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Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

Nadine Hourmant, Rivarol, Franck Dubosc, Bolloré et Surduts

Ainsi donc, les 5 000 abonnés (revendiqués) à Rivarol terroriseraient le pouvoir de nos maîtres actuels. Un pouvoir pourtant sans partage du point de vue économique (les puissants moyens du système), politique (le parti de l’alternance est notre parti unique), juridique (les associations subventionnées par l’État font la censure et la loi), et médiatique (seuls des micromédias échappent à l’écrasement des gros tuyaux et des gros contenus).
Un pouvoir quasi-total qui a peur de quelques sites Internet, d’une poignée de vrais journaux qui vivotent, comme s’il devait être absolu pour être rassuré. C’est bien le chemin qu’il prend.

 

 

Les dénonciateurs ne sont plus anonymes

Au moins, en 1942, les salauds qui avaient honte dénonçaient les résistants à coup de lettres anonymes. Aujourd’hui, les lettres sont devenues des journaux et ne sont plus anonymes. Voici cette liste de Schindler inversée : Le Monde, qui donne le la et décomplexe toute une nébuleuse balançoire, Le Petit Journal, Huffington Post, StreetPress. Un simple banquet avec des portraits de Pétain fait flipper toute la propagandosphère. Ils doivent vraiment craindre le retour de la Bête Immonde.

Coup de chapeau (ou de casque allemand) à Rivarol pour son coup médiatique énorme : dans un univers bien-pensant, il suffit de deux gouttes d’Hitlérol 3000 pour mettre en branle une publicité virale massive et gratuite. La « sortie » pseudo-nazie est devenue un média à elle toute seule. Rivarol vient d’économiser plusieurs centaines de milliers d’euros de budget « com ». Le seul hic : la prochaine fois, il faudra faire plus fort. Par exemple rôtir un jouvenceau du Petit Jour(a)nal, chanter la Marseillaise en vieux prussien, ou courser Pierre Laurent à La Courneuve.

 

 

De l’importance du cinéma « français » pour la propagande

Un qui aurait bien besoin de toute cette pub, c’est le cinéma français : il ne remplit plus, ni les salles, ni les conversations. Mais il y a pire. Audrey Azoulay, notre ministre de la Culture, doit affronter sa menace fantôme. Vincent Bolloré, le coupeur de têtes de Canal+, est en train de désengager son groupe du cinéma français :

« La politique du karcher de Bolloré à Canal [Plus] suscite quelques contrariétés du côté de l’Elysée, apprend-on en lisant “Le Canard Enchaîné”. Outre les fortes têtes que le nouveau patron veut virer, c’est la question du financement des films par la chaîne qui fâche. La diminution drastique de la présence de Canal sur la Croisette, cette année (plus de “Grand Journal”, de “Guignols”, de soirée Canal, etc.), a été interprétée comme un signe avant-coureur du désengagement de Canal dans le cinéma. Gémissements d’un proche de Hollande : « Nous n’avons pas envie d’avoir une crise avec le monde du cinéma, en pleine année électorale, surtout que c’est le domaine de prédilection d’Audrey Azoulay. »

La ministre de la Culture assure en tout cas, dans une interview au “Figaro”, que “dès sa prise de fonction, [elle a] rencontré Vincent Bolloré, qui a pris l’engagement devant [elle] de maintenir le niveau de contribution du groupe Canal+ au financement du cinéma”. »

En outre, toujours dans la revue de presse culturelle de France Culture, voici ce qu’on apprend :

« Jusqu’où peut-on inciter le public à voir des films qu’il ne veut pas voir ? Car si les écrans sont saturés, les fauteuils non. Moins de 20 % des sièges sont occupés chaque année. 60 % des films sortis en 2014 n’ont pas dépassé les 50 000 entrées. Les films qui ont fait moins de 5 000 entrées sont passés en douze ans de 105 à 182. De là à en conclure que trop de films sortent chaque année… Parler de surproduction dans la culture est tabou. »

On peut dire les choses plus crûment : il sort trop de films de merde. Mais il y a deux sortes de films de merde : le film de merde qui marche (et qui n’a pas forcément d’ambition artistique), et le film de merde qui ne marche pas. Dans la première catégorie, on peut placer sans risque de se planter Camping 3, dont voici deux extraits tout frais. C’est léger, mais ça se prend pas pour un Godard, ou un Audiard, qui pondent parfois des œuvres plus exigeantes que les tribulations d’un Patrick Chirac.

 

 

 

La plupart des films de merde qui ne marchent pas sont subventionnés via le CNC par les films de merde qui marchent, et de plus en plus par les régions. Ils font office de vitrines, qui déçoivent souvent. L’argent du Conseil Régional est englouti, et les magnifiques plans tant attendus sur la région se font rares, ou coupés au montage… Le 7ème art est aussi avide qu’ingrat.

Pour élever un peu le débat, nous dirons que d’un pur point de vue économique, Bolloré a raison : le cinéma est moins vendeur à la télévision, les jeunes allant dans les salles, ou sur Internet pour consommer du film. La télé payante n’a pas d’avenir. C’est pour ça que Canal produit des séries, avec plus ou moins de brio. Oui mais voilà, si le cinéma disparaît de la télé, comment qu’on va faire pour fourrer la propagande dans les jeunes têtes ? Si Canal retire ses 500 millions d’euros annuels qui financent une grande partie du cinéma français, qui va prendre le relais ? Avec les nouveaux modes de consommation, le Système fait face à un paquet grandissant de problèmes insolubles : de plus en plus de monde fuit la propagande, et en plus, elle rapporte de moins en moins à ses producteurs !

 

 

Nadine Hourmant ou le syndrome Xavier Mathieu

Pendant qu’on est dans la propagande, on ne parle que de l’émission citoyenne de France 2 qui verra le président faire face à un panel de Français. Théoriquement, ça s’appelle du populisme, quand il n’y a plus rien entre le président et ses électeurs. Plus de corps intermédiaires, médiatiques ou institutionnels.

Dialogue citoyen – déjà, un nom de merde – aura bien lieu jeudi 14 avril, mais sans Nadine Hourmant, la syndicaliste pas très douce du groupe Doux, le producteur de volailles. Il est vrai que la nana est remontée : elle a l’habitude d’engueuler les patrons, et les politiques. Du coup, le président, un peu lâche, ne voit aucune raison de se faire étriller par une harpie devant des millions de Français. Il a tort : s’il était mieux conseillé, il irait affronter la vilaine syndicaliste en montrant qu’elle s’en prend toujours aux mêmes, à ceux qui produisent de la richesse, et de manière caricaturale. L’image de la France qui ne fait que réclamer, récriminer, revendiquer, au lieu de bosser. C’est pas le fond de notre pensée, c’est juste la bonne tactique pour un président dans les cordes. Il a choisi de zapper la volaillère, tant pis pour le spectacle. De toute façon, ces émissions, tout le monde s’en branle. Il n’y a dedans ni « dialogue » ni « citoyen », juste la tentative d’une chaîne en perdition de redynamiser une audience qui en a marre de la théâtralisation stérile du politique. Ou de la stérilisation théâtrale du politique, au choix.

Cependant, depuis que les gros micros se sont tendus sous son bec, la Nadine y a pris goût. Les caméras, c’est la maladie moderne. Plus on en a, plus on en veut ! On peut plus faire un pas sans raconter ses impressions, sa vie. Souvenons-nous d’Audrey Pulvar, qui avait envoyé un communiqué disant qu’elle et Arnaud Montebourg se séparaient... Presque aussi grotesque que la demande en mariage de Raymond Domenech à Estelle Denis un soir de branlée !

 

 

Voici son interview star dans Marianne :

Marianne : Depuis quelques jours, vous expliquez que l’Élysée ne voulait pas que vous soyez présente sur le plateau de France 2 jeudi soir (ce que confirme notre enquête). Avez-vous obtenu une réaction de France 2 ou même de l’Elysée ?

Nadine Hourmant  : Non, aucune réaction. Ils savent pourtant où me trouver même si je ne suis pas de ce monde là. J’ai un peu de mal avec les politiques. J’ai souvent eu l’occasion d’en croiser. Je n’en garde pas de bons souvenirs. C’est pour cela que je ne leur fais pas de cadeaux.

Que vous inspire cette histoire ?
Je ne comprends pas pourquoi je ne peux plus m’exprimer. François Hollande a peur d’être déstabilisé par une syndicaliste ? Moi j’ai encore des valeurs, des convictions. La première fois que je suis allée à « Des Paroles et Des Actes » (en septembre 2014, face à plusieurs personnalités politiques comme NKM, François Bayrou ou Marine Le Pen, ndlr), cela n’a posé de problème à personne.

Vous aviez voté Hollande en 2012 ?
Oui, dès le premier tour. Maintenant, cela me dégoûte d’aller voter. Je n’irai plus voter pour personne, c’est fini.

Quelles étaient les questions que vous aviez préparées ?
Je voulais l’interroger sur ce discours de janvier 2012, lors d’un meeting au Bourget, quand il parlait de « son ennemi, la finance ». Il a fait des promesses aux Français. Je voulais aussi lui parler du pacte de responsabilité et des milliards distribués aux patrons. Je voulais juste lui passer des messages. On m’avait demandé d’être cordiale. Je sais l’être.

La fonction cachée de ce dispositif est de valider la position dominante du politique par rapport au peuple, qui est en demande (d’explication, de travail, de justice). Une espèce de divinité descendrait sur terre et sur un plateau télé pour dispenser phrases et miracles (en général le président trouve un emploi dans la foulée au chômeur de service)... En outre, on veut nous faire croire qu’interpeller le président en direct serait un signe de démocratie. Tu parles, c’est la revanche sociale pour les nuls. Attention à ce que l’ego ne passe pas devant la cause...

 

 

Dans le genre harpie combative, une étoile immense vient de s’éteindre. Écoutons l’homélie du Monde :

« Née le 17 mars 1937 à Riga (Lettonie) dans une famille juive, Maya Surduts a beaucoup voyagé et consacré sa vie au militantisme. D’abord à Révolution, un groupe trotskiste, dans les années 1970, puis à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Elle adhère également au Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC), créé en avril 1973 dans le but de légaliser l’interruption volontaire de grossesse en France. »

Maya Surduts, que tous les Français connaissent et admirent, pensez, c’est la femme qui les a fait passer du Moyen-âge au IIIe millénaire. Combattante de la liberté, de toutes les libertés : sexuelle, d’avortement, d’égalité homme/femme, homo/lesbienne, socialisme et barbarie et tout ça. Originaire de Lettonie, cette pasionaria est une légende de la résistance à tout ce qui est mal : le capital, le patriarcat, le machisme, le racisme et l’antisémitisme. Car tout est lié, n’est-ce pas. On lui doit de pouvoir se débarrasser de 200 000 bébés par an, de se taper le visage radieux de Caroline Fourest dans les médias publics, et la pénétration LGBT dans les écoles de nos enfants. Une sacrée amie de l’humanité ! Son look et son phrasé de sorcière ne doivent pas nous tromper : elle était dans le camp (oups) du Bien.

La qualité de la vidéo est déplorable, mais le devoir d’information passe avant tout :

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14 Commentaires

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  • #1442782
    Le 14 avril 2016 à 07:47 par stephanedu49
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Excellente votre chronique "Un jour en France"...merci E&R

     

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  • #1442798
    Le 14 avril 2016 à 08:28 par Eric
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Voilà qui détonne joyeusement d’avec la curée détestable, mais sans doute consubstantielle après tout, à laquelle s’est livrée l’habituelle meute des auxiliaires de police de service (associations subventionnées puis massivement relayées toujours par les mêmes) sur le dos de Rivarol. On aurait pu ajouter d’autres titres de presse à cette litanie, comme le nouvel obs par exemple (et les réactions des lecteurs internautes ne relevaient pas le niveau ni ne rassuraient, c’en est effrayant), torchon qui fait toujours très fort lui aussi. Pas besoin de les consulter tous, ce serait aussi superflu et qu’éprouvant nerveusement. Merci pour la qualité de vos articles ainsi que pour l’humour salutaire, surtout en ces temps … d’heures les plus sombres :-) Je me dis que vous devriez les mettre plus en avant sur votre page d’accueil, d’une part parce que c’est important et d’autre part parce que les gens qui viendraient pour la première fois par curiosité sur E&R tomberaient dessus plus sûrement. C’est un bon point d’accroche et une bonne entrée en matière à la fois sérieuse et légère (via l’humour un brin corrosif, donc) pour vous découvrir avant de se plonger plus avant dans le reste de votre travail. Je dis ça je dis rien :-)

     

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  • #1442812
    Le 14 avril 2016 à 08:48 par gelindo
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Cet article m’a mis de bonne humeur. Un mélange de trash et de beau français. J’ai bien rien avec le "deux gouttes d’Hitlérol 3000". Il fallait la trouver cella la. A propos, je n’aime pas trop les femmes d’âge mature mais concernant Audrey Azoulay, ce regard, ses dents...Bon. Enfin, restons civilisé.

     

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  • #1442837
    Le 14 avril 2016 à 09:48 par Lantuti
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Je ne me lasse pas de vous lire, belle plume et belle analyse, bravo !

     

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  • #1442860
    Le 14 avril 2016 à 10:24 par anony
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Entendre Surduts donne envie... de ne sourtout pas penser comme elle !

     

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  • #1442866
    Le 14 avril 2016 à 10:33 par Alexandre Rufus
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Vos articles sont très pertinents et très bien écrits.
    Félicitations à l’équipe. Vraiment.

     

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  • #1442871
    Le 14 avril 2016 à 10:40 par gelindo
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Correction :

    je n’aime pas trop les femmes d’âge mature = d’âge mûr (mature, c’est anglais)

    Il faudrait que j’arrête avec mon anglais.

     

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  • #1442874
    Le 14 avril 2016 à 10:43 par Alexandre Rufus
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Cette dame, Maya Surduts, est décédée c’est ça ?
    J’aimerais pas du tout être à sa place en ce moment...

     

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  • #1443000
    Le 14 avril 2016 à 13:07 par dixi
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Vous aviez voté Hollande en 2012 ?
    Oui, dès le premier tour. Maintenant, cela me dégoûte d’aller voter. Je n’irai plus voter pour personne, c’est fini.

    Eh ! voila le problème en France ,il est la ,si je ne vote pas socialope ,je ne vote plus .Elle n’a pas encore compris qu’elle est cocue depuis des années et elle s’en est rendue compte maintenant ,parce que cette fois -ci on s’est foutue de sa tête et en plus on lui crache à la tronche ,alors on vote plus ! voila la solution . Donc si tous les déçus du socialisme ne votent plus et bien on est sur de les revoir en 2017 .Faut surtout pas voter autre chose ,ils sont xénophobes,racistes et antisémites,on change rien ,on reste avec un régime totalitaire ,mondialiste ,et on continuera à manifester avec "nuit debout" , à faire du syndicalisme pour passer le temps ,et avec un peu de chance ,une petite place dans l’hémicycle,comme d’habitude.
    Merci le changement !!!!

     

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  • #1443092
    Le 14 avril 2016 à 15:10 par bébert
    Un jour en France : mercredi 13 avril 2016

    Avec cette syndicaliste qui a voté Hollande en 2012 et qui ne votera plus pour personne en 2017 car elle n’a rien compris aux élections,elle risque de retrouver un Valls ou un Hollande qui repassera avec 2% de majorité en sa faveur !

     

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