Le Pr Lauri Fenton, du Centre de recherche Ames de la Nasa, est formel : la planète Mars, ou plutôt son atmosphère est aussi en pleine phase de réchauffement climatique, pour des causes assez proches de celles que l’on subit actuellement sur Terre.
Selon cette étude, menée conjointement avec l’US Geological Survey, les températures moyennes relevées à la surface de la Planète rouge s’accroissent quatre fois plus rapidement que sur Terre. Les chercheurs estiment que la température de surface martienne aurait augmenté de quelque 0,65°C entre les années 70 et les années 90, soit depuis l’atterrissage des sondes américaines Viking et des premiers relevés précis. Une des premières conséquences de ce réchauffement a été la diminution des calottes polaires martiennes, venant encore en renfort de ce processus par réduction d’albédo.
La comparaison avec la Terre est aisée. Si une zone couverte de neige fond, sa réflectivité, donc son albédo, diminue en proportion. Ainsi, si la glace qui recouvre l’océan Arctique réfléchit 85% du rayonnement solaire, l’eau n’en renvoie plus que 15%. Le reste est absorbé et contribue à réchauffer l’océan, ce qui accélère le processus, etc. Le même phénomène est observé sur Mars, à partir d’autres éléments : les tempêtes soulèvent la poussière qui se dépose sur les calottes en les assombrissant. Leur l’albédo diminue, ce qui entraîne une absorption plus importante du rayonnement solaire. La température du sol augmente encore, la fonte de la glace s’accélère, et ainsi de suite.
Cet effet albédo n’avait jamais été pris en compte jusqu’ici dans l’élaboration des modèles climatiques martiens, mais Lori Fenton et son équipe ont réussi à démontrer que ces variations de luminosité au sol influencent grandement l’environnement martien et accroissent les vents qui sont à l’origine de ces variations, cela dans un cercle vicieux rapidement incontrôlable.
Les variations de température ayant servi à cette étude ont été déterminées sur la base des images thermiques prises par les orbiteurs des deux missions Viking des années 70, et des relevés effectués par Mars Global Surveyor 20 ans plus tard.
Une inconnue cependant demeure. Les chercheurs n’ont encore pu déterminer la cause des nuages de poussière survenus à partir de 1970, et qui ont déclenché tout le processus de perte d’albédo et de réchauffement global.