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François Hollande en trois mensonges fondateurs

Ce matin, François Hollande a honoré de sa présence le sommet parisien dit "des Amis de la Syrie", organisé par son ministre Fabius. L’occasion de prendre la parole devant les nations acharnées depuis plus d’un an à renverser le gouvernement syrien, moins pour les droits de l’homme que pour leurs intérêts géostratégiques bien compris.

De l’incantation et du parti pris comme grille d’analyse

L’allocution du président français – élu contre le précédent mais son continuateur à maints égards – a été une bonne synthèse de ce moralisme de bazar (occidental), d’arrogance « citoyenne » et de déni des réalités dérangeantes à quoi semble désormais se réduire le discours politique français, de droite ou de gauche. En voici les "lignes de force" :

  • "Bachar al-Assad doit partir. C’est ce que veut son peuple. C’est l’intérêt de la Syrie, de ses voisins, et de tous ceux qui veulent la paix dans la région".
  • "Une chose est sûre, c’est que le régime ne tiendra pas, sa chute est inéluctable".

À chaque phrase du président français, un mensonge, un déni de réalité, une" vérité révélée".

1) Comment Hollande sait-il ce que veut le peuple syrien ? Il a quand même ce peuple, dans des conditions chaotiques, participé à hauteur de 51% aux dernières élections législatives. Et comme l’a rappelé Bachar lui-même dans l’entretien qu’il a accordé au quotidien turc Cumhuriyet, si vraiment le peuple syrien n’avait plus voulu de lui, il n’aurait guère résisté plus longtemps que le Shah d’Iran en 1979, malgré sa garde, ses chars, ses hélicoptères de combat, et l’appui des Russes. En un an et demi, quelques généraux et quelques milliers de soldats – un proche du président aussi, nous y reviendrons – ont fait défection, mais l’appareil d’État est resté à son poste. Il y a certes chaque vendredi des manifestations de l’opposition radicale à direction islamiste mais elles ne rassemblent pas 50 000 personnes sur une population de 23 millions d’habitants.

2) L’intérêt de la Syrie et de la région serait donc que Bachar quitte le pouvoir ? Qui le remplacerait ? L’opposition radicale, son dernier barnum du Caire l’a confirmé une nouvelle fois, est gravement divisée, ne recèle dans ses rangs aucune personnalité capable d’assumer une transition pacifique. Mieux, ou pire, elle n’a aucun contrôle sur l’ASL, pour ne pas parler des bandes plus ou moins djihadistes et complètement autonomes qui ensanglantent le pays. Le renversement de Bachar, c’est le chaos assuré, avec – cette fois ce sera exact -une guerre civile et/ou religieuse qui s’étendrait au Liban, à l’Irak et à la Jordanie voisins, et dans laquelle s’impliquerait probablement l’Iran.

3) Le régime ne tiendra pas ? On entend ça, et de bouches plus "autorisées" que celle de François Hollande, depuis le printemps 2011. Le régime en question peut enregistrer, sous l’effet de la dure pression diplomatique, médiatique et économique, quelques défections, l’édifice résiste. Par patriotisme ou claire conscience qu’il adviendrait si les barbus fanatiques et épurateurs de l’ASL arrivaient à Damas. L’exemple irakien est présent dans bien des mémoires syriennes, quel que soit le degré de bacharisme des Syriens. L’exemple libyen aussi, du reste. L’exemple du Liban d’il y a 20/30 ans aussi sans doute.

De quoi Hollande est l’expression (ou le nom)…

Au fond, les paroles de François Hollande n’expriment rien d’autres que le formatage des élites européennes sur le modèle "atlantiste-social-démocrate (ou libéral)" avec les présupposés idéologiques afférents : révérence de fait vis-à-vis du leadership américain, diplomatie cachant derrière la rhétorique des droits de l’homme de sordides intérêts géostratégiques – qui, en l’occurrence, ne sont même pas ceux de la France ! Et ignorance, crasse et sans doute volontaire, de la complexité des situations : ces gens-là veulent au fond faire entrer la terre entière dans un schéma et dans un slogan concocté par un quelconque BHL, un quelconque Kouchner, un quelconque think tank néoconservateur américain. Ce faisant, ils s’exposent à des déceptions, voire à des ridicules historiques : des Bachar, des Poutine, à côté de ces « communicateurs » sont autant de Richelieu ou de Bismarck. Le combat est inégal !

 






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