10 mois à 3 ans de prison requis contre trois policiers qui avaient usé de leur flash-ball et blessé des manifestants. C’est le résultat provisoire d’un procès exemplaire à plus d’un titre. Les policiers, payés par l’État pour faire régner l’ordre social, quand il est menacé, se retrouvent sur le banc des accusés. Le peuple antiflic parlerait de « ripoux ».
Le procès de six policiers ou de la police ?
Or il ne s’agit pas de ripoux, mais de policiers qui ont exercé leur force, celle pour laquelle ils sont payés, considérés, et utilisés par le pouvoir, afin d’empêcher le désordre de s’établir. On sait tous que dans une société, les forces de l’ordre luttent en permanence contre les forces du désordre. C’est dans la nature des choses, car tout le monde n’a pas intérêt à l’ordre. Les exploiteurs du désordre, par exemple. Ce qui est nouveau, c’est quand le pouvoir politique a intérêt au désordre. Il dispose ainsi de forces de l’ordre, et de forces du désordre. C’est exactement ce qui s’est passé l’été dernier, lorsque les policiers devaient affronter des antifas, qui étaient aussitôt relâchés par la justice, ou par la police, malgré des violences contre les personnes ou les biens.
Alors, ce procès que l’État fait à ses propres policiers pour violences contre les manifestants, sous forme de tirs de flash-ball, interroge. C’est carrément une interrogation philosophique, dont la réponse se trouve dans l’ingénierie sociale qui a conduit à ce paradoxe. Mais qui prouve au moins une chose : qu’il y a bien deux pouvoirs, l’un visible, officiel, vertement critiqué (le Hollande bashing) et l’autre moins visible, moins officiel, mais tout aussi puissant, sinon plus. Le pouvoir profond, celui qui se cache derrière le pouvoir superficiel. De surface.
Dans la série « ils bossent pour nous et ils en prennent plein la gueule pour pas un rond », les pompiers. La profession préférée des Français – et pour cause, on s’occupe de leur gueule – mais aussi une des moins valorisées. Sachez, par exemple, qu’il n’y avait jusqu’à récemment pas de prime de risque… Ceci étant dit, il n’y a pas que le fric, il y a aussi la vocation, et ça arrange bien les tenants des deniers de l’État. On est bien content de se faire sauver par des sapeurs en cas de crue qui bouffe tout le rez-de-chaussée de la maison, et on ouvre moins sa gueule contre ces « branleurs de fonctionnaires ».
Eh ouais, les fonctionnaires, c’est tous ces hommes et ces femmes (notre seule concession à la syntaxe féministe) qui bossent pour le bien commun, ceux-là même que Fillon et consorts veulent réduire. Pour faire des économies. Payez d’abord ce que vous devez en impôts société, bande de requins ! Si Total avait payé tout ce qu’il devait aux Français, soit 7 milliards par an, on n’aurait pas besoin de faire 500 000 fonctionnaires d’économie. 70 milliards d’euros de fraude fiscale par an, au bas mot. Du vrai argent qui ne rentre pas dans les caisses, et pas la peine de chercher une contrepèterie, on n’est pas au Canard enchaîné, ici. Les entreprises du CAC40 ont payé 33 milliards d’impôts en 2014 pour 62 milliards de bénéfices. Elles sont moins taxées que les PME, qui n’ont pas les moyens juridiques ou financiers (en investissant par exemple) de payer moins d’impôts…
Ce jeudi 24 novembre, les pompiers étaient à pied d’œuvre en Corse qui, une fois n’est pas coutume, a croulé sous les eaux. Pendant ce temps, 1 000 de leurs collègues manifestaient à Paris, aux côtés des infirmiers et des policiers, pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail.
En face de cette grogne légitime, les 2 500 euros de prime de retour offerte aux clandestins sonnent comme une gifle. Droite et gauche se pouillent sur cet appel d’air pour les uns, cette aide au retour humaniste pour les autres. On apprend que ce montant peut même se chiffrer à 10 000 euros, pour ceux qui ont un projet sur place… chez eux, pas en France. Sinon, là, c’est la révolution. Quoique… Avec les milliers de couleuvres avalées depuis la série de chocs oligarchiques en 2015 (attentats, chaos migratoire organisé, désordre social contrôlé pour doubler la vraie contestation), on n’est pas sûr que ça pète vraiment.
À propos du « ça va péter », qu’on entend partout et qu’on ne voit nulle part. C’est à peu près au moment où les Français ont eu envie que « ça pète », d’un point de vue politique, que les attentats sont venus éteindre ou calmer les velléités d’explosion sociale. On se répète, mais il faut se le dire et se le redire pour le comprendre et le croire : on éteint un incendie avec une explosion, méthode Red Adair pour les puits de pétrole en feu…
Sur ces images en anglais non sous-titré, la méthode du Texan pour éteindre une gigantesque torche en Algérie en 1963 (ce sont les Américains qui ont succédé aux Français en matière d’exploitation énergétique). Sept mois de préparation, trois bassins d’eau de la taille d’un terrain de football, sans oublier le couronnement hollywoodien en 1967, avec un héros incarné par John Wayne (les Américains savent magnifiquement mettre en scène leurs talents et leurs victoires, pas trop leurs défaites) :
Qui a dit que les explosions terroristes étaient le souffle oligarchique destiné à éteindre la grogne sociale ?