On était habitués aux manifs de jeunes, d’antifas ou d’étudiants rennais en socio qui cassent tout parce qu’ils sentent confusément que le Système se fout de leur gueule. Et voilà que les Vieux, les cheveux blancs, les anciens, les retraités, déboulent dans la rue. Pour revaloriser leur pension.
« De l’argent pour nos courses, plutôt que pour la Bourse ! »
On croyait que les retraités du baby boom vivaient à la coule : grasses rentrées, zéro stress, espérance de vie croissante d’année en année, médecine française au top mondial (les Américains sont loin derrière), loisirs à ne plus savoir qu’en faire, bref, le bonheur. On découvre qu’une proportion d’anciens vit avec peu, calcule à l’euro, voire au centime près la dépense quotidienne que la hausse cachée – par les responsables au pouvoir et l’INSEE – du coût de la vie, rogne année après année. L’image de la falaise rongée par la mer.
On pourrait dire qu’en France on s’occupe mieux des migrants que des anciens, mais ça serait perçu comme du populisme et aussitôt dénoncé à la Kommandantur. Avec les retraités, les politiques jouent sur du velours : un retraité, ça vote pour la stabilité, ça vote par peur souvent (la peur du FN), la peur de perdre son acquis (de plus en plus acquis par les générations précédentes), même maigre, et ce n’est pas le genre à tout péter pour obtenir satisfaction, à l’image des paysans, des pêcheurs ou des routiers. Notez bien qu’on a rien contre l’expression sociale protéiforme, lorsque le Système ne lui laisse plus que des moyens désespérés pour faire entendre sa voix. Les vieux sont dans la rue, et nous qui pensions que la solidarité nationale suffisait à les récompenser d’une vie de labeur bien remplie. Eh bien non.
De plus, les générations qui arrivent et qui auront moins travaillé – chômage de masse oblige – toucheront moins, et par un cercle vicieux, ceux qui arrivent derrière toucheront moins encore, puisqu’il aura été moins cotisé. Bonjour l’embrouille. Il faudra injecter un maximum de solidarité et espérer une hausse de la fraternité pour faire face aux effets pervers du libéralisme économique. Simple bon sens : quand le profit crée du chômage, l’oligarchie s’enrichit au détriment des gens. L’économique épuise le social.
- Serge Dahan répond « non coupable » à l’accusation de crimes contre l’humanité par l’État d’Israël
Heureusement, question fraternité, Serge Dahan en connaît un rayon. Qui est Serge Dahan ? Le président du B’naï Brith, qu’on a toutes les chances d’écrire avec une ou plusieurs fautes d’orthographe, ce qui peut mener direct à la 17e Chambre (des tortures). Au fait, à quoi sert le Braï Bit’n ? Et qui sert-il ? Eh oh, arrêtez avec vos questions inquisitrices, le Baille Brite est une association qui regroupe plein de gens de bonne volonté, voilà.
Ce que nous disions depuis longtemps, souvent dans l’indifférence, est arrivé. Après la communauté juive, l’islamisme radical s’est attaqué à la société toute entière.
Ça commence fort. Si on avait écouté Serge au lieu de se moquer de lui et de ses prophéties, la France n’en serait pas là où elle est aujourd’hui, c’est-à-dire dans l’affliction.
Ce terrorisme qui prend sa source à l’étranger, mais qui a aussi grandi dans nos villes, dans nos quartiers et dans nos écoles, cherche à détruire notre mode de vie, notre culture, notre société. Ce qui est visé avant tout, ce sont nos valeurs, nos références, notre vivre ensemble qui fondent depuis toujours notre culture, notre histoire et tout simplement notre modèle politique de la citoyenneté en France, comme ailleurs dans le monde démocratique.
Parmi ces valeurs visées on trouve la fraternité qui constitue une cible de choix de ces assassins. Ils ne l’acceptent pas. Ils ne la supportent pas. Ils ne la vivent pas. La fraternité représente tout ce que ces fanatiques rejettent et détestent car elle est au cœur de nos valeurs judéo-chrétiennes et républicaines qu’ils cherchent à détruire. La fraternité est depuis des siècles enseignée par les Maîtres de la pensée juive et transmise de génération en génération. Elle est au cœur du judaïsme, au cœur de l’éthique juive, au cœur de la morale et de l’identité du peuple juif. Elle véhicule ce qui fait le message universel du judaïsme : le respect de l’autre, la tolérance, la générosité.
Ah, on en vient au fait. Dans son long texte, Serge fait l’éloge du judaïsme (il oublie un peu 2 000 ans de christianisme mais le tronc a l’air de négliger les branches) et de la République, et montre que les deux sont liés. Incroyable ; c’est mot pour mot ce que disait Samuel Valls quand il confondait la République et les juifs, « les meilleurs d’entre nous », et tout ça. Pour un peu, on parlerait d’une République juive ! Mais ça serait mal interprété. Le pâté du Braille Bvite finit sur une émouvante incantation « contre la haine, la barbarie et l’intolérance ». Traduction : envoyez le budge à la LICRA et à la DILCRA (ça c’est de nous et c’est de l’humour un peu lourd) !
- Grazia, le journal qui fera de toi un homme grazieux
Sortons des menaces et des incantations pour nous replonger dans le petit dernier de la presse écrite, qui va trop mal pour qu’on refuse de lui donner un petit coup de pouce. On appelle ça la « confraternité ». En tant que journalistes, on se sent solidaires de la naissance d’un nouveau titre, qui risque d’enrichir la pluralité de l’information, et donc de soutenir la démocratie, en ces temps où bla, bla, bla. Vous l’aurez compris, la sortie de Grazia Hommes ne va pas changer les choses, dans le chœur de la propagande médiatique. Rien qu’à voir la couv du premier numéro, on sait que c’est terminé. Fini. Foutu. Le titre n’a aucune chance.
Romain Duris, l’idole des adolescents qui n’arrivent pas à devenir adultes, est censé représenter les « 45 mecs qui font bouger le monde ». On sait bien que ça tape dans la cible des annonceurs (qui ont tout détruit dans ce secteur), mais pour réussir un canard aujourd’hui, il faut :
1. éviter de prendre les mecs (« cool, libres & rebelles ») pour des cons (même s’ils le sont, c’est pas une raison),
2. trouver des vrais sujets qui rendent plus conscients (moins cons, quoi).
Car le problème du rédacteur contemporain, c’est comment ne pas dire la vérité tout en étant attractif pour le lecteur. C’est l’art du bien-mentir, comme il y a le savoir-vivre, ou le bien-être. Hélas, les progrès de conscience provoqués par l’Internet ont rendu cette équation de plus en plus difficile à résoudre. Les vrais sujets fourmillent, c’est la volonté qui manque. Allez, les nouveaux hommes, un peu de couilles !