Le terrorisme a fait du mal au tourisme. Pour un peu, on croirait que nos concurrents directs en matière de tourisme (les États-Unis avec 60 millions de visiteurs par an contre 80 pour la France) ont organisé les attentats hexagonauxu de 2015-2016, dont les médias commémorent déjà le premier anniversaire, pour ce qui concerne la cauchemardesque nuit du 13 novembre.
Paris, qui n’était déjà pas bien attirante, avec sa saleté endémique, sa communautarisation par quartiers (à quand un quartier SM ?), sa gentrification (qui grignote son centre historique), et sa quart-mondisation (ça va ensemble d’un point de vue sociologique et urbain, les très riches et les très pauvres étant les deux produits du libéralisme sans frein), a vu ses recettes publicitaires fondre comme les effectifs d’i>Télé sous la menace morandinienne.
Certes, l’Anne de Paris n’y est personnellement pour rien, mais les socialistes, avec leur idée de la Culture et de l’Art, ont tranquillement défrancisé la capitale. Or ce que les touristes viennent voir à Paris, c’est le cœur de la France, pas le plug anal en pleine face place Vendôme. La place Vendôme ? Construite par les promoteurs au XVIIIe siècle, qui œuvraient discrètement pour les grands noms de l’aristocratie, d’où cette enfilade d’hôtels particuliers représentant la puissance sociale de leurs vrais propriétaires. Au milieu de ça, trois siècles plus tard, une grosse bouse socialo-contemporaine qui chie sur Paris et sur la France. Comment voulez-vous être attractifs et crédibles, après ça ?
- Et pourquoi pas des touristes armés à Paris ?
Alors Samuel Valls, vu l’état comateux de son supérieur hiérarchique officiel (le président François Groland, pas le président officieux, celui du CRIF) qui balance des secrets d’État en veux-tu en voilà à des journalistes en carton, prend les choses en main et déclare que c’est la sécurité qui va faire revenir les touristes. Les Indiens appellent ça la danse de la pluie (de dollars). Les Japonais, les Chinois et les Allemands, ces vacanciers gros dépenseurs, ont en effet fui notre pays et sa capitale (20% de baisse dans la restauration). Alors Valls débloque – de l’argent, s’entend – pour que nos invités se sentent chez eux chez nous, entre les Roms qui fauchent les portefeuilles des Chinois, les racailles qui attaquent les RER et les menaces quotidiennes des « islamistes », pour reprendre la phraséologie de l’axe Kepel-Cazeneuve.
En parlant de sécurité, le problème a été posé de celle des bureaux de vote de la primaire de droite « républicaine », dont l’élection du futur candidat aura lieu les 20 et 27 novembre de cette année (parce qu’après ce sera trop tard, le nouveau président risque d’être élu). Il faudra donc sécuriser 10 000 lieux qui attireront deux à trois millions de votants, dont tous ceux de gauche qui viendront y foutre un peu le boxon. Des bénévoles et la police municipale du coin assureront la tranquillité de ce processus électoral dont De Gaulle avait prédit la nocivité, pour son camp. Quant aux fouilles, il ne devrait pas y en avoir. Peut-on fouiller une personnalité de Neuilly ? Carla Bruni sera-t-elle palpée à l’entrée ? Patrick Balkany sera-t-il armé ? Vous voyez, la sécurité pose des rafales de problèmes inattendus.
- Les ancêtres de la droite républicaine (LR) lors de la Commune de Paris
Les rigolos diront que la droite n’a pas besoin de violence terroriste, elle la pratique très bien en famille, déjà. Les sept candidats se détestant au point de concocter des alliances (provisoires) pour déboulonner telle ou telle ambition. De Gaulle avait encore raison. Ce lundi, c’est NKM qui demande la tête de Dati, ou la réciproque, on sait plus trop. Le dernier fusillé en date, c’était Sarkozy, que tout le monde à droite déteste pour des raisons personnelles ou professionnelles. Il est vrai que pendant son mandat, il a un peu traité ses ministres comme de, comme des, disons des plugs, pour rester dans le domaine artistique. Des ministres de la République se faisant savater plus bas que terre, lapins affolés fuyant les colères présidentielles…
Hollande, lui, est plus doux : il ne traîne pas ses collaborateurs dans la boue, il laisse la presse le faire. C’est moins salissant. Mais ça n’empêche pas les collaborateurs de lui en vouloir à mort. D’ailleurs, ces derniers se sentent prêts à le trahir pour porter Valls au pinacle. Oui mais voilà, c’est le camp socialiste tout entier qui est touché par la disgrâce présidentielle, qui risque d’entraîner tout le monde au fond de la cuvette, pour continuer dans la riche métaphore du plug.
La sécurité, quel merdier ! Alors que tout le monde se prend la tête pour savoir comment arrêter le terrorisme et la violence qui fondent sur notre cher pays, voilà que les femmes choisissent le pire moment pour réclamer l’égalité salariale ! Elles ont même fait du 7 novembre La Journée de l’inégalité salariale hommes/femmes. Le combat féministe continue, dit la presse dans un bel ensemble. Au fait, comment en est-on arrivés là ? À savoir que les femmes, si l’on en croit les statistiques, à travail égal, gagnent moins que les hommes ? Eh bien il n’y a pas d’explication (sauf un éventuel racisme masculin envers les femmes).
Nous allons essayer d’en avancer une, qui a le mérite d’être pragmatique, par rapport à celles que tout le monde connaît : le fait que les femmes bossent moins longtemps que les hommes (temps partiel, éducation des enfants oblige), que les grossesses tronçonnent et ralentissent les carrières, et donc la progression des rémunérations, qu’elles assurent moins de travaux physiquement pénibles (nuit)...
Globalement, à travail égal, en 2016, une femme gagne théoriquement autant qu’un homme, puisque dans les entreprises où les périmètres de postes sont fixés, la grille des salaires n’est pas sexuée, et une convention collective y veille. Donc s’il y a une différence, elle se situe au niveau de la négociation préalable, ou continue : dans ce domaine, l’assurance (ou l’agressivité) masculine désavantage les femmes.
- Trop longtemps, la femme a été confinée à des tâches aussi viles que mal rémunérées
Les femmes ne sont venues sur le marché – officiel – du travail qu’au XXe siècle. Auparavant les hommes ont travaillé, en usine, dans les champs, les échoppes, enfin dans tous les secteurs d’activité possibles. Ce n’est pas que les femmes ne faisaient rien, mais elles assistaient, et du coup, leur statut social, clairement inférieur, ne leur donnait pas droit à fiches de paye et compagnie. On va vite, hein, on n’est pas en train de rédiger une convention collective pour le beau sexe, ou le sexe faible. Quand les hommes se battaient déjà pour leurs droits, au très industriel XIXe siècle (les Canuts), les femmes étaient moins présentes, à la fois dans les usines occupées, ou sur les barricades. La lutte était un truc masculin. Car la lutte des classes a d’abord été une guerre. Avec des morts, souvenez-vous de la Commune et ses milliers d’ouvriers criblés de balles à Paris (entre 7 500 et 20 000 morts, selon les sources historiques).
Un siècle plus tard, les femmes ayant officiellement – on souligne, pour pas se faire mordre par les Chiennes de Garde – travaillé depuis la guerre de 14-18, pour remplacer les gars dans les usines et les champs, il est logique qu’elles pâtissent d’un retard dans la reconnaissance sociale. La lutte n’a pas été la même, l’engagement plus tardif. C’est pas que les hommes soient jaloux de leurs avantages salariaux (pour des boulots physiquement plus durs à l’origine), mais ça ressemble au prix du sang versé. En 2016, cela n’a moralement plus lieu d’être, mais c’est. Par exemple, les femmes sont globalement moins syndiquées (7,5% des femmes le sont seulement) que les hommes, et figurent moins dans les syndicats révolutionnaires (à partir de la fin du XIXe siècle). La révolution et la guerre, c’est encore un truc de mecs. La lutte des classes aussi, visiblement, ainsi que les fruits de cette lutte.
- L’employeur de Conchita a tout intérêt à la payer en tant que femme de ménage
Ceci étant dit, personne n’empêche une femme d’aller renégocier son salaire, si son collègue masculin, à travail égal, touche plus qu’elle. Sinon, pendant qu’on y est, comment rémunérer un transsexuel ? Faut-il le payer moins lorsqu’il devient une femme ? Plus quand elle devient un homme ?
Pour clore cette étude époustouflante sur une note happy, proposons d’inaugurer la journée de l’inégalité salariale entre Branleurs et Bosseurs, entre Rapides et Lents d’esprit, entre Manuels et Intellectuels… On se répète, quitte à se répéter : les femmes en Occident sont arrivées relativement tard sur le marché du travail, elles touchent un peu moins que les mecs, à l’image du nouveau qui débarque dans la boîte. OK, l’argument est moyen, et il est aussi très moyen d’opposer les hommes et les femmes, qui sont dans la même galère libérale. L’injustice est partout, elle n’est pas sexuelle, mais oligarchique.