C’est pas la journée des médias ! De partout, ils s’en prennent plein la gueule. Vu de loin, ça fait sourire le populo qui trouve que c’est mérité : tant d’arrogance, tant de propagande, tant de partis pris, tant de dépendances, pendant tant d’années, ça ne pouvait que mal finir.
Personne ne souhaite la mort de journalistes. Mais venir avec une voiture aux couleurs de RTL ou Europe 1 en banlieue présente un risque (TF1 ne met carrrément plus de logo). Le bannissement des banlieues et de ses habitants par la grande presse – et par grande presse on entend les médias les plus importants – a conduit à un rejet de tout ce qui représentait le Système. Tout ce qui porte la marque du Pouvoir est rejeté. Attention, on constate une évolution sociologique, on ne la défend pas. De plus, ce sont les journalistes de terrain les plus exposés, par définition. Ceux qui restent le cul sur leur chaise ne risquent pas d’être poursuivis par une horde armée de cocktails Molotov. D’ailleurs, la hiérarchie envoie toujours ses soldats en première ligne, on n’a jamais vu un rédac chef sur le front de l’info. Même chose les jours de grève SNCF, quand les rares contrôleurs qui viennent bosser dégustent à la place de leurs collègues qui restent à la maison, le cul bien au chaud. Donc bien faire la différence entre le journaliste d’en bas et le journaliste d’en haut, le rat des villes et le rat des champs.
Justement, après les émeutes de banlieue ces derniers jours, à Bobigny et Clichy-sous-Bois (93), à Argenteuil (95), les médias concernés ont décidé de porter plainte. RTL pour sa bagnole incendiée, BFM pour l’agression d’un journaliste, Europe 1 pour un pavé qui a éclaté une vitre, et enfin l’AFP pour une caméra volée. Heureusement, pendant toutes ces nuits d’échauffourées, personne n’est mort, et on se demande bien comment. C’était l’angoisse numéro un du président Chirac lors des émeutes d’octobre 2005, lancées et plus ou moins contrôlées par son ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy...
Toujours dans le domaine médiatique, décidément c’est pas leur jour, en plein boum de la campagne générale anti-Fillon, un sondage vient détoner dans le paysage.
Et si les médias ne contrôlaient plus rien ?
On ne peut certes pas se fier à un sondage, mais cet instantané indique une chose : les médias ont perdu le contrôle de l’électorat. En éliminant virtuellement Fillon du second tour, ils se heurtent au résultat d’une étude d’opinions fine, corrigée par le big data. Ne comptez pas sur nous pour faire de la prévision, les présidentielles 2017, c’est pire que la météo au Cap Horn : on ne sait pas au jour le jour ce qui va nous tomber sur la gueule. Demain Fillon peut se désister pour sa femme (peu probable), Sarko revenir par le PS (tout est possible avec lui), Mélenchon trahir le peuple avec la révélation de cadeaux de Serge Dassault, Hamon appeler à la grève générale... sans oublier un attentat le 23 avril, dans un bureau de vote, avec retour de Hollande en sauveur. Le double cauchemar.
Autre exemple de la cassure entre médias et peuple : les larmes versées par les personnalités sur la mort du Grand Journal, dont on a déjà parlé dans cette rubrique. LGJ, une émission morte non pas de vieillesse, mais du cancer de la propagande, une glande qui se trouve dans tous les organismes médiatiques, mais qui ne dysfonctionne pas toujours autant. Là, ça a été brutal : une émission phare, peut-être la plus puissante que Canal+ n’a jamais eue, qui a chopé le melon (dit cancer de la grosse tête) et qui a explosé en plein vol. Qui va regretter Aphatie et ses analyses dictées par le logiciel de propagande du Système ? Un jour, ces gens-là seront remplacés par des robots ; du coup, on ne pourra plus les détester. C’est bête. Remarquez, Aphatie a retrouvé très vite du boulot, il est passé sur franceinfo, la nouvelle chaîne de service public. Finalement, on a perdu au change, parce que maintenant, la bestiole vit sur notre dos !
- Un doigt de propagande, avec Jean-Michel
Un autre qui vit sur notre dos, c’est le père Sopo. Dominique, de son prénom. Comme DSK, sauf que DSK se foutait des histoires de racisme, du moment que les gonzesses étaient d’accord (avec une nette préférénce pour les beurettes). On avait perdu de vue le Prince du Racisme Français, et voilà que Sopo resurgit à l’occasion des émeutes noires de banlieue parisienne. Le ghetto de Watts en feu 50 ans après les USA. Nous, on n’a pas eu 34 morts, 1 000 blessés et 4 000 arrestations, ça nous fait une petite émeute, avec un Sopo en petit Luther King. Mais vraiment petit. On a plutôt l’habitude de voir Sopo servir la soupe à l’UEJF lors des soirées Rire contre le Racisme, qui ont curieusement disparu des radars. On s’est peut-être trop moqué d’eux...
« Il est très important qu’une formation très solide aux préjugés puisse être dispensée »
La dernière de Sopo, qui a eu l’immense privilège de rencontrer Cazeneuve, celui qui ramasse les assiettes après les dîners du CRIF, c’est d’imposer aux policiers une « formation aux préjugés ». Qu’ils arrêtent de dire « bamboula » ou « négro » à des jeunes Noirs, par exemple. Ça, on est tous d’accord. Il faudrait aussi qu’en face on arrête de semer la haine du flic et de la France mais ça, ça ne fait pas partie du job de Sopo. Il va pas gérer tous les racismes non plus ou alors il faudrait un Sopo blanc.
Pour s’élever un peu au niveau de la sociologie, un chercheur américain dont on a oublié le nom et en plus on n’a pas le temps de le retrouver, avait émis l’hypothèse, vérifiée sur le terrain, que la culpabilité due au racisme des Blancs, donc antinoir, culpabilité transmise de génération en génération, plus ou moins volontairement, s’était transformée en violence intraspécifique, c’est-à-dire que les Noirs américains insultaient les Noirs américains parce que cette violence ne pouvait pas se retourner contre le maître blanc.
La bande-annonce en anglais de Boyz N the Hood (1991), le film sur la violence noire intraspécifique, avec Ice Cube et Laurence Fishburne :
On résume, mais c’est pourquoi on a vu récemment sur notre site qu’on avait 2 000 fois plus de chances de mourir abattu par un Noir aux USA quand on était noir que par un Blanc. La violence sociale de la domination de classe blanche depuis le XVIIIe siècle se traduit aujourd’hui en violence inter-Noirs. D’où l’expression dégradante « nigga » que les jeunes Noirs utiisent entre eux pour s’invectiver. Le travail, il doit commencer par là. Donc, lecture, sociologie, histoire, conscience, connaissance et imagination. Tout est dans les livres. Après, on peut commencer à corriger les choses, et les gens.