Dans la série des Grands Remplacements, il y en a un pas mal, c’est celui des sources d’informations relativement uniques et officielles par des sources multiples et officieuses. Suivant le mouvement populaire – ils n’ont pas le choix, c’est ça ou disparaître –, les hommes politiques tendent à se démarquer des médias primaires. On les appelle comme ça, parce que médias mainstream, médias officiels, médias dominants, ça devient une vraie purge.
Ce mardi 21 mars 2017, c’est encore le FN et le parti de Mélenchon qui se sont illustrés dans ce sport très tendance, qui consiste à jeter, sous les applaudissements d’un public conquis, les journalistes il est vrai super pénibles. Les victimes de ces actes inquialifiables qui consistent à jeter des journalistes collants comme des mouches et chiants avec leurs questions mille fois entendues, appellent cette torture le média bashing.
Mélenchon au journaliste de C à vous : « Sale con ! », « Hyène ! »
Anne-Sophie Lapix, animatrice de C à vous dans le public, madame Publicis dans le privé, est outrée : « C’est une agression caractérisée. »
Sa consœur Élise Lucet définit le crime : « On est dans le média bashing. »
Nos deux stars de l’info semblent découvrir que le rapport de forces est en train de se renverser, au détriment des journalistes primaires, mais aussi des politiques primaires, c’est-à-dire ceux qui correspondent à l’ancien Système. Ils continuent allègrement à faire leur devoir de propagande alors qu’ils vont dans le mur, et ne comprennent pas qu’ils sont condamnés : les gens n’ont plus besoin d’eux.
Second exemple, avec la célèbre Marine Turchi, la Marine gentille, l’autre étant la candidate du FN à l’élection présidentielle. Marine Turchi, si vous voulez, c’est du niveau de Caroline Monnot sur le FN au Monde, mais sur Mediapart. C’était bien la peine de nous inventer un pure player pour faire la même chose que Le Monde !
- Marine Turchi, la Caroline Monnot de Mediapart
On vous la fait courte parce que c’est pas la news du siècle, mais c’est rigolo quand même : Turchi reçoit un coup de fil de France Culture qui organise une émission sur le FN,« son fonctionnement, ses affaires » [original, NDLR], elle répond qu’elle a déjà un rendez-vous de calé ce matin-là [overbookée, la Turchi], mais la radio insiste, bon OK elle accepte. Le lendemain, second coup de fil, Turchi est décommandée. Elle apprend de la bouche de Thomas Wieder, le petit jeune qui monte au Monde, coanimateur de l’émission, que c’est l’invité FN, Jean-Lin Lacapelle, qui a obtenu sa désinvitation. Il faut savoir que Turchi vient de coécrire un livre tellement anti-FN que la presse est un peu gênée pour le mettre en avant, surtout que la Marine (Le Pen, ce coup-ci) a une chance de gagner. Faudrait pas se fâcher avec le futur pouvoir, voyez-vous...
Bon, la Turchi dégage, mais son honneur est bafoué, c’est la war : elle parle d’une « décision incroyable de France Culture ». Ce que la pauvre turchi oublie, c’est que ce qu’elle appelle la fachosphère est très rarement invitée sur le service public, au contraire de la propagandosphère, qui y a ses ronds de serviettes. Voilà, un partout balle au centre. Il n’étaient pas beaucoup à gueuler quand les dirigeants du Monde, bousculés par le livre de Péan & Cohen en 2003, ont obtenu de faire des télés sans les auteurs du livre La Face cachée du Monde !
Tout cela n’empêche pas les grosses pièces d’artillerie des médias primaires de continuer à pilonner les cibles désignées par l’oligarchie.
Le 2P2M – deux poids deux mesures – continue, mais ça bouge un peu. D’après nos calculs, vers 2330 après Jésus Christ, on devrait avoir une pluralité des opinions sur le service public audiovisuel et une presse « indépendante » indépendante...
L’alliance traditionnelle médias-politiques, qu’on appelait aussi le système médiatico-politique, est en train de se fêler sous la pression populaire, que ce soit par les urnes – c’est à venir dans 33 jours – ou par l’Internet, cet acide qui dissout tranquillement les médias primaires.