La tromperie quasi-permanente du grand public par le biais de la Division « journalistique » du Système conduit parfois à des situations tragi-comiques. Ce jeudi 7 juillet 2016, le départ de Rocard pour le Grand Nulle Part est fêté avec un cérémonial quelque peu disproportionné. On n’est pas loin du deuil national de trois jours et trois nuits. Au moment où il faut écraser l’Allemagne !
Le samedi 2 juillet 2016 fut un jour de « nécros » pour les plumitifs de France qui ont eu le malheur de ne pas partir en vacances. Mais on ne part plus, début juillet, comme avant, quand tout allait bien, les 30 Glorieuses, le Gendarme de Saint-tropez, Brigitte Bardot, le plein-emploi, l’insouciance... Ce qui reste des « grandes » vacances se resserre entre la fin juillet et la mi-août.
Dans l’ordre, Michel Rocard, Elie Wiesel et Michael Cimino nous ont quittés. Pas personnellement, bien entendu, mais, pour ce qui concerne les deux premiers, la disparition de constructions médiatiques mentales a fait que certains Français ont pu ressentir la perte d’un être cher. Cependant, ce n’est pas le problème : le problème, il est que pour des raisons commerciales, mais aussi idéologiques, des personnalités surmédiatisées de leur vivant deviennent des demi-dieux une fois mortes. Le culte des faux héros servant en général à éteindre celui des vrais, par définition dangereux pour le Système.
On a ainsi découvert aujourd’hui, avec l’hommage « national » rendu aux Invalides par le président de la République, l’extraordinaire figure politique que la France a perdue avec Michel Rocard. De la gauche à la droite, le concert de louanges ne connaît pas de ratés, la vague de ola rompue par personne. Ah si, toujours par le même, ce vieux grincheux de Le Pen, qui vient mettre sa note dissonante dans le concert des Pleureuses de l’Adoration Unanime. En assénant que Rocard avait pris le parti de l’Algérie, Jean-Marie (il ne s’agit pas de familiarité, ça évite juste de réécrire son nom à rallonges) a reçu la foudre. Mais il a l’habitude.
La première lame a gâché la musique, la seconde la fête. Zemmour, dont le million d’euros de revenus a été dénoncé par le vertueux magazine pour « hommes » GQ, enfin, pour ces demi-hommes à qui on impose le modèle féministe américain, Zemmour, donc, y a été de son coup de latte dans le cercueil du grand homme, en traitant post-mortem Rocard de, tenez-vous bien, « idiot utile de cet ensauvagement ».
Le phénomène de pleurniche collective est sociologiquement intéressant. On sait désormais – mais les scientifiques, les politiques et les publicitaires le savent depuis longtemps – qu’on peut faire croire à un esprit faible qu’il aime ou déteste telle ou telle figure travaillée. Attention, cela ne retire en rien les qualités de social-démocrate (d’autres diront social-traître) de Rocard, ou d’inventeur de Wiesel, mais cela remet à leur place l’authenticité des sympathies populaires.
En osant écrire que Wiesel s’était rapproché des extrémistes israéliens, l’ex-présentateur de JT Bruno Masure, qui tweete comme il respire, a reçu lui les foudres de Frédéric Haziza, le surveillant (« Wachmann ») des réseaux sociaux pour le compte de la dominance socialo-sioniste. Ce qui se conçoit bien s’énonce bien, a-t-on appris en classe.
On remarque qu’il faut placer de lourdes charges pour avoir raison d’une construction artificielle : dernièrement, le faux inventeur de la résilience Boris Cyrulnik, dont le CV sent la science-fiction à 200 kilomètres, et plus encore la fiction que la science, a malgré tout été l’invité le 22 juin des Amis du CRIF. Paris Match écrit, sans ironie, ou alors très très subtile : « Aujourd’hui, il nous met en garde contre la tentation de confier nos rêves ou nos frustrations à des héros manipulateurs. »
Les « héros » sont donc fabriqués par la dominance pour les dominés, qui sont priés de croire en eux, de s’identifier à eux, de s’inspirer d’eux. Ainsi, en 24 heures, avons-nous dû pleurer un faux rescapé de la Shoah qui aura utilisé l’émotion mondiale pour grimper dans la hiérarchie d’un pouvoir oligarchique transnational, afin de masquer la réalité de crimes de guerres pourtant reconnus par les Nations unies, et un Premier ministre qui aura laissé le RMI aux Français, créant les conditions d’un assistanat social qui fera des ravages – le renoncement au travail – deux décennies plus tard.
La marche funèbre retentit dans la cour des Invalides en l'honneur de Michel #Rocard >> https://t.co/T5QuQJhTW0 pic.twitter.com/GsclCksrkW
— LCP (@LCP) 7 juillet 2016
Nous sommes loin de Marx, qu’on le veuille ou pas, qui a bouleversé l’ordre social du XXe siècle, du général De Gaulle, qui a mis la France sur des rails dont elle déraillera souvent par la suite – faute d’héritiers compétents – ou de Mao, pour ceux qui vénèrent le parcours de combat du père de l’indépendance chinoise. Grand, c’est grand dans l’Histoire, dans la tête des gens, pas dans les médias.
Laissons les morts où ils sont, ayons simplement une pensée pour leurs familles, leurs amis. Notre rôle se bornera à retoucher chirurgicalement les fables officielles qui ont été créées pour les besoins du Système par les médias complices, et qui ne correspondent pas tout à fait à la réalité : Rocard est encensé parce qu’il a plié le socialisme au libéralisme, Wiesel parce que la vérité compte moins que l’émotion, qui rapporte politiquement.
Quant aux vrais héros, c’est au peuple, au destin ou à Dieu d’en décider. Si les 11 Bleus sont prêts à mourir pour la France face à l’Allemagne ce soir, ils entreront dans la légende. La vraie. Et Zemmour effacera enfin l’affront de 1982.