Patrick de Saint Exupéry a un nom célèbre et il a cofondé la revue trimestrielle XXI qui propose des enquêtes et des reportages longs. Chaque numéro porte un nom bucolique : Automne, Été, Hiver, etc. Automne 2017 lance un pavé tricolore dans la mare africaine ou un pavé africain dans la mare tricolore en titrant sobrement « Nos crimes en Afrique ».
Ceux qui s’intéressent à la question françafricaine ont peut-être déjà lu des ouvrages sur la question. D’un côté la dénonciation de la France colonialiste et impérialiste par François-Xavier Verschave, de l’autre la défense de la Nation et de sa politique africaine avec Bernard Lugan, plus les deux tomes sur Jacques Foccart (Entretiens avec Philippe Gaillard). Une lecture de gauche autoflagellatoire et une lecture de droite plus realpolitik. Il faut les deux (pieds) pour se faire une idée pas trop bancale car l’annonce du jour porte sur les relations troubles entre la France et le Rwanda pendant la période du génocide (avril-juin 1994).
Selon Patrick de Saint Exupéry, les Français ont armé les Hutus après le massacre des Tutsis. Précisons que le pouvoir avant avril 1994 était hutu, avec un président hutu modéré comme on dit. La polémique porte sur la livraison des armes aux Hutus génocidaires (ou qui avaient quelque chose à se reprocher, ou qui fuyaient les troupes du FPR tutsi de Kagamé) après le massacre, soit en juin 1994. Les 300 000 réfugiés hutus dans les forêts du Zaïre ont été armés, selon le boss de XXI, sur ordre venu d’en haut, c’est-à-dire Hubert Védrine à l’époque, Mitterrand étant un peu dans les choux.
Les 2 500 soldats français de l’opération Turquoise étaient censés protéger les Tutsis survivants de la haine des Hutus. Il se trouve que des officiers ont sur place demandé à exercer leur droit de retrait par rapport à cet ordre absurde. Saint Exupéry n’apporte pas la preuve de la culpabilité française, mais le témoignage de « deux hauts fonctionnaires ».
Eh bien on sent que la France va s’en prendre encore plein la gueule. Mais c’est une habitude, dans nos médias sous contrôle strict. Un contrôle pas très pro-français, n’est-ce pas. Sans faire de transition facile, la récente sortie du député Danièle Obono qui « nique la France » fait partie de cette démolition programmée. On pense qu’elle ne sait même pas ce qu’elle dit en préférant « nique la France » à « vive la France ». C’est tellement ancré dans l’esprit de la plupart des Français qu’ils sortent ce genre de saleté mécaniquement. Cependant, une portion non négligeable et inattendue de Français se réveille.
Tiens #Obono la pseudo député qui nique la France, prends ça dans les dents !!! pic.twitter.com/M13bfT2tfG
— chris (@Vita11Lb) 28 juin 2017
Tout n’est pas foutu, les gars. On dirait que le pendule a été tellement loin dans un sens que maintenant les choses vont peut-être se rééquilibrer. Mais ce ne sera ni facile ni rapide. Écoutons ce que dit cette prof de français qui a corrigé des copies du bac :
« Je corrige des copies de l’écrit du bac de français pour des séries technologiques. C’est affligeant de médiocrité. Dans 90 % des cas les méthodes ne sont pas appliquées, les réponses ne sont pas trouvées, les textes ne sont pas compris, les outils d’analyse ne sont pas connus, pas utilisés, l’expression est déplorable avec beaucoup de phrases sans verbe, l’orthographe est un lointain souvenir d’une autre époque, les majuscules... un soldat inconnu. Sincèrement je jette les points, histoire d’en mettre. Parce qu’il faut le savoir, la commission d’entente EXIGE que mon paquet de 55 copies dont certaines font 15 lignes ait 10 de moyenne.
Si je n’atteins pas ce quota, mes notes seront augmentées. Alors à quoi bon ? À quoi bon passer plus de temps sur une copie que l’élève lui-même ? À quoi bon toute l’année transmettre conseils, leçons, connaissances ? À quoi bon exiger rigueur et culture ? Et surtout comment faire comprendre que ce lynchage du niveau du bac affaiblit nos jeunes pour l’avenir ? Pour les exigences de concours et de métiers où, oui, c’est dingue non, il faut savoir écrire, raisonner et analyser. Pauvre France... Pauvre éducation...
Alors je fais mon choix. Je ne joue pas. Je ne cautionne pas. Je choisis de mettre les notes que ces malheureuses copies valent. Vous distribuerez vous-mêmes, en haut lieu, les notes qui arrangent votre politique. La bienveillance n’est pas le mensonge. Votre grand leurre se fera sans moi ».
C’est du bac techno, donc ils se foutent un peu du français qui doit avoir un coeff décimal... mais ça mérite d’être dit. L’Éducation nationale se fout du monde et ment sur le niveau des lycéens. Qui vont entrer en sureffectifs en fac (entre 50 et 100 000 étudiants difficiles à placer) et cela va conduire à ce délire de tirage au sort de l’APB (vœux pour le choix des établissements post-bac).
Il y a un gros gros boulot à faire en France pour réparer tout ce que l’oligarchie a pété depuis Mai 68. Une date qui n’est pas anodine : victoire du sociétal sur le social, remplacement du CNR gaulois par l’alternance libérale droite/gauche américanisée, destruction de l’industrie, atteintes répétées aux mœurs... La gauche est évidemment coresponsable de toute cette dévolution mais souvent par connerie, pas toujours par machiavélisme. Elle a entubé des Français confiants au profit d’une l’oligarchie qui trône aujourd’hui et qui détient tous les leviers de pouvoir.
- Farida Amrani, dont la révolte le soir du 18 juin a fait hurler Alain Finkielkraut et Élisabeth Lévy
La résistance là-dedans ? Elle fait ce qu’elle peut, et encore, il faut distinguer la vraie de la fausse résistance. Par exemple, la quinzaine de députés de la France insoumise qui ne mettent pas de cravate, c’est de la résistance de théâtre. Le poing levé, le smic, le tapage... pipeau & fumée que tout ça. Malgré tout, soutien à Farida Amrani qui conteste la « victoire » de Manuel Israël Valls dans la 1ère de l’Essonne. On en profite pour en sortir une qui va faire jouiir Rudy IIIe Reichstadt : on a fait un rêve cette nuit, Valls dealait avec Macron de ne pas avoir de LREM crédible face à lui aux législatives grâce aux dossiers qu’ils détenait après son passage à Bauveau. Du coup, le pouvoir l’a laissé arranger le résultat du 18 juin au soir, avec des urnes bien remplies.
Mais ce n’était qu’un rêve... heureusement !