Les propos de Christophe Castaner sur la déontologie des forces de l’ordre ont provoqué l’ire de plusieurs syndicats de police. Certains agents contestent notamment l’abandon de la technique d’interpellation dite de l’étranglement et appellent à ne plus procéder à des arrestations risquées.
L’annonce de l’abandon de la technique d’interpellation controversée de « la prise par le cou, dite de l’étranglement », faite par le ministre de l’Intérieur, a été contestée par certains syndicats policiers.
Ainsi, le secrétaire général adjoint du syndicat SGP Police-FO, Grégory Joron, a réagi le 8 juin sur BFM TV : « Quand est-ce qu’on s’en sert ? C’est quand les gens ne se laissent pas faire, alors ce qui serait magnifique c’est que le ministre demande à tout le monde de se laisser faire, ça nous éviterait en effet le plaquage ventral, ça nous éviterait le menottage et ça nous éviterait l’étranglement (...). C’est extrêmement compliqué sans opérer de moyens de contrainte physique ».
Le délégué général d’Alliance Police, Frédéric Lagache, a indiqué auprès de l’AFP que l’étranglement est « la seule technique qui permette de maîtriser un individu dont le poids est supérieur » au sien, avant d’ajouter qu’il craignait d’en être « réduit au combat de rue ou à l’utilisation du taser ».
Pour Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police, interrogé par Libération, cette technique est « efficace et malgré tout protectrice de l’individu intercepté ». « Demain, comment va-t-on faire pour interpeller une personne qui prend la fuite, refuse d’être maîtrisée et menottée ? Tant qu’on n’a pas quelque chose pour la remplacer, sa disparition est inenvisageable. »
Indignation énergique
Sur les réseaux sociaux, plusieurs syndicats appellent même à arrêter les interpellations dangereuses, lorsque le suspect oppose une résistance. Ainsi, Alliance Police déclare : « La ligne a été franchie ! Confinement pour tous les policiers ! » et demande en outre, « en compensation, la dotation du pistolet à impulsion électrique pour tous les policiers ».
La ligne a été franchie !
Tolérance zéro ? nous sommes prêts :
Plus aucune prise de risque avec les individus qui blessent 18 policiers par jour.
Alliance demande en compensation la dotation du Pistolet à impulsion électrique pour tous les policiers ! pic.twitter.com/orrYSkGNM9— ALLIANCE PN (@alliancepolice) June 9, 2020
« Bienvenue dans un monde où la Police ne peut plus travailler », écrit le syndicat dans un autre tweet :
La pandémie disciplinaire nous guette RESTEZ CONFINÉS !
Il est interdit d'interdire sauf pour la Police...
Bienvenue dans un monde où la Police ne peut plus travailler !@EmmanuelMacron @EPhilippePM @CCastaner @Place_Beauvau @prefpolice @PoliceNationale pic.twitter.com/klXjllPLZu— ALLIANCE PN (@alliancepolice) June 9, 2020
« La révolte policière n’est pas loin », a estimé, à l’antenne de LCI, Denis Jacob, secrétaire général d’Alternative police-CFDT. « Les policiers n’en peuvent plus », affirme-t-il.
Dans les rangs de la #police, la colère monte après les dernières annonces du gouvernement. @Alternative_PN appelle notamment à cesser les interpellations.
@DenisJACOB_PN : "La révolte policière n'est pas loin : ça suffit !".
#LaMatinaleLCI de @PascaledeLaTour. pic.twitter.com/kJPEK2aTud
— LCI (@LCI) June 10, 2020
Le syndicat Alternative Police s’est également insurgé après les annonces de M. Castaner, en exprimant son « dégoût le plus profond ». « Depuis 2015, les policiers sont sur tous les fronts et à chaque fois la réponse politique a toujours été de donner raison aux détracteurs et aux antiflics habituels », indique son communiqué.
Racisme et violences policières : le dégoût des policiers après les annonces du Ministre de l'Intérieur @CCastaner @Place_Beauvau pic.twitter.com/DSxsDGE1nb
— ALTERNATIVE Police (@Alternative_PN) June 9, 2020
« Collègues, n’allez plus au casse-pipe », appelle le syndicat.
Annonces du Ministre de l'Intérieur @CCastaner, @Place_Beauvau, pour lutter contre le racisme dans la police... @Alternative_PN réagit !! pic.twitter.com/6MBbQP364O
— ALTERNATIVE Police (@Alternative_PN) June 8, 2020
Des modérés
Pour sa part, le Syndicat indépendant des commissaires de Police SICP se montre moins catégorique en disant : « Cela va rendre très difficile certaines interpellations pour les policiers ! »
Notre secrétaire national adjoint interviewé par @SoMabrouk, sur @CNEWS, suite aux déclarations de @CCastaner :
« Nous sommes opposés à la suppression de la technique dite de l’étranglement. »
« Cela va rendre très difficile, certaines interpellations, pour les #policiers ! » pic.twitter.com/05HvdU6sDL— Commissaires de police - SICP (@SICPCommissaire) June 9, 2020
Dans un communiqué de presse, Claire Le Calonnec, secrétaire générale Interco CFDT, tient à souligner : « Les faits rapportés de comportement individuel ne doivent pas jeter l’opprobre sur toute une institution et sur l’ensemble des agents qui compose la Police nationale ».
Racisme et violences policières : Interco #CFDT est lucide. Avec toute la CFDT, la fédération Interco et ses syndicats ALTERNATIVE Police et SCSI sont engagés dans la lutte contre le racisme et toute forme de discrimination et ne seront jamais dans le déni. https://t.co/9opaNnDldw pic.twitter.com/UDEcHKf6rS
— INTERCO-CFDT (@interco_cfdt) June 9, 2020
Déclaration de Castaner sur l’étranglement
Lors d’une conférence de presse tenue le 8 mai, le ministre de l’Intérieur a déclaré que, face à la multiplication des manifestations contre le racisme et les violences policières, la méthode d’interpellation controversée dite de l’étranglement serait abandonnée.
Une vague de protestations contre le racisme et les violences policières a déferlé sur différents pays, dont la France, après la mort par étranglement lors de son arrestation de l’Afro-Américain George Floyd.