C’est aujourd’hui que 7 « jeunes » de La Grande Borne la mal nommée, la cité qu’on ne présente plus, vont faire face au juge pour avoir balancé des cocktails Molotov contre 4 policiers, qui ont failli y rester. Franchement, on ne voit pas bien la différence entre une attaque terroriste et cette agression gravissime.
Sur 12 jeunes de 17 à 19 ans, 7 sont donc mis en examen pour « tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique commise en bande organisée ».
Qu’est-ce qu’il leur passe par la tête pour essayer de tuer des policiers ? Il y a trois mois, les policiers qui surveillaient une caméra de surveillance, placée près d’un feu où avaient lieu des agressions contre des automobilistes – un feu à la sortie de la cité – ont été pris à partie par une bande très organisée. Bilan : 2 blessés graves sur les 4 hommes de loi. C’est ce fait divers proto-terroriste qui avait poussé le ministre de l’Intérieur à réfléchir à élargir les possibilités de légitime défense des policiers. En d’autres termes, qu’ils puissent ouvrir le feu pour se dégager. Ce qui semble normal pour les garants de la paix civile. Sinon, à quoi sert leur armement ?
Dans le même ordre d’idée, des policiers en patrouille – contre le terrorisme – ont vu leur armement évoluer. On observe un durcissement devant la montée de la violence. La question qu’on peut se poser, c’est pourquoi attendre des assassinats ou des tentatives d’assassinat de flics pour bouger. À quoi sert une police paralysée par les textes, par une justice qui relâche des délinquants dangereux ? Nous ne sommes pas pour la sauvagerie à l’américaine qui permet de défourailler à tout coin de rue, mais si les sauvageons sont armés, alors la police doit pouvoir répliquer. On le répète, il n’y a pas de différence entre une attaque terroriste et une tentative de meurtre délibérée sur policier. Or dans le cas terroriste, les policiers ont le droit de riposter ou de faire feu. Comme le commissaire qui a abattu un des tueurs du Bataclan. À deux, ils sont entrés dans la salle de concert et ont aussitôt abattu un des tueurs, resté sur la scène.
On reste dans l’armement, mais plus lourd cette fois. Certains s’en réjouiront, d’autres se lamenteront, mais rien n’y fera : la France gagne un blé démentiel dans la vente d’armes. Le commerce le moins moral du monde profite de toutes les guerres en cours. Avions Rafale, canons Caesar, sous-marins Barracuda, hélicoptères Caracal s’arrachent comme des petits pains dans un monde en flammes. Bilan des ventes : 20 milliards en 2016. Sans jouer aux cyniques ou aux donneurs de leçons, le peuple français en profite-t-il ?
Si l’armée de Terre a recruté 16 000 jeunes en 2016, pour renouveler et étoffer ses effectifs, sachez que 165 000 personnes travaillent directement pour l’industrie de l’armement. Et grâce aux cartons de ventes en 2015 et 2016, ces effectifs vont passer à plus de 200 000 en 2018. Ici se pose une question morale : les 250 morts et les centaines de blessés des attentats de 2015-2016 sont-ils la conséquence de nos engagements sur les terrains africains et asiatiques (Chammal en Irak, Barkhane au Sahel, Sangaris en Centrafrique, FINUL au Liban, et lutte anti-piraterie au large de la Somalie) ? Les Français assassinés pendant ces attentats sont-ils les victimes collatérales des choix géopolitiques de nos dirigeants ? Rien n’est prouvé. Comme souvent, il y a deux écoles : ceux qui pensent que la France ne fait que se défendre contre le djihadisme, que ce soit sur ses bases ou chez nous, et ceux qui voient dans les attentats une réponse à notre guerre contre l’islamisme radical.
« En 2015 nous avons réalisé le chiffre historique de 17 milliards d’euros d’exportations. Pour 2016 le bilan n’est pas encore consolidé (...) mais nous avons atteint un nouveau sommet avec plus de 20 milliards d’euros de prises de commandes » (Le Drian, très apprécié des militaires et de… Fillon, le 19 janvier 2017 pendant ses vœux aux armées)
Ce sont donc « nos » groupes industriels qui font des bénéfices et qui font vivre plus de 150 000 employés. L’argent des armes n’est pas que du bénéfice de trafiquant international, c’est aussi de l’argent qui part en investissements dans les hautes technologies. La Défense tire une partie de la recherche en France. Cependant, la recherche non militaire, elle, souffre. Appelons-la « recherche de paix ».
Alors que la concurrence internationale, notamment asiatique, se fait plus pressante, la France perd des places dans le peloton de tête mondial. Pas assez de R&D en matière scientifique pure, par rapport au Japon ou à la Corée qui, relativement à leur population, investissent monstrueusement dans les technologies d’avenir. Ceux qui ont mis les pieds en Corée du Sud le confirmeront : c’est le pays du gadget techno obligatoire. Les Coréens, qui sont très patriotes d’un point de vue consommation, permettent au secteur high-tech national d’exploser tous les records. Pour info, la R&D coréenne dépasse celle de la France : la Corée lui consacre plus de 4% de son PIB (à l’image des Allemands), contre un peu plus de 2% chez nous. À terme, les écarts se creuseront.
Les socialistes, à cours de liquidités, ont taillé dans les budgets scientifiques pendant le quinquennat, se heurtant à la fronde des chercheurs. Le long terme, c’est pour les autres ! Il est vrai que le CNRS est très gourmand en salaires, pour des domaines de recherche parfois… incongrus. Nous ne tomberons pas dans la dénonciation populiste de certains départements à la limite du risible, où le ronron du service public ne motive pas outre mesure les troupes… qui se battent en revanche becs et ongles pour la hausse du point d’indice annuelle !
Autre menace pour la recherche française, la fuite des cerveaux… vers des pays mieux payants. Beaucoup de Bac+5 vont tenter leur chance à l’étranger, et leur départ n’est pas compensé par une arrivée équivalente en termes de niveau, même si il y a plus d’arrivées que de départs de cerveaux dans notre pays.
La France produit encore pas mal de prix Nobel ou de docteurs de haut niveau, mais la corde se tend. La Chine, par exemple, est en train de tout bouffer dans le domaine du supercalcul, et là, on ne peut pas rivaliser. Mais tout n’est pas forcément question d’argent, on l’a vu avec l’école « socialiste », qui a englouti des budgets conséquents pour des résultats fantomatiques, voire négatifs. Peut-on se reposer sur le système D national et le génie dit « français » ?