On vous la fait courte, parce que c’est un peu technique, mais ça fait apprendre des choses sur le parlementarisme, qui est en train de reprendre ses lettres de noblesse depuis que les Français ont, à leur façon, imposé une sorte de proportionnelle à l’Assemblée.
Quand LREM possédait 308 sièges, soit 19 de plus que la majorité absolue en 2017, cela a permis au faux parti du Président – un parti sans militants avec juste des crédules en bas et des ingénieurs sociaux en haut – d’imposer sa tyrannie pendant la répression des Gilets jaunes en 2018-2019, les confinements et les injections quasi forcées de la séquence terroriste oligarchique 2020-2021.
Aujourd’hui, la coalition de la majorité présidentielle n’a plus la majorité absolue, il faut donc qu’elle trouve des alliances, durables ou ponctuelles, sur les textes de loi qui l’intéressent. Elle les cherche actuellement chez Les Républicains, mais certains macronistes ne crachent plus sur le Rassemblement national, ce que les gauchistes lui reprochent. Seulement, Macron est tellement vipérin que pour garder le pouvoir, rien ne le rebute.
Quand la boussole indique l’extrême-droite, le naufrage n’est plus qu’à quelques mètres… https://t.co/jbJUU0eCkZ
— Olivier Faure (@faureolivier) June 20, 2022
Mais avant tout, parlons des commissions, et surtout celle des finances, que le RN guigne. Une commission des finances, c’est quoi ?
Quand on fait partie de l’Assemblée, on peut s’inscrire dans plusieurs clubs (on dit club parce que le grand public sait ce que c’est), mais eux appellent ça des commissions. Elles sont au nombre de huit : Affaires culturelles et éducation, Affaires économiques, Affaires étrangères, Affaires sociales, Défense nationale et forces armées, Développement durable et aménagement du territoire, Finances, Lois.
Chaque proposition ou texte de loi est envoyé devant la commission du même nom, ou domaine. Les commissionnaires viennent de tous les partis présents dans l’hémicycle, avec une distribution proportionnelle au nombre de leurs députés. Il y a 8 commissions, chacune compte 70 députés, et l’inscription est obligatoire et unique. Mais il faut, à chaque fois, un président. Tout se fait au vote, et il a lieu le 29 juin.
Maintenant, pour la polémique du jour, on écoute Marianne :
La commission des Finances est à mettre à part. Chargée de contrôler le budget de l’État, elle peut saisir l’Autorité de la concurrence, demander l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire ou encore rejeter des amendements qui affecteraient le budget de l’État. Elle est notamment chargée d’examiner le fameux projet de loi de finances, définissant les sommes allouées à chaque ministère – une séquence essentielle pour le gouvernement puisqu’elle lui donne les moyens (ou non) d’appliquer sa politique.
Si vous demandez pourquoi toute la droite ne veux pas que la présidence de la Commission des Finances revienne à la #FI mais au #RN
pic.twitter.com/bCP1La5hET— Caisses de grève (@caissesdegreve) June 22, 2022
Normalement, on dit normalement mais ce n’est pas inscrit dans le marbre, la présidence de la commission des finances va au parti d’opposition majoritaire, c’est une manière d’équilibrer (un peu) les pouvoirs. Du coup, c’est au RN de rafler la mise, puisque NUPES est une coalition de 131 députés, dans laquelle LFI n’a que 72 députés, soit 17 de moins que le RN. Seulement, on ne voit pas les 68 membres de la commission laisser ce pouvoir au RN.
Après cette présentation un peu technique et un peu chiante, on passe à la rigolade. Parce qu’il y a de quoi. Pour les gauchistes, on n’a pas dit gauchiasses, qui est connoté, c’est carrément la menace fasciste qui est entrée en force à l’Assemblée, un peu comme les partisans de Trump au Capitole, en janvier 2021.
On écoute d’abord Daniel Schneidermann, qui a pris la machine à remonter le temps, et qui en profite pour relancer son bouquin :
Ce refus est historiquement grave. Le groupe unique n'était pas dans l'accord NUPES, mais personne ne prévoyait 89 députés RN. #Berlin1933 https://t.co/dh9gYTmZmZ
— Daniel Schneidermann (@d_schneidermann) June 20, 2022
Olivier Faure, le pâle numéro un du PS résiduel, tente lui aussi une « 1933 », en s’inspirant de Churchill :
Retenez ça, toutes les droites, de LREM à LR, en ce mois de juin vont donc mêler leurs voix à l’extrême-droite pour accorder au RN la commission des finances. En détruisant le front républicain ils ouvrent la porte à une victoire future du RN. La défaite et le déshonneur. https://t.co/xFHaNFxYfO
— Olivier Faure (@faureolivier) June 22, 2022
Faure ne récolte malheureusement que moqueries sur les RS : les temps ont bien changé. Avant, la parole socialiste avait du poids.
C’est Faure de café du commerce comme analyse.
— erik bielderman (@erikbielderman) June 22, 2022
Du côté de NUPES, cette coalition prête à éclater cornaquée par le (presque) stalinien Méluche, on fait croire que le peuple est entré à l’Assemblée.
Mes premiers pas à l’Assemblé nationale avec @KekeRachel !
Avec la #NUPES, aujourd’hui c’est le peuple tout entier qui entre à l’assemblée. pic.twitter.com/nVC0bdKdUA
— Louis Boyard (@l_boyard) June 21, 2022
Or, les observateurs sérieux qui ont un peu gratté les résultats officiels savent que le peuple a voté abstention et RN en masse, NUPES récoltant les catégories minoritaires qui lui sont chères, mais surtout les « quartiers ». L’antifascisme a changé de couleur...
On se souviendra que l’accession au pouvoir des fascistes italiens et des nazis a eu lieu grâce à des accords avec la droite, laquelle croyait naïvement qu'elle pourrait contrôler les fascistes et les utiliser, notamment contre la gauche, et que les institutions "tiendraient".
— Julien Salingue (@juliensalingue) June 22, 2022
Conclusion : le RN s’est dédiabolisé, démocratisé, parlementarisé, il a joué le jeu du Système, et il se retrouve en pole position au cœur de ce système. Le système démocratique établi par la bourgeoisie pour la bourgeoisie se retrouve pris au piège.
#Législatives : "Désormais, le Rassemblement national est un parti qui compte au Parlement. Ce n'est certes pas une bonne nouvelle pour la démocratie, mais il est plus que temps de se demander pourquoi autant d'électeurs votent pour ce parti !"@DominiqueReynie dans #CàVous pic.twitter.com/bkqUZ2Ml9V
— C à vous (@cavousf5) June 20, 2022
Le pouvoir profond va-t-il changer les règles, ou alors se contenter de contrôler le mouvement national ? Macron est tout à fait capable de se nationaliser, même s’il a été installé à son poste par la Banque et les forces mondialistes pour détruire la France éternelle et la soumettre aux forces du Marché.
Dernière minute : encore un coup sur la tête à Macron
⚠️Olivier Marleix élu président du groupe #LR à l'Assemblée nationale
➡️Excellente nouvelle, c'est un vrai opposant à Macron, dont il a dénoncé le #PacteDeCorruption dans le dossier Alstom, et il a voté contre le #PassVaccinalhttps://t.co/Yo2tbl59fW— Philippe Herlin (@philippeherlin) June 22, 2022