On peut expliquer le degré de psychose contenu dans ce rapport, dont nous avons lu le résumé dans Le Point, en comprenant qu’un service de renseignement a toujours besoin de grossir les dangers pour entretenir, voire augmenter ses budgets.
Or, le monde que nous prévoit la CIA, cette machine à mentir et à détruire au nom de la sécurité des États-Unis, est forcément complexe et dangereux, puisque l’Amérique elle-même est en train d’y perdre son leadership. Militairement avec les investissements défensifs intelligents et économes de la Russie, économiquement avec la montée de la superpuissance chinoise, et surtout politiquement, puisque l’oncle Sam, à force de vouloir exporter sa démocratie pourrie à coups de bombes, s’est mis le monde entier ou presque à dos.
C’est donc la 7e version du rapport de la CIA qui avait, dans ses premiers temps, été analysé par l’imposant Alexandre Adler, depuis disparu de tous les radars. Aujourd’hui, c’est le journaliste du Monde Piotr Smolar qui analyse sans vraiment les critiquer les fantasmes géopolitiques et néoterroristes de l’Amérique.
« C’est un document extrêmement dense et assez passionnant à destination du président américain qui lui dit : "Vous allez être confronté dans l’immédiat à des problèmes énormes, des problèmes de diplomatie, des problèmes de santé, des problèmes économiques, mais levez le nez, levez la tête, regardez l’horizon parce ce que l’horizon, d’ici 2040, s’annonce extrêmement complexe ! On assiste vraiment à une sorte d’accélération du temps, à une compression du temps avec des progrès technologiques foudroyants, mais aussi des nuages noirs qui s’accumulent au-dessus de nos têtes. »
Smolar reprend l’antienne américaine de la menace chinoise et oublie qu’en France aussi, on vit dans un État de plus en plus totalitaire. Le gouvernement chinois ne s’en cache pas ; le nôtre fait encore croire aux naïfs qu’ils vivent en démocratie, à grand renfort de propagande médiatique et de travail de sape antichinois et antirusse. Mais les Russes sont peut-être plus libres que nous !
Écoutons l’échange à propos du développement de l’IA et des objets connectés :
France Info : « L’avenir n’est-il pas la fin définitive de la vie privée ? »
Smolar : « Oui, en insistant davantage, évidemment, sur les États autoritaires, voire totalitaires qui, eux, se sont assis depuis longtemps sur les notions de droit à la vie privée, de confidentialité. Je pense notamment à la Chine. »
Le nôtre, d’État, s’assoit depuis peu sur les notions de droit et de vie privée, de confidentialité. Bref, France Info n’a interrogé Smolar que sur l’écume sociétale des choses, alors que le rapport de la CIA nous promet un terrorisme version 2.0. D’abord, cela passe par un affaiblissement des États, tiens, le désir même pas secret des maîtres du mondialisme...
Conséquence : et les régimes dits autoritaires (Chine, monarchies du Golfe), et les régimes dits démocratiques (les dits sont de nous) s’affaibliront. Là aussi, rien que de très normal : les ingénieurs sociaux du gouvernement mondial visent à la fois les grands pays nationalistes, et les grands pays démocratisés, c’est-à-dire dénationalisés, les deux opérations étant déjà bien avancées. Le rapport nous promet donc une nouvelle guerre froide, avec des conflits à la fois de haute et de basse intensité (la France se re-prépare aux premiers, d’ailleurs).
Comme par un miracle, le rapport évoque un nouveau terrorisme à base d’IA, donc plus dangereux, plus mortel, plus tout. La CIA, décidément, ne veut pas disparaître. Et si elle peut donner un coup de main indirect à ces néoterroristes augmentés par l’IA, elle ne se gênera pas, comme elle l’a fait par le passé. Quand on sait que le djihadisme est financé par les grands amis de l’Amérique que sont l’Arabie saoudite et à un moindre degré le Qatar, désormais associés à Israël...
Bref, on n’est pas sortis de l’auberge terroristo-oligarchique.