Si on entend rarement parler des psys condamnés pour les viols de leurs patients, c’est peut-être parce que le milieu se tient les coudes.
Quelques fois, on voit passer un titre, « Un psy jugé pour avoir violé un patient », « Un an de prison ferme pour un psychologue pédophile » (celui-là traitait aussi des enfants autistes), « Un pédopsychiatre belge arrêté pour pédophilie » (celui-là avait déjà été condamné en 1995 pour ces viols et agressions sexuelles sur cinq enfants de sa famille), « Un psychiatre condamné à 12 ans pour le viol de quatre patientes » mineures, « Un psychiatre condamné à 8 ans de prison pour viol », là aussi sur des patientes mineures, un autre radié pour détention d’images pornographiques d’un mineur, un autre a pris 13 ans pour 6 années de viols sur un patient mineur, un troisième a été condamné pour tourisme sexuel avec des mineurs et détention de pédopornographie…
Les cas ne sont donc pas rares, et le taux d’affaires dénoncées par des plaintes et qui aboutissent à une condamnation est le même que dans la population en général ; on peut estimer que le nombre des viols commis par des psychiatres et pédopsychiatres est cent fois plus important que ce que ne laissent entrevoir les gros titres.
On peut également redouter une impunité plus importante que pour le clampin moyen, mais il est vrai que ces gens sont généralement plus intelligents que la moyenne, et ils savent parfaitement mentir.
Justement, si j’en crois certains témoignages récents, ces médecins, dont une bonne partie est ou a été expert auprès des tribunaux, bénéficient de la volonté de notre institution judiciaire de fermer les yeux. Et quand la justice réagit, les peines sont souvent dérisoires.
Ainsi, récemment, un pédiatre angevin de 84 ans a été condamné en première instance en 2015 à la peine dérisoire de 4 ans de prison dont 3 avec sursis pour « des actes pédophiles dans le cadre de son activité ». Un an de prison signifie qu’en réalité il est certain de voir sa peine aménagée, c’est-à-dire d’éviter la prison. Les femmes qui ont porté la procédure contre lui avaient alors entre 35 et 65 ans, ce qui veut dire que ces actes ont été commis sur une longue période. Une de ses victimes explique même que les agressions sexuelles ont duré de ses 5 ans à ses 11 ans.
Bien que ses victimes n’eussent aucun lien familial avec lui, le nom de ce pédiatre pédophile n’était pas cité dans les médias. Si une femme d’une trentaine d’années dont la première plainte a été classée sans suite n’avait pas trouvé elle-même d’autres victimes, le procès n’aurait même jamais eu lieu.
Et puis, grâce à la prescription, l’impunité est la règle dans ces dossiers. Car il en faut, du courage, pour mener une telle procédure contre ces types qui présentent si bien, qu’on pourrait même croire au-dessus de tout soupçon.
Le mur du silence, le système de l’impunité
Récemment, une femme qui a tenté de dénoncer le psychiatre qui l’avait violée étant adolescente a raconté son chemin de croix pour faire condamner le médecin, qui exerce toujours au Mans. Hélas, quand elle a porté plainte, les faits étaient prescrits.