Il y a des adultes qui croient au Père Noël socialiste. C’est l’histoire de Marie-Line et Anne, deux courageuses femmes. Devant le scepticisme affiché par ses élèves après les attentats de Charlie, Marie-Line, une enseignante au CFA (centre de formation des apprentis) d’Orléans, décide de prendre le taureau par les cornes et normaliser l’esprit maléfique de ces enfants.
- Les Laurel et Hardy de l’anticomplotisme orléanais
Elle embrigade Anne, sa copine journaliste à France Bleu (si si, ça existe), et les deux commères (féminin de compères) prennent leur bâton de pèlerin et s’attaquent à la désinformation pour « limiter l’adhésion aux thèses complotistes » avec leur projet pédagogique fait d’ateliers où les élèves se mettent dans la peau de journalistes. Ces sales petits complotistes découvrent alors comme il est difficile de faire de l’information, surtout officielle. L’article du Monde à la gloire de ces Don Quichotte et Sancho Panza de la propagande officielle, épaulées par une douzaine d’enseignants, montre qu’il y a un gouffre entre ces sympathiques Goebbels de la social-démocratie et leurs cibles rétives. Car les mômes rechignent à lire la presse, qui leur « fait peur », et qu’ils trouvent « trop compliquée ». Même eux sont obligés d’utiliser des euphémismes.
Ces salopards ne lisent plus les journaux, et préfèrent s’informer sur des forums qui parlent leur langage. Et là, évidemment, c’est le règne de la désinformation conspiratio-complotiste la plus éhontée ! Il y a bien un fayot, Samuel, qui finit par avouer, sous la torture, que « ce qu’on entend à la radio, à la télé, c’est pas les journalistes qui racontent des histoires, c’est bien réel », mais il a dû ensuite se faire rectifier la gueule à la récré. Son témoignage flotte au milieu d’un océan de scepticisme. Car les cobayes involontaires de ces deux truffes n’en démordent pas : si leurs profs d’anticomplotisme assènent que Donald Trump n’a fait que mentir pendant sa campagne, eux rétorquent qu’il est un candidat « anti-système ». Et tout est à refaire. Deux ans de nettoyage de cerveaux qui partent en fumée.
En classe, les échanges sont parfois décourageants. Donald Trump est par exemple toujours perçu par certains comme un candidat « anti-système ». « Ce n’est pas encore ça », concède Anne Oger, la journaliste de France Bleu. La petite équipe ne se décourage pas pour autant, le moindre progrès est à prendre. « Parce que ces jeunes, ils sont la relève. »
Comme quoi, même peu instruits, les mômes ont de l’instinct. Ils refusent la cuillère de soupe douteuse, ou la recrachent une fois que la prof a le dos tourné. Malheureusement, on tombe dans le cliché de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, les jeunes des cités. Alors qu’un tas de catégories socio-professionnelles en France n’ont pas accès aux médias, c’est soudain à ces pauvres petites victimes qu’il faut tendre le micro (ce qui ne donne en général rien ou alors de mauvaises surprises complotistes). C’est l’objet du BBC, le Bondy Blog Centre, un site d’information participatif calqué sur le modèle du Bondy Blog du 93, cette pépinière de néo-journalistes bien-pensants issus des cités. Une expérience chapeautée par Libération, on vous laisse imaginer la marge de manœuvre de ces vainqueurs des éliminatoires de la diversité. Le Bondy Blog, qui veut peser dans la balance politique, vient de pondre 8 propositions « pour en finir avec les inégalités scolaires ».
L’article démarre sur le double constat que la France a dégringolé du classement mondial, avec des élèves globalement mauvais en maths et des difficultés sociales que l’école n’arrive plus à absorber ou à transformer. En gros, l’injustice sociale, à la base de la différence entre réussite et échec scolaire, est devenue plus forte que le creuset républicain que l’école aurait dû être. Voici les solutions du Bondy Blog : des profs spécialisés en plus dans les écoles primaires défavorisées, un psychologue à plein temps dans tous les établissements défavorisés, des assistants d’éducation dans les écoles primaires, la réduction considérable des effectifs dans les classes, l’institutionnalisation du lien entre l’école et les éducateurs de rue, et enfin plus de centres sociaux mieux financés…
On dirait la reprise des mesures de gauche qui consistent à croire que tout est un problème d’effectifs. Pourtant, le résultat de l’embauche de 40 à 60 000 enseignants ne s’est pas fait ressentir, sous le tandem Hollande-Belkacem. Les inégalités se creusent, la France décroche, la violence sociale augmente. Il y a bien deux France, celle dont les parents suivent de près la scolarité de leurs enfants, et l’autre. Ceux qui s’en foutent ou qui n’en ont pas les moyens, culturels ou matériels. Il faudrait dire au Bondy Blog que l’effort ne peut pas toujours venir de l’extérieur, et que la motivation ne s’achète pas. Un jour, les familles concernées devront comprendre que l’école – même imparfaite – est une chance pour leurs mômes, et que la société ne peut pas toujours réparer leur manque de préoccupation, d’autorité ou d’intérêt.
La preuve, il y a 50 ans, ces classes publiques bourrées d’enfants plus pauvres que ceux d’aujourd’hui, des enfants qui ne bouffaient pas tous à leur faim, mais qui avaient faim de savoir. Bien sûr, ils se prenaient quelques coups de pied au cul, à l’école ou à la maison, mais personne n’avait intérêt à déconner en classe.
Aujourd’hui, ceux qui le font creusent leur propre tombe sociale. C’est ce message qu’il faut faire passer, plutôt que d’accuser la puissance publique et le sempiternel manque d’argent. Les bahuts sont là, les classes sont là, les profs sont là, et même si les bahuts sont moches, si les classes sont pleines, les profs pas toujours passionnants, pas besoin de tablettes numériques dernier cri ou de drones qui ramassent les copies, il y a de quoi bosser. Alors au boulot, bande de branleurs ! C’est par le travail que vous vous en sortirez (le travail libère), pas par la déconne ! Oubliez Jamel, c’est un mirage, une voie de garage, seul le boulot vous sortira de votre merde. Rien ni personne d’autre ne le fera et ceux qui vous diront le contraire sont des menteurs ou des manipulateurs.
On parlait de presse, d’Internet et de désinformation avec les Laurel et Hardy orléanaises de l’anticomplotisme, voilà qu’une bien triste nouvelle tombe. Le magazine Marianne est « en cessation de paiement ». C’est son PDG et principal actionnaire (à 86%) Yves de Chaisemartin qui a pris cette décision pour « sauver » le journal. Dont les ventes sont passées en un an de 157 000 à 143 500 exemplaires (chiffres officiels, bien entendu). Naturellement, tout cela sent le nouveau tour de table et la nouvelle formule, avec paiement en ligne et compagnie, les solutions habituelles qui ne marchent pas.
Si on nous écoutait – mais ça a pas l’air d’être le genre de la maison – on dirait qu’un journal extrêmement communautaire dont la rédaction est dirigée par Renaud Dély, ce Bibi Netanyahu de l’impartialité, n’a pas vraiment d’avenir. Payer pour une leçon de sionisme, il faut être riche, idiot ou sioniste ! Or les Français ne sont pas riches actuellement, ils sont de moins en moins idiots grâce à l’information alternative, et sont à 99% non sionistes.
L’hebdo avait déjà plongé de 3 millions en 2012, il reperd du fric en 2016, et ce ne sont pas les rustines de la subvention (une aide publique de 250 000 euros, une avance remboursable de 450 000 et un acompte de 200 000 pour un projet numérique, selon Le Monde) qui vont relancer la machine. Pour ceux qui ne connaissent pas Marianne, c’est ce canard créé par Jean-François Kahn il y a 20 ans (en 1997) qui portait les idées de gauche nationaliste de Chevènement. Hélas, comme beaucoup de titres (Charlie Hebdo, Le Monde, Libération), il subira des injections de plus en plus fréquentes de sionisme, ce qui tue à petit feu(j).