Le Guide Michelin est une tradition en France, et comme toutes les traditions, on n’y touche pas. Les étoiles s’envolent, se posent, s’ajoutent, et ça change tout. Certains chefs ont le sourire, d’autres la rage, mais globalement, tout le monde a 10, comme à l’École des Fans de Jacques Martin.
C’est vrai qu’on parle gastronomie, haute gastronomie, et c’est un Trésor national. Les Américains décrètent régulièrement qu’on a perdu notre Étoile, celle de pays du Goût, mais ça reste de la « contre-com » US de bas étage. Dans le domaine de la Haute Bouffe, la France n’est pas restée le cul sur sa chaise : elle innove. Si le burger – cette invention française au départ, avec le pan bagnat –, la folie du moment, nous revient après un détour par les USA, ça reste du tout-venant.
Les grandes tables sont légion chez nous et accessibles, pour peu qu’on y mette les moyens. À Paris le ticket d’entrée est à 100-150 euros, mais vous pouvez trouver du bon matos à 50 euros (par tête de pipe) à Bourgoin-Jallieu. Il suffit de s’éloigner un peu de la capitale, vitrine en la matière, si l’on met de côté Lyon, avec son statut à part. La ville de Paul Bocuse s’est vouée corps et âme à la gastronomie, elle sera sans doute rebaptisée un jour Bocuseville, même si ça fait un peu normand.
- L’équipe d’E&R au restau
Pourquoi ça cartonne autant, alors que c’est si cher, pour le budget moyen des Français, qui déjeunent en moyenne à moins de 20 euros ? Parce qu’il y a des fous de grandes tables, qui sont capables de faire 1 000 km aller-retour en un week-end pour tester une nouvelle étoile, un plat, un dessert. On exagère à peine. Il y a même des êtres humains qui mettent 1 000 euros dans une bouteille (de Romanée-Conti), alors qu’on peut se péter la ruche avec un pack de bières Leader Price. Oui mais voilà, le rêve n’est pas le même... Entre l’opium et le crack, il y a une différence de culture, de style, d’art...
Les riches, bien entendu, connaissent la France étoilée par cœur, les Relais & Châteaux suaves, où les PDG emmènent leur maîtresse, sinon Bobonne pour son anniversaire… Bref, on ne réduit pas la France à une table bien dressée, mais merde, quand même, le raffinement, c’est pas demain la veille que les Américains vont nous le piquer, comme ils nous ont piqué « l’art moderne », pour le vider de sa substance, et en faire un produit commercial infect.
#guidemichelin2017 Le Lyonnais @ChefJrmyGalvan décroche sa 1ère étoile #JTTLM @TLMLyon pic.twitter.com/h1oonG92EL
— LeilaK (@LeilaKessi) 9 février 2017
Dès que le vent soufflera je retournera (ma veste)
Pendant qu’on parle pétage de panse et de ruche, restons dans le pinard, plus précisément l’alcool, le jaune, le pastaga, la boisson préférée de Renaud. Renaud, souvenez-vous, le chanteur social, Coluche, le Nord, la mine, l’ami des enfants et des chiens, des baleines et du vent, et aussi un peu des petits Palestiniens, Renaud qui retourna sa veste un jour, sous la pression – on ne lui jettera pas la pierre, ou le caillou, elle a dû être forte la pression, et pas qu’en demi ou en formidable – eh bien Renaud a récidivé : il a certes replongé dans l’alcool, mais il a encore retourné sa veste, et pas sur n’importe qui, sur François Fillon !
« Fillon, c’est le retour à tout ce que j’ai toujours détesté ! »
Souvenez-vous, Renaud avait appelé à voter Fillon, il trouvait Fillon formidable, et voilà que Fillon est devenu le pire d’entre nous, suite à ses quelques salaires piqués sur la caisse de l’Assemblée, ou du Sénat, on ne sait plus trop, on n’a pas acheté le dernier Canard enchaîné... Et soudain, Fillon est devenu « trop catho », selon le chanteur ivre qui s’est confessé à Paris Match :
« Quand on lit son programme, il fait peur. C’est le retour à l’ordre catholique, tout ce que j’ai toujours détesté ! On me fait dire que je le soutiens. C’est totalement faux ! »
- Renaud se bat pour sortir du sionisme, mais c’est difficile
Mais Renaud n’est pas la girouette qu’on croit, que ce soit sur l’antisionisme ou Fillon : si jamais on se retrouve avec un duel Fillon/Le Pen au second tour le 7 mai, alors Renaud votera Fillon. Et si Marine gagne, demande Paris Match ? Eh bien Renaud restera en France pour se battre contre le fascisme (l’expression est de nous, attention) ! On imagine Renaud, pété comme un coing, armé d’une Kalach ou d’un Famas (dernièrement des armes ont encore été « volées » dans une caserne), en train d’arroser en mode rafale... On serait les compagnons d’arme de Renaud, on mettrait une distance de sécurité de 500 mètres minimum entre lui et la section FTP. Francs tireurs et partisans, pas File transfer protocol, bordel ! On est en France !
Terminons ce tour de l’actu sur une note de joie perfide. Savez-vous que Le Grand Journal, l’émission la plus horripilante du monde, vient de rendre son dernier souffle cocaïné ? Oh, elle est facile celle-là, mais on va quand même la faire, parce que c’est pas tous les jours dimanche qu’un des piliers de la bien-pensance se casse la gueule, s’effondre sur lui-même, tel une géante rouge. La parole dominante qui s’étouffe dans ses propres glaviots, la chaîne perdant 1 000 abonnés par jour, en moyenne. Une fuite des Français d’en bas, qui ont fait le succès de cette chaîne originale, mais qui ont été pillés par une bande de noceurs relativement indigne, jetant l’argent des autres par la fenêtre, dans le cul, la coke et les projets pharaoniques. Mais pour les pauvres, ça en jetait !
- Les questions existentielles du Grand Journal
Pensez que la quotidienne phare de Canal a coûté jusqu’à 120 000 euros par jour, période Denisot, la faste, ce coquin s’étant éjecté du train fou en marche au bon moment, à l’acmé de l’émission, quand tout le landerneau politique et les stars du show-biz se bousculaient, par attachées de presse interposées, pour figurer dans la Lumière Divine de l’access prime-time... Période bénie pour Canal (Vivendi) et les annonceurs, qui touchaient là le public chic des jeunes et des CSP+, ces gros consommateurs, image de la France de demain, parisienne, branchée, plus ces gros bourrins de beaufs qui s’étaient abonnés depuis le début, soit 1984 (Big Brother !), parce que le cinéma, c’était devenu trop cher, et que 20 films par mois, avec de gros morceaux de blockbusters US dedans, merde, c’était pas mal.
- Jean-Michel, garde-chiourme des pensées déviantes
30 ans plus tard, les princes de la chaîne cryptée se sont gavés, ils sont partis avec le magot (si vous saviez le braquage occasionné par le départ des « historiques », vous seriez malades), il ne reste plus que des seconds couteaux, des tocards boiteux, pas chers, en tout cas moins qu’un Denisot à 300 000 par mois, une Massenet à 40 000 (40 000 pour un QI de 40, c’est bien payé le point de QI), un Aphatie à 50 000... L’argent des abonnés est parti, pfuit, en coke, putes et programmes pharaoniques. Cependant, ne soyons pas chiens, il y avait du talent, des talents (on ne dit plus des people ou des stars mais des talents), des idées, mais ça, c’est le minimum syndical.
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