Qu’est devenu Fabrice Burgaud ? L’ancien juge d’instruction, désigné comme le principal responsable du fiasco judiciaire d’Outreau, est toujours dans la magistrature. Il travaille aujourd’hui à la Cour de cassation, plus haute juridiction en France. Le Point.fr a rencontré le magistrat à plusieurs reprises, mais c’est par écrit qu’il a accepté de répondre à nos questions.
Le Point : Le documentaire Outreau, l’autre vérité pose un regard inédit sur cette affaire. Qu’en pensez-vous ?
Fabrice Burgaud : Je pense tout simplement que cela était indispensable, car, dans cette affaire, la parole avait été confisquée par quelques-uns. Je crois qu’il faut rendre hommage à Serge Garde, le réalisateur, qui a une connaissance approfondie du dossier, ce qui est peu fréquent. Et puis, il y a quelques moments surprenants : quand j’entends un ancien ministre de la Justice dans le documentaire expliquer avec un grand aplomb ce que j’ai fait et pas fait, alors qu’il concède dans le même temps ne pas avoir ouvert le dossier ni lu une ligne de procédure, je pense être en droit de m’interroger sur le sens des décisions qu’il a été amené à prendre dans cette affaire.
Ce film apporte-t-il des éléments nouveaux dont vous ne disposiez pas à l’époque de l’instruction ?
Il est particulièrement bien documenté. À ma connaissance, Serge Garde a frappé à beaucoup de portes et a réuni de très nombreux documents. Beaucoup sont inédits et certains même pour moi, comme les sommes allouées aux personnes acquittées.
Avez-vous le sentiment que ce film peut contribuer à la réhabilitation de votre image ?
Ce n’est pas le sujet. Ce que montre le film, c’est ce qui s’est vraiment passé dans cette affaire, comment les choses ont évolué et quel a été le rôle des juges, des avocats, des hommes politiques et des journalistes. Résultat : on est bien loin de la « version officielle » de cette affaire.
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Bientôt chez Kontre Kulture, la contre-enquête de Jacques Thomet sur l’affaire d’Outreau :
La quatrième de couverture :
Outreau ! On pourrait croire que tout a été dit, que tout a été écrit sur Outreau. L’affaire a été jugée, rejugée, et la Justice elle-même a fait l’objet de jugements aussi bien médiatiques qu’institutionnels. C’est entendu : Outreau est le Tchernobyl judiciaire qui par la faute d’un juge coupable a envoyé en prison des innocents. Outreau est ce cri qui accuse les enfants qui fabulent. Outreau est le Plus jamais ça ! de la Justice française.
Et pourtant, dans les archives des tribunaux dorment des milliers de pages qui racontent une autre affaire. Une affaire d’enfants malmenés par la Justice, d’experts ridiculisés et méprisés, d’avocats au service unique de leur propre gloire, d’acquittés devenus héros que des témoins et des victimes continuent d’accuser. Une affaire scabreuse et hélas ! banale de pédophiles, et peut-être de meurtriers, dont la médiatisation et le retournement a servi à étouffer depuis lors la parole des enfants et à dénigrer, voire à accuser, ceux qui tentent de les protéger.
C’est à cette contre-enquête minutieuse, véritable bombe dans le ciel aujourd’hui trop serein des pédocriminels et de leurs soutiens, que s’est livré l’auteur pendant deux ans et qu’il nous rapporte ici, suivie de l’analyse des conséquences d’un fiasco qui n’est pas là où on l’a dit.
Jacques Thomet, après une licence d’histoire et une formation de journaliste, a été rédacteur en chef pendant 32 ans à l’AFP.