Richard Virenque a été notre dernière star nationale du vélo. Avant lui, sans remonter à la préhistoire du cyclisme, il y a eu Bernard Thévenet (2 Tours), Bernard Hinault (5 Tours) et Laurent Fignon (2 Tours). Cela n’a pas empêché les Guignols de représenter Virenque en abruti pendant plusieurs saisons. Les coureurs viennent d’en bas, on ne fait pas du vélo quand on sort du XVIe arrondissement parisien, sauf quand on s’appelle Michel Drucker.
« Ça ne me dérange pas du tout. Quand on connaît l’animal, quand on le chasse. J’ai eu les mêmes réactions. Quand on m’emmerde, je rentre dans mon trou. Mais quand je sors, je mords » (Bernard Hinault, alias Le Blaireau)
L’internationalisation du Tour aura raison de la domination des « Latins » : avant, les podiums se partageaient entre Français, Belges, Néerlandais, Espagnols et Italiens. Depuis 30 ans, c’est le règne des Américains, des Allemands, des Britanniques et même des Australiens. Un basculement des palmarès de l’Europe latine aux Anglo-saxons. Faut-il y voir le succès de la « gestion » de course, de la préparation, de la science sportive sur les vertus classiques, l’envolée solitaire, l’attaque romantique, le panache ?
Richard Virenque revient sur sa victoire dans l’étape du mont Ventoux en 2002 :
Le Mont Ventoux est une étape mythique, où il se passe toujours quelque chose : c’est dans la haute montagne qu’on attaque, qu’on assomme ses adversaires directs, qu’on souffre et qu’on fait souffrir. Hormis les contre-la-montre, ce sont les étapes pour grimpeurs qui font la différence, qui creusent les écarts, renversent les pronostics. On a ainsi vu des échappés coller 17, voire 30 minutes à leurs poursuivants. Virenque était de ceux-là, qui pouvaient enflammer une course, crever l’écran, provoquer des défaillances. Virenque ne pourra jamais conserver son avance gagnée dans la montagne jusqu’aux Champs-Élysées, mais l’important, c’est cette popularité. L’amour et l’admiration des 12 millions de spectateurs sur le bord des routes de France.
Ah oui, l’info : cette année, l’étape du Ventoux sera amputée de 6 kilomètres, à cause de rafales prévues à 100 kilomètres/heure. Vous êtes des gonzesses ou des guerriers ?
Moins dur, moins haut, et sans vélo, c’est le défilé du 14 Juillet, sur les Champs, justement.
Une tradition nationale, bicentenaire, franc-maçonne (rire), qui se voit désormais – bien-pensance oblige – infliger des corps « étrangers » relativement incongrus. La Révolution de 1789 est loin : les gauchistes regrettent que son souvenir soit phagocyté par le corps le plus réactionnaire et répressif qui soit, les droitistes se lamentant eux de la dilution de la tradition dans un progressisme douteux. À quand un régiment de coiffeurs/ses transgenres qui défile à poil sur un rythme techoïde ?
Ne riez pas – si d’aventure cela vous faire sourire – car à ce niveau, tout, mais vraiment tout, est possible. Tout est possible, le nom d’une émission très populaire de Jean-Marc Morandini, mort (médiatiquement) au champ d’honneur de la télé, pour avoir fait pouët-pouët à des jeunes hommes qui devaient se déshabiller pour les besoins d’une série culturelle dans des vestiaires de foot.
Moins glauque, ces « parcours policiers » proposés par le ministère :
[#14juillet] #IlsSontPOLICIERS avec des parcours très différents et ils défileront demain au pas cadencéhttps://t.co/arjDHMoRsB
— Police Nationale (@PoliceNationale) 13 juillet 2016
La particularité du défilé 2016, c’est la présence de Maoris pieds nus au milieu de nos soldats bottés. À l’image du Tour de France, la Révolution n’est plus qu’un lointain souvenir, et le défilé « s’ouvre » aux différences. Si ça peut nous éviter une guerre mondiale, on est preneurs.
Des idées pour le futur : pourquoi pas un régiment de Siberian Tiger, ces forces spéciales chinoises interarmes ? Des Gardiens de la révolution islamique (Pasdaran) ou de la 65e brigade ? Des Spetsnaz du GRU russe ?
Ce sera toujours mieux que des coiffeurs transgenres. À propos de coiffeurs, on ne s’étendra pas sur le fait du jour, le coiffeur du président à 10 patates par mois. Tout le monde pousse des hauts cris, Hollande ceci, Hollande cela, on l’a même traité de « Sarkozy bling-bling », ce qui se fait de pire en insulte politique. Mais à 12% de popularité, François n’en a plus rien à battre. Des vannes et des insultes, il en reçoit tellement, qu’il ne fait plus attention : les effets s’annulent. Il ne sert à rien de lancer des phrases « contre » le président. Cela rappelle ces Français qui croient encore religieusement en la présidence et qui écrivent des lettres « à l’Élysée » pour obtenir quelque chose. Crédulité et désespoir d’un côté, indifférence et cynisme nécessaire de l’autre...
Laissons François là où il est, et occupons-nous de la France, qui est plus chère à nos yeux.