Arrestation parfaite d’un dangereux terroriste (en puissance) français par les forces de l’ordre ukrainiennes. L’individu « d’extrême droite » s’apprêtait à réaliser 15 attentats en France pendant l’Euro 2016.
Ça, c’est la version officielle vendue par les autorités ukrainiennes aux journalistes européens. Un flagrant délit magnifique, filmé de A à Z.
Le terrorisme « d’extrême droite », dernière invention du système médiatico-politique
C’est le 21 mai dernier que l’arrestation a eu lieu, à la frontière ukraino-polonaise. Kalachnikovs (5), lance-roquettes (2), 100 kilos de TNT et autant de détonateurs, un arsenal fourré dans une camionnette, le tout filmé par une caméra cachée placée par les enquêteurs, qui leur permettra d’intervenir avant que l’irrémédiable ne se produise.
« Il n’y a aucun reproche à lui adresser. Il a toujours eu une attitude irréprochable. C’est un salarié exemplaire… »
Le salarié exemplaire est inséminateur dans le civil, et avant cela, « pédicure pour bovins dans la Meuse », dépeint comme « un bon jeune, fou de vaches » dans un article de L’Est Républicain. Les voisins sont sous le choc. Pas celui des explosions – qui n’ont heureusement pas eu lieu – mais de la surprise. La presse nationale et la presse idéologique de gauche (qui sont à peu près sur la même ligne) embrayent sur la montée du danger identitaire, et le désir de « revanche » de cette « mouvance ». Le déchaînement des « natios » depuis les attentats « islamistes » de 2015 devait fatalement déboucher en tentatives de contre-attentats visant des cibles musulmanes et juives. Des mosquées et des synagogues !
Sauf qu’on nage en plein Minority Report : le crime n’est pas encore là que la sentence tombe. Mais, comme le dit si bien Cazeneuve, pour un attentat qui « passe », neuf sont neutralisés en phase de gestation. Ce pourquoi on le remercie.
Au fait, comment sait-on l’appartenance politique du prévenu ? Grâce à un tee-shirt du « Renouveau français » retrouvé à son domicile, situé dans un village de la Meuse. Car aujourd’hui, l’identité identitaire s’affiche, au vu et au su de tous ! Selon le site gauchedecombat.net (un titre absolument pacifique, en revanche), la responsabilité de ce genre d’actes (pas encore actés) relève de cette droite de la droite de plus en plus décomplexée. Pensez donc, la réunion de Béziers, où Ménard a invité Rioufol (La guerre civile qui vient) et que Marion Maréchal-Le Pen a quittée brusquement, tout ça n’est pas un hasard. Il y a congruence. De là à voir dans cet agglomérat d’élus et penseurs nauséabonds le donneur d’ordres à des exécutants zélés, il n’y a qu’un pas, que devrait franchir le grand public.
Il y a violence et violence
Quant à la violence d’extrême gauche soutenue – de fait – par le gouvernement, qui y sacrifie son autorité et sa police, elle n’existe pas, ne compte pas, et surtout, est absoute et justifiée par le ras-le-bol social.
Cependant, cette violence – contrôlée par le pouvoir profond – de groupes d’extrême gauche largement infiltrés, ne doit pas être mêlée à la véritable résistance sociale. C’est le destin de toute résistance réelle, que d’être assimilée par le pouvoir à de la violence, à du terrorisme. Violences d’extrême droite, dénoncées partout et par tous mais qui n’existent curieusement pas. Il s’agit alors de bien distinguer les différentes violences qui agitent actuellement la société française : la violence venue d’en bas, et la violence venue d’en haut. Ce ne sont pas les mêmes, et leur définition varie selon que l’on se trouve en haut ou en bas de l’échelle sociale.
La libéralisation de pans entiers de l’économie provoque une déflagration sociale, c’est-à-dire une violence contre les gens, qui perdent concrètement leur travail et leur niveau de vie, voire leur vie. C’est une violence réelle, mesurable. Résister à ce programme politique expose à être taxé de « violent ».
La violence gauchiste que l’on voit dans les manifestations est une manière de noyer la contestation sociale – authentique – sous une répression globale, qui permet de contester… la contestation. La résistance au libéralisme est une chose, le gauchisme de casse en est une autre : ce dernier ne sert qu’à dévaloriser la vraie résistance au Système.
Il y a deux sortes de Français qui résistent au Système : les inorganisés et les organisés. Dans les organisés on compte les syndicats. Peu importe qu’ils soient représentatifs de l’ensemble des travailleurs ou pas, ils existent. Et comme dirait l’autre, sans leur lutte permanente depuis un siècle, il n’y aurait ni vacances ni code du Travail.
L’Euro 2016 transformé en accélérateur des revendications syndicales (sectorielles)
La grande question qui taraude les supporters des Bleus, les dirigeants du football français et le gouvernement : y aura-t-il assez de trains et d’avions pour les centaines de milliers de supporters européens et de touristes (qui snobent une capitale qui voit le niveau de ses réservations hôtelières fondre) prêts à dépenser leurs euros chez nous pendant un mois ?
La réponse réside dans le complexe puzzle syndical national, qui fait la curiosité de notre pays à l’extérieur. Les Américains ne comprennent pas comment la France peut se bloquer à ce point, qui plus est par une minorité syndicale. Mais les Américains ne sont pas en pointe dans le domaine social. Le calcul est simple : les trains ne rouleront que si la négociation en cours sur la proposition de la direction débouche sur un accord.
Pour cela, il faut réunir au moins 30% des voix selon les dernières élections. La CFDT pesant 15% à la SNCF, et l’UNSA 24%, sont les deux syndicats en voie de signer l’accord d’entreprise. La France qui veut partir en vacances attend avec palpitations la réponse des « méchantes » organisations SUD et CGT, qui constituent à elles deux 51% des voix, et qui peuvent constituer un blocage majoritaire. Sud-Rail et ses 17% refuse tout accord. Le destin de l’Euro 2016 réside donc entre les mains de la CGT. L’Europe entière espère que les communistes aiment le foot !
Les pompiers combattent le dragon
À côté de cette France qui se bat pour ses conditions de travail (et celles de tous, on l’espère), il y a une France qui casse (casse néolibérale et casse gauchiste), croyant que le Grand Soir – libéral ou gauchiste – réside dans les ruines de la Nation, et il y a heureusement une France qui répare. Discrète, besogneuse, utile.
Ils sont là par tous les temps, pourri ou brûlant, pour tout le monde, riche ou pauvre, pour répondre aux appels de détresse : ce sont les travailleurs de la sécurité civile. Pompiers, secouristes, militaires et autres pilotes. Et en ce moment, naviguant entre chaos « terroriste », social et climatique, ils ont la vie dure. Hier, les soldats du feu intervenaient à Saint-Denis, ville qui cumule les chaos, pour éteindre les flammes, qui feront plusieurs victimes.
#Vidéo Retour en images sur l'intervention pour feu d'immeuble @VilleSaintDenishttps://t.co/kw00YXvVKJ
— Pompiers Paris (@PompiersParis) 7 juin 2016
On voit donc se dessiner une stratégie venue d’en haut, qui vise à éreinter les services publics, à décrédibiliser la contestation sociale – que ce soit sur l’Internet ou dans la rue –, et à impliquer une pseudo extrême droite dans de nébuleux projets de désordres. Une grossière ingénierie qui profite de l’illisibilité produite par le chaos général, et qui jette encore plus de questions sur les attentats de 2015.