La SNCF supprimera 1 200 postes en 2017
C’est ce que la direction a annoncé lors d’un « comité central » – on se croirait en Union soviétique. Sauf qu’en France, on a des syndicats, surtout à la SNCF. Et ils ne sont pas d’accord. Ça sent la grève à plein nez. D’après Sud-Rail, c’est le fret qui morfle le plus, avec 8 000 emplois perdus en 8 ans. Le rail subit la concurrence de la route, plus adaptée, moins chère. Le réseau ferré pâtit de sa vétusté : pour des raisons de sécurité, et de déficience dans l’entretien des voies, la vitesse moyenne doit être ralentie.
Cela impacte le résultat de l’entreprise, qui s’est un peu endormie sur son glorieux acquis pendant un demi-siècle. La grande Dame a vieilli, et sa direction pas très visionnaire (sauf pour le TGV) n’a pas effectué les modernisations nécessaires. Ce sont les effectifs qui en payent aujourd’hui le prix, ce qu’ont vécu, en moins dramatique, les employés de France Télécom lorsqu’ils sont passés à l’« Orange ».
C’est toujours le TGV qui tire la SNCF vers l’avant, mais les investissements lourds dus aux lignes à grande vitesse ne sont toujours pas rentabilisés. Conséquence, la dette de l’entreprise s’alourdit et pèse désormais 48 milliards. La France a construit son TGV toute seule, mais le bijou technologique a coûté cher à la nation. Depuis les années 2010, les prix du voyage ont explosé, et ça a provoqué un tassement du chiffre d’affaires : on prend moins le train, on calcule beaucoup plus.
Du côté des syndicats, on réclame plus d’embauche, afin d’assurer l’entretien des roulants et du réseau. Oui mais voilà, il faut faire des choix : baisser la qualité de service, ou augmenter (encore) les tarifs. Et puis, un mur se profile : celui de l’ouverture à la concurrence en 2020 pour les TGV (10% du trafic total), et en 2023 pour les TER et Intercités, avec des appels d’offres dès 2017. Les Français sortiront-ils gagnants de cette libéralisation européenne ?
Vu d’en bas, le dégraissage de la SNCF ressemble à s’y méprendre à un effet pré-Fillon, qui annonce le non-remplacement de 500 000 fonctionnaires. Même si le grand vainqueur de la primaire de droite a rétro-pédalé sur son programme de santé trop saignant – la sincérité est une erreur de « com » –, le TSF (Tout sauf Fillon) a concentré le tir sur son organigramme, qui vient de tomber. Et là, le renouveau « Fillon » en prend un coup dans l’aile : que du vieux barbon de droite UMP, RPR, presque UDR (le nom des gaullistes avant la chiraquisation de 1976) ! Il ne manque plus que Pasqua, Poher… Pompidou !
Fillon c’est Sarkozy sans Sarkozy
Ceux qui ont la politique politicienne en horreur seront servis : Baroin (le gars capable de se rouler par terre pour un poste), NKM (la copine de Cohn-Bendit), Wauquiez (le faux sincère innocent), Raffarin (l’homme des Chinois), Morin (le ministre de la Défense de la soumission française à l’OTAN en Afghanistan), Mariton (le mec refoulé à la frontière turque), Woerth (les champs de courses), Le Maire (le premier de la classe impopulaire)… On note toutefois la réintégration de Gérard Longuet, cauchemar de la gauche, et la présence de Frédéric Péchenard, le flic qui faisait espionner les journalistes… finalement blanchi par la suite.
On n’est pas sûrs de sortir la France de la merde avec tous ces « technos » et pros de la politique, qui jurent, la main sur le cœur (à droite), qu’ils vont se sacrifier pour le pays. À l’exception des zozos de la société civile utilisés par Sarkozy, on a l’impression de retrouver l’arrière-ban de la Sarkozie. Mais sans Sarkozy. Et la vague impression de se reprendre la même quenelle qu’il y a 10 ans. Ce ne serait pas étonnant, tant le Système nous a habitués à ces retournements : le « non » au référendum du 29 mai 2005 transformé en « oui » par la magie du Traité de Lisbonne du 13 décembre 2007, avec Sarkozy à la manœuvre, ou, plus récemment, chez nos voisins italiens, le nouveau cabinet constitué après la victoire du non au référendum (sur les menus changements dans la Constitution), avec quasiment la même équipe que précédemment, Matteo Renzi en moins…
Décidément, les peuples ne sont pas sortis de l’auberge… oligarchique.
Joyeux anniversaire, arrêt Bosman !
L’arnaque venue d’en haut est partout, et le foot n’échappe pas à la règle. Depuis les révélations des « football leaks », ont en apprend chaque jour de belles sur la financiarisation de ce sport et ses prolongements commerciaux douteux. Mais ne jouons pas les étonnés : depuis l’arrêt Bosman du 15 décembre 1995, le football national a été libéralisé, européanisé, mondialisé, à l’image de l’économie. Le football populaire a été remplacé progressivement par une magouille magistrale qui permet à toute une mafia d’engranger des milliards, tant le sport-roi génère de droits TV.
Cela n’empêche par les amateurs d’aller voir les matches, de remplir des stades de plus en plus « commercialisés » (voir le Grand Stade de l’Olympique Lyonnais), ni de s’installer devant la télé, malgré les offres très onéreuses des grands acteurs du milieu : Canal+, BeIn Sports, SFR… Ces grosses machines mécaniquement à l’origine du dérèglement, et qui en profitent. Le ballon et les hommes ont été trafiqués pour en tirer tout le jus possible, et il est probable que la foot-bulle explosera définitivement un jour.
En attendant cette libération, Cantona, paria chez les Français, fait roi par les Anglais, a réagi à sa façon... à la Cantona ! Pour voir la vidéo, allez sur le site de l’émission (c’est gratuit).