14 ans après le 21 avril 2002, les cartes politiques ont été redistribuées en France. À l’image du communisme dans les années 80, le socialisme s’effondre, sa puissante fédération du Nord est en faillite. L’effet Marine Le Pen, peut-être, qui est en train de siphonner les militants et les votes.
En 2002, son père Jean-Marie s’invite au second tour des présidentielles au grand dam de Jospin, qui accusera Chevènement, alors que c’est Taubira avec son vote communautaire qui a trahi la gauche, sur proposition de Chirac.
En 2014, Hollande, s’il se représente, ne sera probablement pas au second tour. Il aurait fallu un triquennat, ou un biquennat, au maximum, pour avoir une chance. La durée de vie de la tromperie démocratique alternante se contracte. En politique aussi, l’obsolescence programmée frappe. Le 21 avril 2002 n’est donc pas une surprise, même s’il fut un choc, puisque on assiste aujourd’hui à l’accomplissement de ce renversement, véritable tectonique des plaques idéologiques. La gauche sociale est en train de passer chez les nationalistes, de se nationaliser. Le socialisme nationaliste semble être, malgré les contre-feux oligarchiques, l’horizon des peuples.
SOS Socialisme
La vidéo de l’alligator dévorant un confrère fait plus de vues (3 744 218) que l’émission du président de la République sur France 2 le 14 avril 2016, Dialogues citoyens (3 500 000) :
Pas la peine de verser dans le Hollande bashing, tout le monde médiatique s’y est mis, puisque c’est autorisé par le pouvoir profond, dit aussi l’oligarchie française. Le fusible Hollande, tu peux taper dessus, il est fait pour ça. En même temps, il s’en fout, nous ne sommes que pauvres sans-dents. On pense malgré cela à son père, qui doit souffrir de voir le fils atteint quotidiennement par les quolibets, les critiques, les attaques, parfois très dures.
Pourtant, Georges Hollande n’est pas socialiste. C’est un ancien sympathisant de Tixier-Vignancour et de l’OAS, ce qui fait de lui un fidèle de l’extrême droite à l’ancienne. Précisons en passant que l’extrême droite des années 1950, et encore plus des années 1930, n’a rien à voir avec la version Philippot-Collard d’aujourd’hui. En ce sens, les marinistes ont raison : on peut juste les appeler souverainistes. Le programme de préférence nationale initié par Jean-Marie Le Pen dans les années 1980 leur sert toujours de socle et de cagnotte électorale. Pour combien de temps encore, l’avenir le dira.
Le candidat à la présidence de la République Tixier-Vignancour, dont le directeur de campagne n’est autre que Jean-Marie Le Pen, est interrogé à la télévision en 1965, notamment sur son racisme et son antisémitisme (à partir de 11’02 jusqu’à 15’14) :
En face, la gauche socialiste s’est aussi réformée, si l’on peut dire, en 14 ans. Elle s’est débarrassée de sa gauche embarrassante, qu’on appelle extrême gauche avec un frisson bourgeois, et qu’elle a habilement transformée et instrumentalisée en dissidence factice.
Le projet du président-candidat (qui y croit) Hollande consiste à déconsidérer « son » extrême gauche grâce aux exactions de la Nuit Debout. Le grand public doit assister chaque jour à la télé à la chienlit : des jeunes, sales, désorganisés, incohérents, idéalistes et violents.
De l’autre côté de la barrière sociale, Hollande utilise le jeune Macron pour chasser à droite (il plaît ou ne déplaît pas à 79% des interrogés LR et centristes). Technique classique du trimaran. C’est pour la même raison que Mitterrand a laissé les « casseurs » déborder la grande manif des sidérurgistes à Longwy, le 20 avril 1984. Ce qui compte, c’est l’opinion, et au bout de l’opinion, le vote.
L’image de la CGT, et derrière elle du Parti communiste, n’y survivra pas. Hollande vise donc les électeurs excédés par les exactions de l’extrême gauche en montrant qu’il est l’ennemi de cette faction, tout en séduisant les centristes avec Macron. Ce qu’il perd à sa gauche, faute de politique sociale efficace (en attendant le renversement de la courbe du chômage, qui devrait statistiquement avoir lieu grâce à la pyramide des âges), Hollande compte le regagner sur sa droite. Calcul mitterrandien, une fois encore.
On comprendra donc pourquoi les exactions des antifas sont entretenues (par les relais de Hamon et Dray) et médiatisées par des médias toujours avides de sensations. Les antifascistes de pacotille peuvent donc agir en toute impunité : le pouvoir visé par les jeunes en colère doit faire croire qu’il est du côté de l’ordre et des bonnes gens. Deuxième gain symbolique : les antifas, c’est l’opposition. En réalité, une résistance (manipulée) pour les nuls, histoire d’éloigner la lumière médiatique des progrès fulgurants de l’opposition au Système qui sévit sur l’Internet.
Le tableau de la France qui n’a pas élu JMLP en 2002 est sombre, mais pas désespéré. Un pouvoir soutenu par 14% des Français – ce que pèse le Parti socialiste aujourd’hui, un parti d’élus de régions et de communes, qui aura profité à fond de la décentralisation – sait qu’en face, le rejet est aussi fort. On n’est pas bons, mais les adversaires ne sont pas meilleurs.
Il y a quatre ans, le TSS, le Tout Sauf Sarkozy, bénéficie à Hollande, élu malgré lui par une violente réaction aux dérives sarkoziennes (Libye, BHL, Jean, EPAD, Balkany, Israël, Merah, Squarcini), alors que la France penche nettement à droite. Un accident démocratique. Aujourd’hui, il y a évidemment un contre-effet TSH (Tout Sauf Hollande), mais encore plus grave pour la « démocratie » dite française : un TSTLM, Tout sauf tout le monde. Hollande, Valls, Juppé, Fillon, Sarkozy… l’alternance a vécu. Chaque candidat potentiel est rejeté par une majorité de Français, cas de figure nouveau pour l’oligarchie aux commandes.
Cambadélis vise Mélenchon dans Le Parisien :
« Parier sur la destruction du PS créerait les conditions d’un débat droite-extrême droite. »
Autre changement de taille pour la pseudo démocratie française, l’épouvantail fasciste ne fonctionne plus, ne suffit plus à rabattre les électeurs terrorisés par Vichy et la Shoah (« on » en parle déjà à Tixier-Vignancour il y a 50 ans !) vers une gauche bien-pensante qui représenterait l’héritage moral de la Résistance. Comme toute manipulation basée sur un mensonge, elle finit dans une double catastrophe. La pression migratoire aux portes de l’espace Schengen bouscule les pays européens, partagés entre réflexe humaniste – inscrit dans leur ADN démocratique – et réflexe nationaliste. Dans les deux cas, les pays hôtes sont piégés : soit ils se disloquent sous la crue des migrants, bouleversant ainsi l’équilibre entre nationaux et nouveaux entrants, dont la greffe demande du temps, soit ils tombent dans le piège « fasciste ».
Dans les deux cas, l’oligarchie à l’œuvre est gagnante : c’est elle qui gère le migroduc et les médias culpabilisateurs. La pince diabolique ! Qui « crée » par réaction Le Pen, et qui le dénonce. En maintenant deux fers rouges au feu, elle permet de contrôler politiquement la population. Le terrorisme étant la troisième et dernière solution, quand les deux premières ont échappé à leur créateur.
Car la seule explication cohérente du désastre migratoire consenti par nos dirigeants, c’est l’injonction oligarchique. Ce qui confirme que la France ne s’appartient plus. Voilà pourquoi un boulevard théorique s’ouvre pour Marine Le Pen, qui a mécaniquement le monopole de la popularité dans l’opinion. vierge de toute gestion, et cohérente dans son programme national. Elle se dessine, le Système la dessine en recours. À une seule condition : après avoir renié le père, elle doit faire le sale boulot contre les migrants en particulier, et les musulmans en général, les amalgames fonctionnant à plein régime en période de terrorisme, cette nouvelle ligne de basse du quotidien.
Le bilan de François Hollande, payé pour enterrer le rêve socialiste
L’objectif d’une présidence de la Ve République a un peu dévié de la route initialement prévue : programmatique à l’origine, il est principalement devenu « se maintenir à tout prix au pouvoir », ce qui est tout un programme en soi. La politique c’est d’abord la politique des élites. Ensuite, celle des Français, s’il reste de la place, du temps, et de l’argent. L’Élysée, c’est comme une association humanitaire, qui mangerait pour son fonctionnement interne une grande partie des dons et de l’énergie des militants et des sympathisants. Une machine à faire des coups – souvent foireux –, à servir une faction - toujours la même –, et à décevoir les Français. Il est temps de changer de système, celui-ci a fait son temps.