d’aujourd’hui...
« Karim Benzema (…) a bien attendu la fin de l’hymne pour cracher sur la pelouse comme le font très souvent les footballeurs. Sur les images (à partir de 1’17’’), le Madrilène prend soin de regarder s’il est filmé sur les écrans géants du stade avant de se retourner discrètement. Dans la foulée, il jette à nouveau un regard sur les écrans. A-t-il déjà compris qu’il vient de commettre l’irréparable ? Son visage, qui se décompose (à 1’22’’), laisse supposer que oui. » (Le Figaro à propos du match Real/Barça du 21 novembre 2015)
Honnêtement, pour que Benzema revienne en équipe de France, après ce qu’il a dit au quotidien espagnol Marca – « Deschamps a cédé sous la pression d’une partie raciste de la France » – il faudrait un miracle (ou une catastrophe, tout dépend de quel côté on se place) : que tous les attaquants des Bleus se fassent piquer par le moustique Zika, qu’ils se fassent tous choper en train de braquer une boulangerie ou de choper une MST avec Zahia. C’est qui est peu probable.
Oui mais voilà, qui aurait parié, il y a seulement deux ans, que la France serait dans cette situation de foutoir total ? À ce point de tensions, il n’y a que deux issues : ou le bordel français rentre dans son lit, ou le bordel français évolue vers quelque chose de véritablement instable, de dangereux, de révolutionnaire. Ce qui ne veut pas dire la guerre civile, que beaucoup (et surtout Yvan Rioufol) invoquent, histoire de se rassurer, et de dire « j’l’avais dit ! ». Il y a du bordel, d’accord. Il y a des secousses, OK. Mais à nous de savoir si ces secousses sont toutes naturelles, ou si quelqu’un, une sorte de Diable antifrançais, balance en permanence de l’huile sur le feu. Tournesol ou olive ?
Pour calmer le jeu, Noël Le Graët, le président de la FFF (et grand pote socialiste de Hollande, le président, pas le pays inondable), a annoncé les primes des Bleus : 300 000 euros par tête de pipe pour la victoire finale, 250 000 pour la seconde place, et 210 000 pour les demi-finales. Autant dire qu’il ne prend pas beaucoup de risques, ah ah ah !